Selon un grand Savant du 16ème siècle, « Le sel vient du Nord, l’or du Sud et l’argent du pays des Blancs, mais les paroles de Dieu, les choses savantes, les histoires et les jolis contes, on ne les trouve qu’à Tombouctou ».
En effet, la « Mystérieuse » dispose d’un impressionnant patrimoine écrit dont l’originalité reste intimement liée à l’islamisation de la région entamée au 7esiècle de l’ère chrétienne.
Au 14e siècle et au 15e, ce patrimoine se consolide par la création de centres urbains, la prolifération d’écoles coraniques et de bibliothèques privées, et ensuite, grâce à l’émergence de l’Université de Sankoré.
Tombouctou, foyer intellectuel et universitaire au 16e siècle, était une référence de la grandeur littéraire et scientifique du Soudan.
Aujourd’hui encore, la localité recèle d’importantes collections de documents écrits par des natifs de la ville de Tombouctou.
Le plus célèbre reste le Nayl-al Ibtihaj bi tariz al dibaj d’Ahmed Baba lequel vécu entre 1556 et 1627.
C’est un dictionnaire biographique rédigé en 1596 et qui traite de l’histoire culturelle du Soudan, du mouvement intellectuel au Soudan sahélien au cours des 15e et 18esiècles.
Ainsi, au 12e et 18e siècles, trois documents fondamentaux enrichirent le patrimoine écrit de Tombouctou : le Tarikh al-Soudan d’Abd al Rathmane al Sadi, le Tarkh al Fettach de Mahmoud Kati et Ibn al-Mukhtar, et le Tedzkrat al Misyan.
Ahmed Baba est né le 28 mai 1596 d’une famille illustre d’ulémas de Tombouctou et assuma d’importantes fonctions religieuses dans la ville des 333 Saints tout comme à Djenné.
Son œuvre, commencée aux environs de 1629, est achevée en mars 1656 et traite essentiellement de l’islamisation du Soudan médiéval et des relations avec l’Egypte et l’Arabie.
Le Tarikh el Fettach est une œuvre historique d’importance capitale sur l’Empire songhoï.
C’est un ouvrage réalisé par Mahmoud Kati de Koumina et son petit fils Ibn Al Mokhtar qui vécut entre 1657 et 1663.
L’ouvrage qui s’était achevé en 1666, fournit d’amples informations sur la vie sociale, culturelle et religieuse du Soudan et de sa métropole : Tombouctou.
Concernant le Tedzirat en Misyan, c’est un ouvrage anonyme, datant du 18e siècle et qui traite de l’histoire du Pachaik marocain à Tombouctou.
Ainsi, les Kountas, Ahel Arawane, les Kel al-suq, apporteront une immense contribution au patrimoine écrit de Tombouctou.
On cite des noms comme Sidi Al-Muktar, le cadi Talibna al Wafi al Arawani, Ahmed al-Bakkay, lesquels composèrent de milliers d’écrits dont une partie est de nos jours, conservée au centre Ahmed Baba et une autre dispersée entre diverses bibliothèques de la ville.
Bibliothèques privées
Tombouctou a connu à son apogée, une véritable industrie du livre avec de nombreux ateliers de sélection des manuscrits de scribes et calligraphes, de correcteurs, de relieurs et de recherche.
Ainsi, en 1512, Léon l’Africain rapporte qu’il ne tirait plus de bénéfice de la vente du livre que n’importe quelle autre marchandise. « On vend aussi beaucoup de livres qui viennent de Berberie, on tire plus de bénéfices de cette vente que de tout le reste des marchandises », a écrit Léon l’Africain.
Ahmed Baba Al Sudani, mentionnait pour sa part, l’existence de plusieurs bibliothèques de manuscrits. « J’étais le moins pourvu des détenteurs de manuscrits, disait-il, et ma bibliothèque comptait près de1 600 ouvrages ».
Actuellement, la répartition spatiale des détenteurs de manuscrits, obéit aux premiers foyers de peuplement culturel et intellectuel de Tombouctou.
Les bibliothèques se localisent autour des grands centres universitaires de Djingareyber, Sankoré et Badjindé.
Djingareyber (quartier de la grande mosquée) abrite la bibliothèque de la famille Es-Sayouti, issue de la descendance de Sidi Mohamed al Iman Ben Es-Sayouti qui vécut à Tombouctou entre 1861 et 1923. L’original du Tarikh al-Fettach y a été découvert en 1991.
A Sankoré, l’on dénombre la famille Safou assurant présentement l’imamat de la mosquée de Sankoré.
Cette famille est issue de celles de Aquit et Anda qui fournirent à Tombouctou ses premières générations d’ulémas. les bibliothèques des cadis Mohamed Mahmoud Ould Cheick et Moulye Ahmed Baba, comptent près de 7 000 manuscrits issus des familles d’Arawan, de Boujebeiha et des localités Kounta de Mabrouck et Gas al Cheick.
Il y a aussi, la bibliothèque Mama Haïdara, fondée au 16e siècle dans la zone de Bamba et qui fournit au Centre Ahmed Baba, près de 30 % de ses 13 000 manuscrits.
Quant à la bibliothèque de Badjindé, elle appartient à la famille Wangari qui vécut entre 1523 et 1593.
Jadis professeur d’Ahmed Baba, Bagayogho est l’auteur de plusieurs consultations juridiques conservées au Centre Ahmed Baba. Cette bibliothèque, à l’instar des autres citées plus haut, reste la propriété des Wangara et est placée sous la responsabilité de l’imam de la mosquée de Sidi yéhia.
Le 26 Mars