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Yahaya Sangaré, sur son emprisonnement : “J’ai été délesté de plus de 100 millions F CFA”

Dans la parution n°427 de Mali Tribune du mardi 19 septembre 2023, le commissaire général de brigade à la retraite, Yahaya Sangaré accusait EuroGenFor d’avoir attaqué le bateau “Tombouctou” au compte des terroristes. Des lecteurs sur les réseaux sociaux se sont interrogés sur cette sortie inattendue de quelqu’un qui est censé se trouver en prison. En guise de réponse, le général Sangaré revient sur son placement sous mandat de dépôt le 31 janvier 2023 par le Tribunal de grande instance de la Commune IV et sa libération 14 jours plus tard.

“Suite à ma publication sur l’attaque du bateau “Tombouctou” dans le journal Mali Tribune, certains ont manqué de maturité se demandant pourquoi je n’ai pas parlé de mon arrestation. C’est malheureux,
preuve qu’ils n’ont rien compris de cette publication où sont mis à nus les complots dont est victime
notre patrie. Par ailleurs, il faut noter que la justice n’est pas rendue dans la presse, mais dans les tribunaux. Je me sens plus concerné, soucieux et interpellé par cette attaque que par mon incarcération qui, comme vous le saurez bientôt, n’est qu’une honte et un déshonneur pour la justice malienne.

En effet, j’ai fait quatorze jours de prison suite à ma réponse donnée lors de mon inculpation pour
“simulation, escroquerie, faux usage de faux”. Après lecture d’un réquisitoire laconique, le juge
d’instruction me posa la question : “Reconnaissez-vous les faits qui vous sont reprochés ?”
J’ai répondu qu’il n’y a aucun fait qui me soit reproché et qui mériterait une réponse. Il répliqua :
“Si vous dites qu’il n’y a pas de faits, je vous place sous mandat de dépôt”. J’ai à mon retour répliqué : “Que les faits contenus dans ce réquisitoire sont pour moi inexistants et ne sont que des inepties”. Aussitôt, il déclara : “Vous êtes placé sous mandat”. Voulant me rendre dans le bureau du procureur, il a
suffi que je me lève pour que le garde du corps du juge d’instruction me bloque par derrière et
donne un coup de pied à la porte, faisant ainsi signe aux six agents d’intervenir, comme prévu pour me menotter et me conduire en prison. Le tout s’est déroulé en moins de vingt minutes. Passant devant le bureau du procureur, je fus informé qu’il est parti depuis long-temps. Nul besoin de souligner qu’un interrogatoire n’est pas autorisé avec un garde de corps placé derrière l’inculpé à son insu.

En fait le mandat était établi, avant même le début de l’interrogatoire. L’orchestration, mal conçue a
été dégoutante aux yeux de deux agents qui m’ont contacté plus tard pour me signifier qu’ils ne m’ont pas touché et qu’ils sont restés à la porte du bureau du juge.

Les gardes de sécurité aussi se sont sentis indignés, sans manquer de dire au garde de corps le mauvais rôle qu’il a joué et les risques pour sa carrière pour avoir
consenti à cette vulgaire orchestration.

A ma deuxième comparution, soit le quatorzième et dernier jour d’incarcération, le juge d’instruction,
malgré les arrêts de la Cour suprême et bien d’autres jugements sur la même affaire, déclara : “Le procureur exige le paiement de 110. 000. 000 F CFA à titre de remboursement des parcelles de Yamadou Kéita (opérateur économique) soit 90. 000. 000 F CFA pour l’achat des quatre parcelles et 20. 000. 000 F CFA donnés à son architecte”.

