Le Mali qui pleure, le Mali piétiné, la paix, le Mali des valeurs, sont quelques messages dont Youssouf Tapo est porteur. Une voix singulière, presque suppliante, qui énumère les maux qui assaillent le pays et n’hésite pas à  pointer le « Malidendjougou », le mauvais Malien qui l’a mis à terre. Chanteur par passion, ce Somono bon teint précise qu’il vivait de la pêche il y a peu et  est depuis artiste par la force des choses.

Un jour, alors qu’il peine à trouver le sommeil, Youssouf Tapo « crie » au nom du Mali, « malade ». Un Mali agenouillé, à terre, sur lequel marchent les autres, déplore-t-il. Le chanteur interpelle les autorités politiques et religieuses, surtout celles qui détournent le bien commun à leur profit, au détriment du plus grand nombre. Il se fait le porte-voix de ce Mali et se charge d’une mission. « Mali Tchikan », son clip-phare lancé il y a 8 mois a fait plus de 2 millions de vues sur Youtube.

Polygame et père de plusieurs enfants, Youssouf Tapo, 35 ans, chante depuis son plus jeune âge, inspiré par les difficultés de la vie quotidienne. La situation de crise que traverse le pays ne pouvez donc pas laisser indifférent le natif de Saouna, dans la région de Mopti.

De passion à métier

Véritable passe-temps, la chanson est pour Youssouf l’expression des moments de joie et de tristesse. Il commence durant les mois de Ramadan, pour « galvaniser les jeûneurs et les encourager à la recherche du Paradis, qui sera la récompense des plus persévérants ».  À Mopti, il accompagne les associations religieuses avec des chants communément appelés « zikiri ».

Depuis son premier studio, en 2015, grâce à un ami, il se lance dans la musique, non sans avoir vaincu la réticence de ses parents, hostiles au départ. Son premier album sort en 2020, après 2 ans de préparation et compte 12 titres. Après « Maliba », vient le deuxième « Mali Tchikan ». Son troisième opus est en préparation.

Se définissant comme un tout-terrain, il dit s’adapter à tous les genres, laissant le soin aux arrangeurs de travailler les chansons qu’il se contente de composer. Il se dit satisfait de la grande reconnaissance de son pays grâce à ces chansons. Il vit désormais de la musique, qui est devenue sa profession, même s’il déplore de ne pas en tirer les avantages qu’il mérite.

Youssouf Tapo prépare son premier concert à Bamako pour ce mois de mars 2022 pour transmettre le « nouveau message du Mali ».

Fatoumata Maguiraga

Source : Journal du Mali