Les statistiques recueillies au niveau de la direction régionale de la promotion de la femme de l’enfant et de la famille de Sikasso, classent la localité comme première région dans l’exploitation du travail des enfants. Selon ces statistiques, 56% des enfants âgés de 5 à 11 ans sont engagés dans des formes d’activités économiques dans la Région de Sikasso contre 43% au niveau national. De même 86% des enfants de 12 à 14 ans sont engagés dans des activités économiques dans cette région contre 73% au niveau national.
Selon des estimations de Save the Children en 2015, entre 20 000 et 40 000 enfants travailleraient dans le secteur aurifère artisanal notamment dans les Régions de Sikasso et Kayes.
C’est pourquoi, les stratégies de sauvetage de l’année scolaire par le département de l’éducation à cause des nombreuses grèves, ont peiné à être appliquées dans la Région. En milieu rural, les paysans pensent que les enfants constituent une main d’œuvre sûre qu’il faut exploiter. Par exemple dans la localité de Kignan Cercle de Sikasso, plusieurs paysans ont retiré leurs enfants de l’école pour les travaux champêtres, selon les constats d’une mission nationale du ministère de l’éducation nationale en juin dernier. Pour eux, le coton se vend à 275 F/kg, donc pas question de rater cette opportunité. De même pendant cette période de grève, plusieurs élèves ont été envoyés sur les sites d’orpaillage par leurs parents et ne sont plus revenus à la reprise des cours.
Cette situation a donc reflété sur les taux d’admission aux différents examens.
L’Académie d’enseignement de Sikasso a eu 19,5% au BAC contre 25% le taux de réussite national. Quant au DEF, elle a eu 36,98% contre 52% le taux national. Le phénomène semble culturel dans la Région de Sikasso, car selon les résultats d’une enquête menée il y a quelques années par MICS 7,5% des adultes interrogés, pensent qu’un enfant a besoin d’être physiquement puni pour conforter sa personnalité. Mamadou Sinayogo de Kléla, la soixantaine révolue rejette d’un revers de la main les mesures de protection des enfants et la lutte contre les travaux durs qu’ils exercent. Pour lui, un enfant qui n’apprend pas à travailler à bas âge ne sera qu’un délinquant. L’enfant est comme une pâte molle et prendra la forme qu’on lui donnera à l’âge mûr. La direction régionale de la promotion de la femme de l’enfant et de la famille de Sikasso est résolument engagée avec ses partenaires à combattre ce fléau. Ainsi, des campagnes de sensibilisation à outrance sont menées afin d’obtenir des changements de mentalité et de comportement en vue d’influer sur l’exploitation des enfants à bas âge.
Fousseyni DIABATÉ
AMAP – Sikasso
Source: L’Essor-Mali