Pourtant, ce ne sont pas les initiatives qui ont manqué, du côté de Bamako. Lors d’une conférence de presse, Nana Akufo-Addo, Président de la Conférence des chefs d’Etat et président du Ghana, le reconnait lui-même en déclarant que “les gouvernements militaires du Mali et de la Guinée avaient envoyé des délégations” pour le rencontrer, afin d’aborder leurs perspectives d’avenir pour les pays lors d’une réunion à huis clos. Le ministre des Affaires Etrangères, Abdoulaye Diop en avait profité pour demander la compréhension et l’accompagnement de l’organisation afin de trouver une solution à la situation malienne.
De même, le Président de Transition, le colonel Assimi Goïta, s’est engagé à fournir avant fin janvier un calendrier électoral pour un retour des civils au pouvoir. Au Ghanéen Nana Akufo-Addo, il avait déclaré : “La République du Mali, par ma voix, s’engage à vous fournir au plus tard le 31 janvier 2022 un chronogramme (calendrier) détaillé… Le retour à l’ordre constitutionnel est et demeurera ma priorité absolue”.
Dans son courrier, le Colonel Assimi Goïta invoquait les efforts entrepris pour “créer les conditions propices à la tenue d’élections transparentes et crédibles” et l’”intensification” des opérations pour sécuriser le territoire, la présentation d’une loi électorale en novembre et lancement des Assises nationales de la refondation, tout en précisant que ces assises “permettront de dégager un calendrier électoral”. Autant de gages de bonne foi qui semblent peu dire aux chefs d’Etat de la CEDEAO.
Ce communiqué du Président de la Commission de la CEDEAO, Jean-Claude Kassi Brou, en fait foi ! « En sommet à Abuja ce dimanche 12 décembre, les chefs de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont exigé le respect de la tenue d’élections en février au Mali. L’organisation ouest-africaine pourrait imposer également des sanctions supplémentaires dès le mois janvier si la date initiale des élections n’est pas tenue.
« Les chefs d’Etat, après de longs échanges, ont décidé de maintenir la date du 27 février 2022 pour l’organisation des élections au Mali. Ils ont décidé de l’entrée en vigueur de sanctions additionnelles en janvier 2022″ si les autorités n’honorent pas leur engagement initial de tenir à cette date des élections censées ramener les civils au pouvoir », a en effet déclaré devant la presse le Président de la Commission de la CEDEAO.
En attendant, ceux qui pensaient que l’organisation sous-régionale allait de nouveau frapper les dirigeants maliens de sanctions devront encore prendre leur mal en patience. En effet, les chefs d’Etat menacent plutôt les autorités de la Transition de nouvelles sanctions d’ici fin janvier, si Bamako ne présentait un calendrier initial de la tenue des élections pour d’ici février 2022. Il faut rappeler que la CEDEAO avait déjà imposé, le mois dernier, des sanctions ciblées contre une centaine de personnalités avec le gel de leurs avoirs et interdiction de voyager.
Les chefs d’Etat de la CEDEAO se découvrent enfin ! En effet, soit ils sont dans une logique de renier, pour des raisons qui leur sont propres, le droit au peuple malien de s’autodéterminer, soit ils sont manipulés par la France, pour qu’ils s’entêtent à vouloir voir les autorités de la Transition organiser des élections en février 2022.
Flani Sora
NOTRE VOIE