Invité à la réception offerte, ce samedi 25 mai, à l’Hôtel Sheraton, par le Haut représentant de l’Union Africaine pour le Mali et le Sahel (MISAHEL), dans le cadre de la célébration de la journée de l’Afrique, SEM Tiébilé DRAME, ministre des Affaires Étrangères et de la Coopération Internationale, a jugé utile de rappeler le principe du respect scrupuleux dû aux symboles de la République à son frère, Brahim Ould Sidatt. Le Chef de la diplomatie malienne s’est publiquementoffusqué que «quand le chant du Mali était entonné au début de la cérémonie, alors que tous les diplomates et les Maliens étaient debout avec respect et solennité, le président de la CMA, mon frère Sidi Brahim Ould Sidatt était d’abord assis, ensuite quand ils’est levé, avec désinvolture, il avait les bras croisés.
L’Accord d’Alger, c’est le respect de l’ hymne national du Mali ».
La poignée de main entre les deux frères, après la cérémonie, clôt-il l’incident ? Pas au regard des commentaires et des passions qu’il déchaîne.
Courroucé par le passé par d’interminables bravades et défiances à la souveraineté et l’unité de la nation de la part de séparatistes d’hier, rentrés dans les rangs, depuis la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, le nationaliste salue le recadrage instantané opéré par son nouveau ministre des Affaires étrangères. Salué comme le justicier et le héros vengeur de l’insulte, le laveur de l’affront kidalois…Tiébilé DRAME est porté au firmament de la Nation par une opinion en mal de repère et de symbole.
Dans l’exaltation nationaliste, la poignée de main du « héros national » et de « l’apatride » est oubliée. Le nationalisme ardant du Mali est chauffé à blanc. Les opinions se lassent, les commentaires s’enivrent… Or, comme la passion est mauvaise conseillère. Puisque toute passion produit sa passion contraire…
Mossa Ag Attaher, un « cadre de l’Azawad » (à ne pas confondre avec Moussa Ag Assarid, bien que tous deux soient du MNLA) a cru bon, lui aussi, recadrer Tiébilé suite au recadrage par ce dernier de Brahim Ould Sidatt. Voilà l’importun et l’impudent qui ajoute l’injure à la blessure. Les réseaux s’embrasent… Les touches de claviers des dagues qu’on trempe dans les blessures à peine cicatrisées.
Aussi, ne faudrait-il pas, comme dirait l’autre, prêcher la raison sur la passion et l’invoquer comme viatique à la passion nationaliste qui s’enflamme sans véritable raison.
Le ministre des Affaires Étrangères et de la Coopération Internationale, SEM Tiébilé DRAME est dans son rôle, et n’importe quel patriote malien aurait agi et parlé comme lui (sinon plus). Rien à concéder sur ce qu’il a dit : le respect de l’Hymne tout comme du drapeau est sacré. Et la désinvolture de notre frère Brahim Ould Sidatt devait être recadrée. Il l’a été et de fort belles manières. Signataire de l’Accord pour la paix et la réconciliation au compte de la CMA, Brahim Ould Sidatt, jusqu’à cet impair, n’a jamais été fiché comme un va-t-en-guerre, un indécrottable séparatiste, un provocateur qui s’amuse à défier la République. Au contraire.
Dès lors, la réplique de Mossa Ag Attaher est nulle et non avenue, n’étant ni président ni porte-parole de la CMA ou des populations de l’Azawad.
Pour autant, pour autant !
Donnons acte à Voltaire qui dit : ‘’je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’au bout pour que vous puissiez le dire’’. Jusqu’à preuve du contraire, la République du Mali au nom de laquelle Tiébilé DRAME a fait son recadrage (à bon escient) reconnaît aussi à chaque citoyen la liberté d’expression et d’opinion, y compris à Mossa Ag Attaher. Un « cadre de l’Azawad » qui, dans sa missive mal venue peut-être, se plante certes dans son interprétation des termes de l’Accord, mais ne remet nullement en cause la République et ses institutions. Toutes choses qui constituent des avancées à consolider.
Pour emprunter l’expression de l’autre : il faut savoir raison garder. Il faut recadrer le recadrage, au propre comme au figuré en le mettant dans son cadre et en l’expurgeant de toute ‘’suspicionnite’’, de toute dérive suspicieuse.
L’Accord n’est pas une sinécure faite à la CMA. Il implique et engage les fils et les filles de ce pays qui n’aspirent à rien d’autre qu’à la paix et la restauration de leur vivre ensemble séculaire.
Comme dirait les Bambara, FEN DO YÉ HAMADI BOGO KOUN BO, N’KA O TE WÉRÈ TI KOUN BO !
Qui ne peut dénier aux ‘’Azawadiens’’ leur nationalité malienne ? Qu’ils soient ‘’Azawadiens’’ tant qu’il leur plaira du moment qu’ils sont et restent des Maliens. Khalass !!!
Qu’on ne se trompe pas de combat et d’adversaire. Brahim Ould Sidatt et la CMA ont signé l’Accord… pour la paix. Consolidons cette paix, sans concession aucune sur l’intégrité du territoire, mais sans passion inutile.
Nous vous proposons, ci-dessous : la lettre ouverte de Mossa Ag Attaher au ministre des Affaires étrangères et quelques réactions mesurées qu’elle a suscitées.