Pour recouvrer ma liberté, j’ai payé sur le champ la somme cumulée de 110. 000. 000 F CFA. Cela sans
aucun souci dans la mesure où le Tribunal n’est pas un centre de recouvrement et qu’il n’existe aucun article de droit positif malien per- mettant à un couple de magistrats de trancher une accusation non jugée. J’ai produit au juge d’instruction deux arrêts de la Cour suprême du Mali attestant et jugeant la validité des quatre parcelles cédées au sieur Yamadou Kéita. Je lui ai présenté en même temps une correspondance adressée au maire de la Commune IV avec accusé de réception et la liste des permis que je lui ai adressée. Ces permis se sont en partie retrouvés sur le marché et d’autres vendus au sieur Amadou Togo- la, ex-directeur général de la douane. Un arrêt de la Cour suprême, jugeant les trois titres d’Amadou Togo-la, “irrégulièrement établis”, lui fut aussi présenté. Voir en facsimilés, les deux copies du même titre de l’ancien Dg des douanes,

Amadou Togola ne comportant aucune décision, aucun arrêté, deux copies identique dont l’une est signée avec la mention compensation et l’autre rien, enfin les arrêts de la Cour suprême.

C’est curieux non ? Le juge d’instruction, pitoyablement me dit : “Pourtant Togola m’avait assuré qu’il
avait gagné toutes les procédures contre vous”. Je lui ai demandé de lire l’arrêt de la Cour suprême qui est clair et bref. Vous comprenez que dans ces conditions, il n’a jamais été question de payer quoi
que ce soit au sieur Amadou Togola ; lequel sera payé par la justice dans la mesure où le droit sera dit ; et ce, conformément à ses mérites.

Après tout cela, pour avoir la situation des 110.000. 000 F CFA et des quatre parcelles, j’ai adressé
une correspondance au procureur Idrissa Hamidou Touré. Ce fut un coup de
théâtre. Le procureur me téléphona et vingt minutes durant pour me témoigner tout son respect et son amitié. Ajoutant que le juge d’instruction doit s’assumer, et qu’il n’a jamais demandé au juge d’instruction Sidy Abdine Maïga, de me faire payer 110.000. 000 FCFA et qu’il n’est pour rien dans mon incarcération.

Sans commentaire. Des magistrats menteurs ne sont que danger pour la justice malienne et un déshonneur pour leurs collègues. Comme vous, j’ai entendu beaucoup d’inepties sur les
réseaux sociaux après monarrestation et vous saurez par la suite qui en est l’auteur et le financier, peu
importe. Je me suis présenté à la convocation du juge d’instruction le 31 janvier 2023, sans avocat et sans arme.

Dans la procédure, il n’a jamais été question d’une arme. Le vulgaire et indigne mensonge raconté aux autorités judiciaires, politiques et administratives relatif à l’arme, démontre la nature des auteurs. Le procureur Touré m’assure qu’il n’y est pour rien et je ne me suis pas donné la peine d’en parler au juge d’instructio Sidy Abdine Maïga.

Quand la justice tranchera, vous vivrez en direct ce qui adviendra du grand animateur de réseaux
sociaux. Permettez-moi de vous dire que je connais très bien mon origine. Comme je l’ai écrit au procureur Idrissa Hamidou Touré. “Je me sais noble, d’un père et d’une mère nobles ayant centré mon éducation sur l’honneur et la dignité”.

Même pour 1000 milliards F CFA, je ne me rendrais coupable de ces ridicules accusations. C’est
malheureux. Malgré ma peine, j’ai pu sourire le long de la procédure quand le juge Sidy Abdine Maïga
déclara : “Ne pas être d’accord avec certains arrêts de la Cour suprême, et déclare vouloir interpeller certains conseillers de la Cour suprême”.

Vous pouvez aussi en rire. Vous comprenez à présent, pourquoi, la situation actuelle de mon pays me
préoccupant plus que cette orchestration mal pensée, je n’ai eu besoin de tapage médiatique ; pourquoi donc ? Je suis convaincu et certain que : le peuple malien, les autorités, les parents,
amis et même les adversaires seront édifiés à travers les décisions judiciaires qui interviendront.
Donc prions ensemble afin que Dieu protège et sauve le Mali contre tous les ennemis de l’intérieur
comme de l’extérieur et aussi des pratiques déshonorantes et indignes qui affaiblissent nos institutions, Amine !”

Bamako le 22 sept2023
Commissaire général de
brigade
Yahya Sangaré
Chevalier de l’Ordre
national

Mali Tribune

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