Malgré une autorisation des autorités maliennes, le vin de table vendu par la société Azar et Frères SARL suscite beaucoup d’interrogations sur sa qualité et les ravages qu’il fait au sein des consommateurs. Nous avons enquêté.
Autorisés par les décisions n°0317/2017 AMM du 01 juin 2017 et la décision n°2017-000585/MSHP- SG du 17 mai 2017, le vins produit par l’Industrie de Boissons et Glaces (IBG), commercialisé par la société Azar et Frères SARL, est entouré de zones d’ombre, lesquelles jettent de sérieux discrédits sur sa qualité.
En effet, ce produit de qualité douteuse est présenté dans une bouteille en verre d’un litre, en bouteille PET de 800ml et en sachet plastique de 225ml. Si la bouteille est vendue à 800 FCFA, le sachet de 225ml est cédé à 200 FCFA sur le marché. Le hic est que sur la bouteille estampillée IBG, il n’y a aucune mentionne légale ou étiquette supposée indiquée la composition et la teneur en alcool. Il n’existe rien sur la bouteille qui puisse indiquer la date de fabrication ou de péremption du contenu. Toutes choses qui relèvent d’une violation de la réglementation sur la commercialisation des produits alimentaires au Mali et dans le monde.
Pire, cette usine, appartenant aux frères Azar qui détiennent les plus grands supermarchés de la capitale malienne, ne propose pas ses produits dans les rayons de ses boutiques. Mystère et boule de gomme !
L’autre fait troublant, c’est que ce produit n’est proposé que dans les cabarets pour des consommateurs aux bourses légères. Sur ces questions, le chargé à la communication de l’usine IBG, répondant au nom de Coulibaly, reste évasif. Il estime que sa société et ses produits sont autorisés. Après nous avoir promis les documents qui en attestent, M. Coulibaly reste à ce jour injoignable au téléphone.
Le Directeur général du Laboratoire national de la santé, Pr Benoît Y. Koumaré, nous fait savoir que tous les produits alimentaires doivent passer par son laboratoire. «Malheureusement, dit-il, les labos privés sont à la mode ces temps-ci ; et très souvent, pour choisir le chemin de la facilité, ils sont très convoités par les propriétaires de nombreux produits de consommation». Quant à la boisson IBG, le Directeur général affirme avoir connu cette boisson un jour au cours d’une descente surprise de contrôle au sein de l’usine, sans pour autant être précis sur le moment. Le Professeur de chimie analytique soutient qu’il a été surpris de constater que le vin IBG produit n’est autre chose que de l’alcool à 90% coloré avec du caramel. Quant au contrôle actuel d’IBG par le Laboratoire national, il n’a été pas précis là-dessus.
Parlant de l’Agence nationale de la sécurité sanitaire des aliments (ANSSA), Pr Koumaré ajoute qu’il a participé à sa création. « Si au départ la structure a été créée pour mieux organiser le secteur et faciliter le travail du Laboratoire national, aujourd’hui, force est de reconnaître que l’ANSSA est devenue autre chose car, il y a manque de contrôle», regrette-t-il.
Au niveau de cette structure, Fana Coulibaly renseigne que l’ANSSA ne joue qu’un rôle de secrétariat pour la commission d’approbation des autorisations, composée de 21 membres. S’il reconnaît que le barème national du taux d’alcoolémie au Mali est fixé à 800mg par litre, il nous conseille de nous adresser à la Division contrôle de la Direction nationale en charge de la question. Seydou Sanogo, Chef de cette division, dit connaître parfaitement l’IBG, mais il avoue être surpris d’apprendre que cette société produit du vin. « Je vais là-bas fréquemment, mais je n’ai jamais travaillé sur cette boisson. Je ne suis pas au courant de l’existence de cette boisson », dit-il. Pourtant, elle est autorisée depuis 2017. Notre interlocuteur regrette que cette société soit renfermée sur elle-même alors qu’elle doit montrer patte blanche dans cette affaire.
Sanogo nous conseille de rentrer en contact avec la Direction générale du commerce, de la concurrence et du commerce qui autorise la commercialisation des produits au Mali. Dans ce service, c’est le silence radio. On semble même être allergique à la presse.
Un tenancier d’un bar nous confie que c’est cette boisson qui favorise la délinquance juvénile et les nombreux cas de décès chez les consommateurs pauvres. Car, selon lui, à cause de son bas prix, elle est accessible aux pauvres et de sa forte teneur en alcool fait du vin IBG une bombe à retardement.
Pour sûr, un véritable flou artistique est entretenu autour de ce ‘’poison’’ que la société Azar et Frères sert aux Maliens.
A suivre.
Enquête réalisée par Sanata GOITA et SANGARE (stagiaires)
Source: Azalaï-Express