Une nation repose sur ses lois. Tel n’est pas le cas, concernant la gestion de la transition. Le peuple malien est sorti massivement pour demander un changement de gouvernance. Cela fait bientôt quatre années que l’ancien système perdure. «Nous sommes dans un système IBK sans IBK», affirment certaines personnes.
D’autres s’interrogent sur la gestion du pays: «qui tire les ficelles de la transition», car le système de gouvernance reste sans changement. On espérait sur le volet lutte contre la corruption et les malversations financières pour voir un bout du tunnel. Mais rien du tout.
Au plan de cette lutte, la déception est grande. C’est une surprise partie, vu les faits. On convoque des criminels à col blanc au Pôle économique et financier de Bamako, quelques jours après, on apprend que l’intéressé a pris la poudre d’escampette. Des délinquants financiers recouvrent leur liberté à partir d’une caution, alors que la caution est une prime à l’impunité. Toutes les mauvaises pratiques de gouvernance, combattues sous Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) sont revenues au galop. Souvent même, pire que l’ancien système.
Les récents rapports du Bureau du Vérificateur général (BVG) et de l’Office centre de lutte contre l’enrichissement illicite (OCLEI) sont sans appel. Des délinquants à col blanc pris en flagrant délit de détournements de deniers publics (période 2021 à 2023). Dans un tel système de népotisme, le peuple n’a rien à gagner, sauf que la déception. L’épreuve de vérité s’annonce rude pour une transition qui, sous couvert de justice, s’efforce surtout de maintenir la paix avec la population.
De ce point de vue, le changement n’a pas encore porté sur le système. C’est cette opération de vérité que je veux tenter ici et elle risque de ne plaire aux membres de la transition. Mais, peut-on, sérieusement croire qu’on corrigera les inégalités sans fondement si l’on ne prend pas exactement la mesure, si l’on ne met pas à nu les mécanismes cachés qui les engendrent et les reproduisent.
Amy SANOGO
Source: Inter de Bamako