Le congrès de l’Adema-Pasj qui s’est tenu le weekend dernier focalisait toute l’attention du landerneau politique national, en ce sens que des frictions étaient attendues à cause du choc des ambitions pour le contrôle du parti, aux fins surtout d’être en très bonne posture et espérer être le candidat de cette formation politique lors de la toute prochaine élection présidentielle. Avec le climat interne de tension qu’il faudra gérer lors des primaires – puisque les dernières n’ont été des plus glorieuses- exacerbé par des pesanteurs externes avec de grosses légumes riches comme Crésus, entrées par effraction dans l’arène politique avec comme ambition de faire une opa sur les machines électorales comme l’Adema, le moment de vérité est encore attendu, parce que différé.
S’il s’agisse du président sortant, Professeur Tiémoko Sangaré ; du directeur de l’Office du Niger et ancien ministre Abdoulkarim Konaté dit Ampé ; des anciens ministres Sékou Diakité et Yaya Sangaré, tout comme on en dirait autant du maire du district de Bamako, Adama Sangaré, les ambitions présidentielles relèvent désormais du secret de polichinelle. Raison pour laquelle, déjà au niveau du renouvellement des instances de base du parti, il y a eu une guerre de tranchées pour le placement d’hommes et de femmes favorables et en mesure de booster la candidature de chacun d’eux à la présidence du parti, dans le cadre de la mise en place du Bureau exécutif national, installé le weekend dernier.
En faisant bien comprendre qu’il n’est pas intéressé par une éventuelle candidature à la présidentielle, le Professeur Marimanthia Diarra s’est présenté donc comme le candidat idéal pour présider aux destinées de l’Adema-Pasj qui a vraiment besoin de ce genre d’engagements au sommet, pour espérer réussir à rassembler les cadres et militants au plan national, fermant ainsi les lézardes notées ces dernières années, au cours desquelles l’Adema-Pasj a perdu un peu de sa splendeur.
Mais en réalité, le vrai problème n’a pas été réglé lors de ce congrès. Il a tout simplement été différé et il faudra, qu’on le veuille ou non, s’y pencher afin de trouver une solution. C’est la question du choix du candidat à la présidentielle, lequel choix passera certainement par des primaires de tous les dangers, parce que la survie de l’unité et de l’intégrité de l’Adema-Pasj s’y joueront.
Non seulement tous les postulants au poste de président de l’Adema, qui voyaient en ce strapontin un ascenseur pour accéder rapidement sur le haut podium de candidat du parti à la prochaine présidentielle, vont affirmer davantage leurs ambitions, mais il faudra compter avec d’autres cadres de ce parti de l’Abeille qui sont dans le Bureau exécutif national et qui pourraient prétendre, eux aussi, porter les espoirs de toute la Ruche à la prochaine présidentielle. C’est le cas de Maître Kassoum Tapo qui figure sur la tablette du Bureau exécutif national comme 12è vice-président, mais qui, rappelons-le, avait déjà participé aux dernières primaires, d’ailleurs houleuses, notamment celles de 2011 en vue de la présidentielle qui devait se tenir en 2012.
Comment l’Adema-Pasj parviendra-t-il à gérer cette situation déjà si délicate au plan interne ? Pire, d’éventuelles complications sont attendues, notamment à cause de pesanteurs externes liées aux ambitions de personnalités qui souhaiteraient se faire adouber par un parti comme l’Adéma-Pasj, connu comme une véritable machine électorale.
C’est pour penser à Seydou Mamadou Coulibaly dont les partisans ne cachent pas cette hypothèse et auraient déjà des soutiens pour travailler en ce sens. D’aucuns disent déjà qu’avec le Professeur Marimanthia Diarra comme président de la Ruche, et sans ambition présidentielle, un boulevard pourrait être ouvert à Seydou Mamadou Coulibaly pour parvenir à ses fins.
Pour cela, il ne faudra certes pas ignorer la force et la puissance de la main invisible, celle-là même qui a refroidi l’ardeur de certains candidats à la présidence du parti, notamment ceux qui sont pressentis comme des présidentiables qui s’installeraient donc confortablement à la tête du parti de l’Abeille pour fermer les portes à toute autre ambition d’être porte-étendard de cette formation politique à la prochaine présidentielle. Cette main invisible qui est une vraie pesanteur, disions-nous, ayant posé un obstacle à Empé qui a préféré se contenter de son poste de directeur de l’Office du Niger qu’il ne faudrait perdre pour le moment. Cette pesanteur qui oblige Adama Sangaré à chercher d’abord à se tirer des griffes de Dame justice pour prétendre à quoi que ce soit en termes d’avenir politique. Cette main invisible qui active ces pesanteurs, si elle se mêle du jeu comme on lui en prête déjà l’intention, ne s’arrêtera pas de manœuvrer, puisqu’elle le fait en dehors des arcanes du parti, pour affaiblir voire anéantir toute velléité de gêner la réalisation du projet d’opa sur l’Adema-Pasj.
C’est pour cette raison que les prochaines consultations sous forme de primaires seront très bien suivies, puisqu’elles risquent, si l’on n’y prend garde, de déboucher sur une implosion qui ne profiterait qu’à des candidats déclarés, certes riches comme Crésus, mais sans une base politique significative. Casser les grands partis comme l’Adema, le Rpm, l’Urd, ne profiteraient qu’à ces militants de la 25è heure. Certains d’entre eux, parrainés ou comptant sur le parrainage de faiseurs de roi, et comptant sur les moyens colossaux à leur disposition, sont prêts à rassembler un pan de chacune de ces formations pour faire la jonction avec les mouvements créés çà et là au sein de la nébuleuse société civile, et se donner ainsi un brin de représentativité politique.
Amadou Bamba NIANG
Source: Aujourd’hui-Mali