A cinq mois de la fin de l’année budgétaire 2021, le chef du gouvernement vient de présenter le Plan d’action gouvernemental évalué à 2 050 milliards FCFA. Alors même que le budget d’Etat 2021, voté en décembre 2020, est de 2 808 milliards FCFA dans lequel beaucoup d’argent a déjà été dépensé. La principale question qui demeure alors est de savoir comment le chef du gouvernement compte-t-il mobiliser les ressources pour financer ce PAG ? Si l’on sait aussi que les prévisions de recettes de l’année 2021 ne sont que de 2 155 milliards FCFA et le déficit budgétaire de l’ordre de 652 milliards FCFA.
Il s’agit, en effet, d’un ambitieux plan d’action mais dont personne n’a encore eu accès aux détails, cela au vu de ce qu’il reste de la durée de la Transition, que le Premier ministre a dévoilé devant les membres du Conseil national de Transition, le vendredi 30 juillet dernier. D’où le scepticisme exprimé par certains responsables politiques quant à son réalisme. D’autres n’ont pas hésité, sur les ondes des radios, de suspecter les autorités de la Transition de vouloir jouer la montre, en misant sur une éventuelle prolongation de cette Transition. Alors même que la CEDEAO a déjà fixé sa durée de vie à 18 mois, à compter de septembre 2020.
Au vu de cette situation, si le Premier ministre Dr Choguel Kokalla Maïga vient présenter un tel Plan, cela ne pouvait que susciter de justes interrogations qui vont au-delà des seules appréhensions de la classe politique. L’organisation des Assises nationales de la Refondation (ANR) – de la base au sommet-, auxquelles le Premier ministre tient comme à la prunelle de ses yeux, et le retour des réfugiés, alors même qu’on est en pleine saison hivernale, sont de grands chantiers qui exigent un minimum de temps de préparation mais aussi énormément de moyens matériels et financiers que la Transition ne possède pas.
La lutte contre la corruption et les gros dossiers de détournement de deniers publics n’ont pas eu la place que l’opinion attendait. Alors que le socle de la Refondation devrait être la bonne gouvernance qui devrait aussi commencer dès maintenant. Le PM n’a évoqué que le dossier de vente des bâtiments publics alors que l’opinion nationale a besoin d’un signal fort dans le sens de l’ouverture des procès des gros dossiers qui sont pendants devant Dame Justice depuis des années. A savoir, entre autres, l’affaire de l’achat de l’avion présidentiel, les coûts d’entretien dudit avion qui auraient été surfacturés, les engrais frelatés, les marchés surfacturés d’achat de matériels et d’accessoires militaires, les » blindés en carton « … et, plus récemment, le transfert douteux de quelque 50 milliards FCFA du Mali vers un pays du Moyen Orient. D’où d’ailleurs le rappel en urgence d’un diplomate malien en poste dans cette région.
S’y ajoutent des centaines de milliards FCFA mis dans les soi-disant prévention et lutte contre la covid-19 dont le Malien lambda attend de voir les effets sur le terrain sinon les retombées dans sa vie de tous les jours.
En un mot, le Premier ministre nous a servi un programme, presqu’une vision, mais l’on n’a pas vu un plan encore moins d’action. A savoir maintenant comment va-t-il trouver l’argent nécessaire pour faire face à l’exécution de son PAG ? Cela dans une situation de rareté extrême des ressources. Laquelle situation s’est récemment aggravée à la suite des sanctions prises à l’encontre de notre pays par des bailleurs de traditionnels.
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Source : l’Indépendant