Sirakoro-Doumfing, un quartier relevant de la commune III du district de Bamako fait face, depuis plusieurs années, à un litige foncier contre la mairie de Kati. Suite à plusieurs actions déjà menées, les habitants du lieu ont tenu, dimanche 3 décembre dernier, une Assemblée générale pour protester contre les nouveaux travaux ébauchés par la mairie du cercle.
En plus de la détermination de la jeunesse, celle du chef du village et de ses conseillers, les personnes âgées ont également voulu entrer dans la danse. Ce litige foncier opposant les habitants de Sirakoro-Doumfing à la mairie de Kati perdure, faudra-t-il le retenir, depuis des années. Nonobstant des batailles judiciaires, des décisions de justice et la saisine des différentes institutions et autorités compétentes pour la résolution du différend, la situation ne semble pas bouger d’un iota. Visiblement résolus pour l’aboutissement de leur lutte, les habitants du quartier s’étaient alors réunis, dimanche 3 décembre 2023 sous un soleil ardent et sur une voie qu’ils avaient coupée, pour dire « niet » à « l’infatigable » mairie de Kati. Ils se disent prêts « à tout » pour l’aboutissement de leur lutte. Jeunes comme personnes âgées, ils ont tenu cette Assemblée générale pour non seulement attirer l’attention des plus hautes autorités sur ce qui se passe présentement sur le terrain, mais aussi et surtout, disent-ils, informer l’opinion nationale et internationale en mettant en garde le camp des autorités communales de Kati. Aux dires de Dramane Sangaré, vice-président de l’association pour la solidarité et le développement de Sirakoro-Doumfing-Plateau, tout est parti des nouveaux travaux enclenchés par Kati à Sirakoro-Doumfing. « Cela fait des années qu’un litige foncier nous oppose à la mairie de Kati qui tente d’occuper nos parcelles. Nous avons saisi des juridictions et des décisions de justice sont sorties. Nous sommes rattachés à la commune III du district de Bamako et n’avons rien à voir avec Kati », explique Dramane Sangaré. Cette Assemblée générale fait suite à certains travaux. « Dans ces derniers jours, dit-il, nous avons remarqué que la mairie de Kati est en train de procéder à la numérotation de nos maisons. Aussi, exprime-t-il, elle est en train de mettre des croix sur certaines maisons qui doivent certainement être démolies par la suite ». Les habitants ne sont pas du tout d’accord avec la mairie et demandent la cessation immédiate desdits travaux. Les envoyés de la mairie qui faisaient ces travaux s’étaient fait accompagner par des agents de la garde nationale, munis d’armes à feu. « Le pire a été évité, puisqu’on a pu sensibiliser les habitants à ne pas s’engager dans un bras de fer avec les agents déployés à cet effet », ajoute Dramane. Dans son intervention, le porte-parole des habitants a annoncé que les agents de la mairie de Kati ont agi en toute illégalité. « Lorsqu’ils sont venus pour des numérotations et croix sur les maisons, les agents nous ont fait savoir que la mairie de la commune III a été déjà informée. Quand on leur a demandé de nous présenter l’ordre de mission, ajoute Dramane, les mêmes agents de Kati n’ont pas pu exhiber cela ». C’est ainsi qu’une délégation spéciale composée des habitants de Sirakoro-Doumfing a été dépêchée à la mairie. « Nous avons rencontré Mme Djiré, l’actuelle maire de la commune III. Elle confirme n’avoir donné l’autorisation à personne pour lesdits travaux ». De surcroît, ajoute-t-on, l’autorité communale conseille aux habitants d’empêcher tout agent qui oserait encore poursuivre lesdits travaux sur le terrain. « Avant cette Assemblée, la même mairie a pu construire un centre d’état civil à Sirakoro-Doumfing. Elle vient encore d’initier ces travaux pendant que nous sommes en train de protester contre la construction dudit centre ». « Nous avons pris un huissier et ne permettons à personne de venir encore numéroter nos maisons ». « Plus de 10.000 domiciles sont ainsi menacés par Kati ayant déjà réussi à mettre des croix sur près de 3000 maisons », a conclu Dramane Sangaré.
Mamadou Diarra
Source : LE PAYS