Plusieurs acteurs sociopolitiques ne cessent de brandir des menaces au Premier ministre, tout en préservant le chef de l’Etat, qui est pourtant solidaire des actions de son chef de gouvernement. C’est ce que vient de faire la puissante centrale syndicale du pays, l’UNTM.
Dans la véritable lettre d’avertissement que l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) vient d’adresser au gouvernement, le secrétaire général de la plus grande organisation syndicale du Mali, Yacouba Katilé brandit un carton jaune au Premier ministre, Dr Choguel Kokalla Maïga. Il accuse le chef du gouvernement de négligence coupable par rapport aux problèmes des travailleurs en difficultés. Pour Yacouba Katilé, Dr Choguel Kokalla Maïga a tenu des propos selon lesquels « Les problèmes des compressés et des retraités par anticipation ne sont pas prioritaires pour le Gouvernement ». Lesquels propos « attristent le monde du travail ».
Pour l’UNTM, le locataire de la primature a manqué de « patriotisme », en n’aidant pas les salariés maliens à faire face à la cherté de la vie. Et la centrale syndicale de sonner quasiment l’alarme et la menace en des termes d’avertissement : « Le syndicalisme peut entrer dans le jeu politique national. Toutes les Conventions et Résolutions le consacrent. Donc, faites attention ! ».
Comme pour dire que qu’elle s’apprête à siffler la fin de la récréation, c’est-à-dire mettre fin au délai de grâce et de trêve qu’elle s’était donnée du fait de la situation d’embargo et de sanctions économiques et financières que vit le pays. Mais, comment comprendre que l’UNTM puisse secouer le cocotier du gouvernement en pointant un doigt accusateur sur le seul Premier ministre, alors eu celui-ci n’est qu’aux ordres du chef de l’Etat ? Cela est certainement lié aux manouvres politiciennes du chef du gouvernement. Celui-ci est accusé d’être dans la vengeance politicienne, alors qu’il s’affuble d’être le chantre de la refondation et le dépositaire du renouveau malien, le « Malikura », qui revient constamment dans ses discours.
Au même moment, l’UNTM réaffirme son soutien au président de la Transition Assimi Goïta « en lequel le peuple se reconnait ». C’est d’ailleurs, confient les syndicalistes, au nom de ce soutien que de nouvelles revendications n’ont pas été déposées sur la table du gouvernement. Histoire d’observer un stand by par rapport à cette rectification de la transition ». Mais, aujourd’hui, le constat est plutôt décevant pour les organisations syndicales. Idem pour de nombreux acteurs sociaux politiques qui estiment que le Premier ministre est plus dans le discours que dans l’action pour apaiser les souffrances des populations. Mais, alors, pour n’interpellent-ils pas le chef de l’Etat comme complice de cette situation ? Au contraire, chacun des acteurs semble dire que le chef de l’Etat est un ange que c’est son PM qui semble devenir un démon ! N’est-ce pas une pure vue de l’esprit ou c’est l’effet d’une peur bleue vis-à-vis du pouvoir militaire ?
C’est le même scénario avec le Cadre des partis politiques pour une transition réussie, qui dénonce les prises de position du chef du gouvernement tout en ménageant le véritable chef à bord du bateau Mali de la transition. Drôle de façon de poser les problèmes politiques en cherchant à ménager la chèvre et le chou, juste pour surfer le caractère de « fusible » du Premier ministre !
Les leaders politiques du Cadre sont allés jusqu’à demander la nomination d’un « Premier ministre neutre » afin de faire baisser la tension politique et susciter l’adhésion des forces vives du pays à la gestion de la Transition. Choguel paie-t-il là le prie de ses nombreuses diatribes politiques ? Il faut noter au moins qu’à sa nomination à la Primature, Dr Choguel Kokalla Maïga avait ordonné le paiement des droits des compressés et retraités par anticipation avant la fête de Tabaski 2021. Mais, cela est resté simplement volonté exprimée !
Par ailleurs, l’UNTM accuse le Premier ministre de s’être opposé, entre autres, : la « relecture du Décret n° 2011-051/P-RM du 10 Février 2011 », fixant les conditions d’emploi du personnel de l’Administration relevant du Code du Travail ; le rétablissement dans leurs droits des responsables syndicaux licenciés soit pour fait de grève, soit sous le prétexte de la COVID-19 (SYAMA, BRAMALI et bien d’autres services…) ; la révision des Codes portant création des Bureaux de Placement Privé (BPP) qui exploitent, selon l’UNTM, des milliers de jeunes travailleurs maliens….
Pour les responsables syndicaux, le refus du Premier ministre est motivé, selon l’UNTM, par le fait qu’il ne veut pas céder devant « le casse-pied » que constitue la centrale syndicale. En réalité, l’UNTM soupçonne Choguel Kokalla Maïga, héritier politique du Général Moussa Traoré, de vouloir faire payer à la centrale syndicale, son rôle primordial dans la chute du dictateur. « La ligne rouge est la tentative de prolifération du négationnisme de la Révolution démocratique du 26 Mars 1991 », prévient l’UNTM dans son communiqué. En soulignant les « résultats sans lesquels aujourd’hui ne sera pas ». Comme on le voit, la Transition malienne n’est pas à l’abri d’une éventuelle zone de turbulence sociopolitique. Ce qui serait hautement dommageable pour la sortie du pays de la crise multidimensionnelle qu’il traverse depuis 2012.
Bruno D SEGBEDJI
Source : Mali-Horizon