Assumer les devoirs de foyers devient un calvaire pour les femmes bamakoises au point que l’unique voie de contournement est d’engager une aide-ménagère. Même s’il faut subir les affres liées au phénomène.
A Bamako pendant la saison sèche plusieurs jeunes filles du village viennent pour chercher du travail. La majorité effectue les travaux domestiques dans les familles. A l’approche de la saison pluviale, elles retournent au village pour aider les parents dans les champs. C’est là que le calvaire commence pour beaucoup de femmes qui sont habituées à ce que la domestique fasse tous les travaux ménagers : la lessive, la cuisine, le nettoyage et garder les enfants, etc.
« La plupart des jeunes femmes de Bamako sont devenues des paresseuses, elles ne font rien », affirme Ali Diabaté, enseignant de son état. « Tous les travaux du foyer sont confiés à la bonne, même ceux du mari. Elles sont incapables de s’occuper de leurs maris et enfants : la nourriture du mari est servie par la bonne, son caleçon lavé par la bonne, même les enfants sont plus attachés à la bonne qu’à leur propre mère. L’enfant ne reçoit aucune affection de la part de leur maman. Cela peut jouer sur l’enfant psychologiquement », explique ce Diabaté.
Pour Fifi Keita, mère de 7 enfants, il est impossible pour elle de se passer des aides ménagères. « Pas parce que je suis paresseuse, mais je travaille à Faladié, j’habite à Titibougou, il faut quelqu’un pour garder la maison et aussi surveiller les enfants et leur préparer à manger pendant la journée. Sinon, chaque soir, en entrant, j’achète les condiments, je prépare le dîner. En cette période, c’est difficile de trouver les aides ménagères, mais heureusement pour moi j’embauche toujours auprès des agences. Même si c’est un peu cher, au moins c’est garanti. Chaque fois que l’une part, on me donne une autre le même jour. Sinon, j’ai arrêté de prendre les aides ménagères qui viennent du village, la plupart ne sait rien faire, on est obligé de leur apprendre alors que je n’ai pas ce temps-là », raconte-t-elle.
D’après Sokona Sylla, vendeuse de nourriture au marché, « c’est bientôt le 22 septembre. Les aides ménagères vont commencer à revenir sinon cette période n’est pas facile pour les femmes. On est obligé de se plier à quatre(4), surtout que moi, je suis dans une grande famille. Depuis 4h du matin, je suis sur les travaux jusqu’à 22h, chaque jour que Dieu fait, sauf les dimanches. Pendant mes jours de cuisine, c’est encore pire. Heureusement que mes enfants commencent à grandir un peu, j’ai aussi fait appel à ma nièce, la fille aînée de ma grande sœur, pour qu’elle m’épaule avant de trouver une aide-ménagère.
Diakaridja Fofana, mécanicien, raconte : « Ma femme n’a jamais pris de aide-ménagère, je ne l’ai jamais accepté. Nos mères ont souffert, les femmes de maintenant ne peuvent rien subir au mariage. Tout semble difficile pour elles. Or, la majorité des aides ménagères ne sont pas venues pour travailler, certaines jettent leurs regards sur le patron, le fils du patron, son frère ou même son ami. Elles passent tout leur temps à se promener. Je connais des bonnes qui sont pires que les enfants de Bamako ».
Hatouma Traoré
Source : L’Observatoire