« Notre futur président doit être véritablement un homme d’Etat et non un démagogue arrivé à ses fins par la ruse et la compromission, capable de conduire les changements indispensables dans la gestion du pays sans état d’âme, maitriser toutes les urgences, inflexibles dans la lutte contre la corruption qui a gangréné notre société, sourd aux chantages des politiciens qui ne peuvent plus suivre sans la manne de l’Etat, bref il doit pouvoir faire de la chirurgie sans anesthésie au sein d’une certaine classe politique qui porte la honte de notre tragédie. Ce président au fait de notre environnement international doit ramener le pays à sa vraie place dans le concert des nations et non celle que lui décrivent nos propos complaisants et nostalgiques sur notre gloire passée. Le monde a changé, change chaque jour. Ne manquons plus ces rendez-vous de l’avenir ».
Voilà le portrait robot du Président de la République fait en juillet 2013 par Sadio Lamine Sow, ministre d’Etat, ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale dans le premier gouvernement de Dr Cheick Modibo Diarra. Cinq ans après, les propos tenus par ce grand patriote peu bavard restent toujours d’actualité à quelques semaines du 1er tour de l’élection du Président de la République. Et ce portrait robot cadre, hier comme aujourd’hui, à celui du Président dont ce pays a besoin. Pour sauver le Mali, il faut un chirurgien qui n’a nullement besoin de l’assistance d’un anesthésiste pour faire ses opérations indispensables à la survie d’un grand malade que les thérapies de ce machin appelé « communauté internationale» peinent à guérir.
Il faut un chirurgien sans anesthésiste pour oser s’attaquer au cancer de l’impunité qui sape les fondements de la République. Ce chirurgien sans anesthésiste peut mener un combat sans merci contre la corruption, la délinquance financière et l’enrichissement illicite, des pratiques vicieuses qui sont en train de devenir des modèles dans notre société où les voleurs, les malhonnêtes et les tricheurs se cachaient avant pour échapper au regard des autres.
Il nous faut un chirurgien sans anesthésiste pour appliquer la loi et les textes de la République dans toute leur rigueur. Et sans considération partisane ou politicienne. Il nous faut ce chirurgien sans anesthésiste pour mettre fin au laisser-aller qui déshumanise les établissements publics sanitaires et frapper fort dans la termitière du système éducatif pour y mettre de l’ordre au bénéfice des intérêts de la République.
Il nous le faut pour éventrer la mafia qui a pris les locomotives de la spéculation foncière faisant de nos terres des mines intarissables. Il devra mener avec courage et détermination les réformes indispensables pour poser les jalons d’une gouvernance vertueuse et débarrasser la République de toutes les institutions inutiles et budgétivores comme la Primature, le Conseil économique, social et culturel, la Haute Cour de Justice, le Haut Conseil des Collectivités, la Cour Constitutionnelle.
Il nous faut un chirurgien sans anesthésiste qui frappera au sein de la grande muette pour enterrer les pratiques qui ont relégué à un niveau aussi bas les forces armées de défense et de sécurité. Il devra mettre fin aux dépenses de prestige pour orienter les ressources publiques vers des investissements productifs et instaurer dans le pays une justice sociale. Ce chirurgien sans anesthésiste doit mener une lutte implacable contre les fonctionnaires véreux et les opérateurs économiques qui sucent le sang du peuple pour s’enrichir en toute impunité.
Il doit rester insensible aux cris et autres larmes de crocodile des enfants de ce grand malade qui sont la cause du mal leur mère-patrie suite à leurs comportements indécents aggravés par leurs trahisons.
Le Challenger