Dès le passage sous une des arches marquant l’entrée de la médina, jouxtant le palais royal, des fissures de plusieurs mètres sur les bâtiments et des tas de gravats au sol témoignent de la gravité du séisme qui a secoué le Maroc. Quelques ambulances et sirènes de police retentissaient ce samedi midi mais la circulation était ordinaire.
Il faut enjamber un tas de gravats de deux mètres de haut et zigzaguer entre les fils électriques qui sont tombés pour accéder au riad. Par chance, il ne s’est pas effondré, contrairement à d’autres petits immeubles autour. Quelques voisins affichent des mines fatiguées et inquiètes, observant du pas de leur porte les dégâts dans leur rue.
Plusieurs éboulements rendent inaccessibles l’accès aux petites ruelles escarpées de la médina. Dans un des souks menant à la place des ferblantiers, un des boutiquiers alerte les passants, le doigt pointé vers un toit en bois qui menace de s’effondrer et dont un pan est déjà tombé, laissant un tas de gravats au sol : il faut raser les murs du côté droit pour éviter de se trouver pris au piège sous un nouvel éboulement.
Sur la place, des dizaines de Marocains, hommes, femmes et enfants, étaient encore allongés à terre sur des couvertures, à l’ombre des arches qui l’encerclent, à côté d’un pan de bâtiment effondré. Ils ont sans doute passé la nuit là, comme des milliers d’autres Marocains partis à la recherche d’un endroit sécurisé où dormir : hors de la médina et de ses ruelles bordées de maisons en banco construites sur plusieurs étages et dont certaines menaçaient de s’effondrer, sur une place ou au bord de grandes artères sans trop de bâtiments aux alentours. Certains avaient même planté leur tente sur des artères de la ville. La rumeur court, depuis le séisme, qu’une nouvelle secousse est attendue, alors beaucoup ont fui le cœur historique de la ville.
Plus loin, devant l’entrée du touristique palais de la Bahia, des tas de gravats encore, entre lesquels slaloment des motos et des piétons. A côté, la boutique Exposition artisanale menace de s’effondrer. Ne reste que l’enseigne de carrelage marron, surmontée d’un balcon qui semble tenir en équilibre. Pour combien de temps ? Devant, un guide touristique semble continuer à vaquer à ses occupations, organisant comme si de rien n’était son circuit du samedi midi. « Ça, ce sont les dégâts d’hier soir », lance-t-il aux quelques touristes qui le suivent, en montrant les gravats s’amoncelant au sol, juste devant l’entrée désormais délabrée du palais.
Dans la médina, ce samedi midi, les boutiques étaient pour la plupart ouvertes et les touristes continuaient à se promener dans les ruelles, sans, semble-t-il, prendre la mesure de la gravité de cette catastrophe, pourtant inédite à Marrakech. Un vendeur de glaces continuait à arpenter la vieille ville, à la recherche de clients. A droite, à gauche, dans les petites rues cachées, des amas de terre et de bitume. Combien sont-ils encore ensevelis sous ces gravats ?