Au Mali, un centre d’orthopédie et de rééducation prend en charge les victimes d’engins explosifs improvisés.
C’est un centre comme il en existe peu au Mali. Ici, au coeur de Bamako, les victimes d’engins explosifs improvisés défilent au centre Père Bernard Verspieren. Des victimes civiles ou militaires, qui apprennent à remarcher ainsi qu’à se réinsérer dans la société malienne. C’est le cas par exemple de Boubacar Maïga, militaire d’une quarantaine d’années, ici après une attaque à Gao. “Lors d’une sortie pour une patrouille, notre véhicule a roulé sur une mine. C’est à ce moment que j’ai perdu mon pied gauche”, raconte-t-il au micro de la DW. “Je me suis retrouvé à l’hôpital, un pied perdu, d’autres sont morts.”
Réapprendre le quotidien
Aujourd’hui, Boubacar peut remarcher. C’est au centre de kinésithérapie et de traumatologie du père Bernard Verspieren qu’il vient de recevoir sa prothèse. Tout est fait sur place, de la confection des membres reconstitués à la rééducation dans l’école de marche qui suit un parcours strict.
“Ça prend au moins deux semaines pour franchir toutes les étapes“, explique Arnaud Azouma. “Maintenant, lorsque tout est maitrisé dans la salle de rééducation, on l’emmène dans l’enceinte du centre pour le confronter à d’autres réalités. Il y a des pentes, du sable, afin de varier les terrains pour que la personne réussisse à maitriser toutes les situations de la vie.”
Les patients bénéficient aussi d’un suivi psychologique, souvent nécessaire pour accepter son infirmité. “Quelqu’un qui a sauté sur une mine est choqué à plusieurs niveaux“, raconte le psychologue Salif Tembiné. “Il y a un choc mental, on tombe malade, on est carrément bouleversé. On sait que l’on aurait pu perdre la vie. Mais une fois appareillé, on est sauvé. Donc cela veut dire qu’il faut que je m’oriente différemment avec mon handicap, il faut que je m’adapte à mon mode de vie.”
Les équipes du centre ont délivré des dizaines de prothèses depuis le début du programme en 2020. Mais elles remarquent une abondance de nouveaux patients. Car, dans un conflit qui s’enracine, les victimes d’engins explosifs sont toujours plus nombreuses.
Source : DW