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Tribune : l’égalité des genres primordiale à l’école aussi

Dans cette tribune, Aïssata Bâ, enseignante et chercheuse, estime que le rôle des éducateurs est primordial dans l’atteinte de l’égalité des genres en matière d’éducation.

 

L’école a enfin repris : l’expérience des élèves sera façonnée, de même que leur vie. Celles-ci seront modelées non seulement par les leçons, les interactions avec leurs pairs, mais surtout par leur environnement scolaire et leurs enseignants.

En effet, les écoles façonnent nos enfants qui, à leur tour, façonneront notre société et nos vies. C’est pourquoi, il est important de s’enquérir de ce qu’on leur enseigne, la façon dont cela se fait et aussi la manière dont cela influence leur vie. Ce qui m’amène à réitérer mon souhait d’avoir voulu que mes parents s’impliquent davantage dans mon éducation et me demandent comment et en qui elle me modèlerait.

Société en miniature

C’est important, parce que c’est à l’école que les enfants passent la majeure partie de leur temps – vie – et apprennent davantage sur ce qui est socialement accepté ou non : les normes sociales, les stéréotypes, les rôles de genre, les identités et bien d’autres. Par conséquent, l’école peut ressembler le plus souvent à une société miniature et reproduire exactement ce qui s’y passe, y compris l’inégalité, l’injustice et la discrimination.

Ainsi, souvent les rôles de genre en classe sont automatiquement attribués. Par exemple, le leadership pour les garçons, le nettoyage et la cuisine pour les filles. En grandissant, de la troisième à la neuvième année, j’étais très impliquée dans le nettoyage de la classe, soit de force, soit simplement parce que j’avais la conviction que c’était mon rôle. Personne ne m’a demandé si je voulais que la poussière pénètre ma gorge pour, enfin, m’enrhumer, ou que les contractions du balai me blessent la paume de la main. Je suppose que tout le monde pensait que c’était en cela que j’excellais, sans pourtant se demander si je voulais nettoyer le tableau, sonner la cloche ou être responsable de classe. Donc, j’ai fini par ne jamais faire les deux derniers, mais j’ai nettoyé le tableau pendant les exercices avec des camarades à l’université.

Objectifs d’égalité

Récemment, j’ai fait une présentation sur « l’égalité des genres : un élément clé d’une éducation de qualité ». Puis, j’ai discuté avec un ami et un éducateur qui m’a dit que les filles de son école détestaient nettoyer la cour de l’école. Selon lui, elles devaient le faire. J’imagine les « pauvres filles » s’entendre dire « bi denw te baara fe » (« les enfants d’aujourd’hui n’aiment pas travailler »), et leurs préoccupations sont balayées d’un revers de main. Bien que personne ne se soucie du type de baara (travail) que veulent faire les enfants d’aujourd’hui. Ce sont pourtant des facteurs sur lesquels nous devons réfléchir, et que nous devons prendre en compte si nous voulons atteindre les objectifs d’égalité.

Croyances et stéréotypes

Un autre aspect également de l’éducation est la manière dont nos éducateurs – mes collègues – perpétuent des normes socialement construites et structurées. Ceci est important, car chaque individu a ses préjugés, ses croyances et ses perceptions modélisées par son arrière-plan. Par conséquent, un éducateur qui a une perception sur la façon dont les filles et les garçons devraient être et devraient être traités va toujours les traiter en conséquence. Nous ne pensons peut-être pas à quel point un éducateur peut avoir un impact sur la vie de nos enfants.

Cependant, nous devons noter que nous, éducateurs, n’enseignons pas seulement les matières en classe, mais transmettons également nos croyances et nos stéréotypes aux apprenants. Par exemple, une enseignante qui a une certaine perception de la façon dont une femme devrait se comporter, aura toujours du mal à vouloir punir et /ou désavantager la fille qui ne s’y conforme pas. Par conséquent, si les éducateurs croient qu’une fille ne devrait pas jouer un rôle de leader, ils choisiront toujours des garçons comme surveillants et leur donneront le pouvoir sur leurs pairs.

De plus, l’utilisation de la langue par un enseignant peut avoir un impact important, car les apprenants n’utiliseront pas seulement ces langues ou ces mots, mais aussi les intérioriseront et se comporteront en conséquence.

Préjugés construits

L’aspect tout aussi important de l’éducation qui accompagne l’utilisation des langues est le matériel utilisé. Je sais que ce n’est pas le choix des éducateurs, mais ils peuvent également inculquer et perpétuer des préjugés socialement construits. En fait, des livres ou tout autre matériel présentant des préjugés liés au genre ou une conception erronée des femmes, de leur corps, de leur choix et de leur comportement, peuvent avoir une incidence considérable sur la façon dont les apprenantes se perçoivent et sur la façon dont leurs pairs les traitent et se comportent avec elles.

Mon but ici est de nous rappeler que l’égalité d’accès ne garantit ni l’égalité d’apprentissage, ni ses résultats. Et que les éducateurs ne peuvent pas être laissés de côté lorsque nous parlons de justice sociale, d’égalité ou d’équité. Par conséquent, la formation des éducateurs et la conception de nos programmes et matériels scolaires devraient refléter notre engagement international et les quelques lois que nous avons promulguées en matière d’égalité des sexes.

Source : Benbere

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