L’affaire ressemble à une histoire de « Pieds nickelés », les personnages d’une série de bande dessinée créée par le Français Louis Forton et publiée pour la première fois au début du siècle dernier. La comparaison avec les « Pieds nickelés » n’a rien d’exagéré, tant l’aventure dans laquelle quelques soldatesques voulaient entrainer notre pays paraît improbable, au regard du contexte qui prévaut dans le pays.
C’est notre confrère l’Indépendant qui a levé le lièvre dans son édition de vendredi. Le lieutenant Mohamed Ouattara du Régiment des commandos parachutistes (RCP) et certains sous-officiers dont un sergent chef prénommé Sylla projetaient une opération de déstabilisation des institutions de la République, en procédant à l’élimination physique de certains chefs d’institution. Les aventuriers n’ont fort heureusement pas eu le temps de passer à l’acte. Les services de renseignement ont déjoué la conspiration.
Le cerveau du complot, le lieutenant Mohamed Ouattara a été arrêté mercredi par les forces spéciales de la Sécurité d’Etat. Le lendemain, une dizaine de conjurés (tous des sous-officiers) seront mis aux arrêts. Selon des sources proches du dossier, les enquêtes se sont poursuivies pendant tout le week-end pour débusquer d’autres conjurés et les éventuels commanditaires. Car les renseignements généraux en sont convaincus : les organisateurs du complot ne voulaient pas prendre le pouvoir eux-mêmes. A quelle fin voulaient-ils donc agir ? Qui pourrait bien se cacher derrière ces soldats ? Bref à qui profiterait le crime ? C’est ce que cherchent à savoir les services de renseignements.
Parmi les comploteurs figureraient d’anciens gardes du corps de ministres. L’erreur fatale du cerveau de la conspiration aurait été d’avoir contacté des éléments au sein de la Garde nationale qui a aujourd’hui en charge la sécurité présidentielle.
Le lieutenant Mohamed Ouattara est le fils du colonel Ouattara ancien membre du CTSP (l’organe législatif pendant la Transition en 1991-92) et ancien directeur général de la Gendarmerie nationale. La hiérarchie militaire le décrit comme un activiste, un populiste beau parleur qui tente toujours d’imposer son leadership au sein de ses camarades. Impliqué dans le contre coup d’Etat d’avril 2012, l’ancien pensionnaire du Prytanée militaire de Kati avait été arrêté par l’ex-junte. Il sera libéré à la faveur de la réconciliation entre « bérets rouges » et «bérets verts » puis redéployé au Nord, plus précisément à Gao. C’est là qu’il sera impliqué dans une histoire de véhicule confisqué à un riche commerçant arabe. Mohamed Ouattara fera venir à Bamako le véhicule de type 4X4 Toyota V-8 pour le vendre à 10 millions de Fcfa alors que le propriétaire de l’engin assure l’avoir acheté à 16 millions de Fcfa. Quand l’affaire a éclaté, les parents du jeune homme se sont engagés à rembourser le prix du véhicule. C’est ainsi qu’ils avaient fait un premier versement de 6 millions de Fcfa il y a une dizaine de jours. Le véhicule en question se trouverait actuellement au Niger où vit son nouvel acquéreur.
A. DIARRA