Un nouveau bataillon des forces armées sera déployé pour sécuriser le centre du Mali “dès le mois prochain”, a annoncé lundi le Premier ministre malien Soumeylou Boubèye Maïga devant les députés une semaine après le massacre de 37 peuls par des chasseurs dogons.
“Nous allons continuer de renforcer nos effectifs militaires et sécuritaires sur le terrain avec plus de moyens”, a-t-il promis, précisant que le désarmement engagé dans le nord serait étendu sous une forme adaptée aux régions du centre.
Après la date limite pour se faire enrôler et déposer les armes, “nous serons obligés de passer à une autre phase de l’action militaire plus active contre tous ceux qui porteraient les armes”, a averti le PM.
Mais, a rappelé le chef du gouvernement malien, “les efforts militaires doivent être soutenus par des actions politiques qui vont ramener la cohésion, le consensus, la réconciliation et le développement, sinon, l’action militaire montrera ses limites”.
Il a ainsi insisté sur des assises intercommunautaires pour trouver “un terrain d’entente entre les peuls et les dogons”.
“Et de ce fait, chacun doit aussi choisir son camp. Tant que nous n’aurons pas ce consensus, nous ne pourrons pas aller vers la solution”, a-t-il poursuivi sur son compte Twitter.
Mais, les décisions annoncées par le Premier ministre n’ont pas convaincu beaucoup d’élus, de l’opposition comme de sa propre majorité.
Pour le député Bréhima Béridogo (opposition), la cause principale de la dégradation de la situation “est la démission de l’Etat”.
Pour sa part, le député Belco Bah (majorité) a estimé que l’épuration ethnique en cours avait été bien planifiée. “Il faut qu’on arrête de stigmatiser les peuls. Il n’y a pas de conflit intercommunautaire peul-dogon, mais des attaques effectuées par des bandits”, a-t-il dit.
De son côté, Mody N’Diaye (opposition), a soutenu que les mesures envisagées par le gouvernement étaient “nécessaires, mais pas suffisantes”.
Le Pr. Aboubacrine Assadek Ag Hamady, de la diaspora malienne en France a affirmé sur les réseaux sociaux que les dispositions annoncées “étaient déjà connues et avaient montré leurs limites”.
“Encore une fois, M. le Premier ministre, sachez que rien ne peut se résoudre avec la force militaire. Cherchez la confiance des populations pour une meilleure collaboration avec les forces de sécurité, désarmez les milices considérées par les observateurs intérieurs et extérieurs comme les sous-traitants de l’armée nationale, continuez les concertations intercommunautaires tout en les améliorant, punissez les coupables de crimes qui sont clairement identifiés”, a conseillé ce professeur d’université et activiste réputé.