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Transition : Défis hors de portée

Faire table rase du passé, remettre l’Etat sur pied dans un délai de 18 mois. Après sept mois de gestion, le gouvernement est sur une pente raide.

L’arrivée de Bah N’Daw et de son Premier ministre Moctar Ouane à la tête de l’appareil d’Etat avait suscité beaucoup d’espoir dans certains milieux. Mais après sept mois de gestion, le pouvoir convié au gouvernail pour remettre de l’ordre après la chute du président Ibrahim Boubacar Keïta peine toujours à retrouver ses marques.

Assaillis par les urgences, le président Bah N’Daw et son gouvernement semblent dépassés par les défis. En cause : un agenda mal défini et trop ambitieux pour une transition de 18 mois. L’école, la santé, l’emploi, la sécurité, la lutte contre la corruption, les réformes politiques et institutionnelles, l’organisation des élections et voire du référendum ;le plan d’actions présenté par le Premier ministre Ouane est un fourre tout, irréaliste et irréalisable dans le délai.

Une transition, ce n’est pas un mandat normal. Elle ne peut en aucune manière avoir les mêmes ambitions et les missions qu’un pouvoir élu, qui a un projet de société sur cinq ans. Le Président de la transition et son Premier ministre ont manqué de courage pour bien doser leurs ambitions et ne pas prétendre changer tout et tout de suite.

Conséquences : débordement, échec et déception en vue. La ligne n’a bougé sur une aucune des priorités annoncées par le gouvernement. Sur le plan politique, Moctar Ouane a encore du mal à mobiliser la classe politique dans son ensemble pour trouver un consensus autour des réformes qui, d’ailleurs, ne devaient pas être les prérogatives d’un gouvernement de transition, mais plutôt celles d’un pouvoir élu, donc investi de la légitimité populaire.

Comment faire adopter un projet de loi de réformes constitutionnelles par des membres du Conseil national de transition nommés à la place des députés et proposer le même projet au référendum ? Comment réussir le projet de révision constitutionnelle alors qu’une partie du territoire échappe toujours au contrôle de l’Etat ? Comment réussir les réformes sans un large consensus de la classe politique et un minimum de stabilité ?

Des questions sans réponses. Des préoccupations réelles qui constituent des points de bouclage pour le pouvoir de transition qui risque de conduire le pays dans les mêmes erreurs et errements que le régime précédent.

Quant à la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption, annoncées à grand renfort de publicité, les Maliens restent encore sur leur faim. Après l’effet d’annonce, rien de concret.

Refondation, où es-tu ?

Lassina NIANGALY

Source: Le Tjikan

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