Dans un rapport conjoint de l’OIT et l’UNICEF, publié à la veille du 12 juin 2021, il est décrit des caractéristiques actuelles du travail des enfants, ainsi que son ampleur et son évolution dans le temps. Rapport.
Au cours des quatre (4) dernières années, le taux d’enfants victimes du travail forcé a augmenté dans le monde. Selon le rapport « Travail des enfants : estimations mondiales 2020, tendances et le chemin à suivre », 160 millions d’enfants sont victimes du travail des enfants dans le monde, soit une augmentation de 8,4 millions d’enfants au cours des quatre dernières années.
Les garçons, les plus touchés
La pandémie de la covid-19 risque pourtant de pousser neuf millions d’enfants supplémentaires, à l’échelle mondiale, vers le travail d’ici à la fin de 2022, craint-on. Un chiffre qui pourrait atteindre 46 millions si ces enfants n’ont pas accès à une couverture de protection sociale indispensable, alerte-t-on.
Ce rapport note « une hausse significative du nombre d’enfants âgés de 5 à 11 ans astreints au travail des enfants ». Quant aux enfants victimes de travail susceptible de nuire à leur santé, leur sécurité ou leur développement moral, leur nombre a augmenté de 6,5 millions depuis 2016 pour atteindre 79 millions. Ces travaux dangereux concernent surtout les enfants âgés de 5 à 17 ans.
Les garçons sont les plus touchés par ce travail des enfants. Le secteur de l’agriculture, avec 70 %, soit 112 millions d’enfants, accueille le plus d’enfants. Il est suivi par celui des services, avec 20 %, soit 31,4 millions d’enfants, et ensuite de l’industrie avec 10 %, soit 16,5 millions d’enfants.
La croissance démographique, les crises récurrentes, l’extrême pauvreté et des mesures de protection sociale inadaptées ont contribué à l’explosion du nombre d’enfants victimes de travail forcé en Afrique subsaharienne. Au total, 16,6 millions d’enfants supplémentaires ont été astreints à cette pratique au cours des quatre dernières années, souligne ce nouveau rapport.
Inversion de tendance
Ce rapport conjoint de l’Organisation internationale du Travail (OIT) et de l’UNICEF, publié à la veille de la Journée mondiale contre le travail des enfants, célébré le 12 juin, « prévient que les progrès enregistrés pour mettre fin au travail des enfants sont au point mort pour la première fois en vingt ans ». Une situation qui inverse la « précédente tendance à la baisse qui avait vu le travail des enfants reculer de 94 millions entre 2000 et 2016 ».
« Les nouvelles estimations sont un signal d’alarme. Nous ne pouvons pas rester sans rien faire quand une nouvelle génération d’enfants est mise en péril », a déclaré le directeur général de l’OIT, Guy Ryder. Selon la directrice générale de l’UNICEF, Henrietta Fore, « nous perdons du terrain dans la lutte contre le travail des enfants et l’année qui vient de s’écouler n’a pas rendu ce combat plus facile ».
Les auteurs de ce rapport ne vont pas avec le dos de la cuillère. Ils soulignent avec emphase les conséquences sanitaires de cette pratique sur les enfants. En plus des dommages physiques et mentaux, les enfants astreints à cette pratique voient leurs droits violés et leurs perspectives d’avenir limité. Le travail des enfants « entraîne des cercles vicieux de pauvreté et de travail des enfants d’une génération à l’autre », indique-t-on.
Investir en priorité dans des programmes
Selon Guy Ryder, « le moment est venu de renouveler notre engagement et notre énergie pour passer ce cap et briser le cycle de la pauvreté et du travail des enfants. » Pour sa part, la directrice de l’UNICEF exhorte « les gouvernements et les banques internationales de développement à investir en priorité dans des programmes qui sortent les enfants de la vie active et les remettent à l’école, et dans des programmes de protection sociale qui peuvent aider les familles à éviter de faire ce choix en premier lieu. »
Le « Travail des enfants » est le premier rapport conjoint de l’OIT et de l’UNICEF sur les estimations du travail des enfants. C’est le fruit d’un effort inter-institutions qui permet de mesurer et de suivre les progrès accomplis pour la réalisation de la cible 8.7 des objectifs de développement durable (ODD). Les estimations contenues dans ce document constituent une extrapolation de données issues de 106 enquêtes couvrant plus de 70 % de la population mondiale des enfants âgés de 5 à 17 ans. Ce document a été publié à l’occasion de l’Année internationale de l’élimination du travail des enfants.
Fousseni Togola
Source : Sahel Tribune