Ces derniers temps, les jeunes se soulèvent pour s’indigner face à la dégradation des routes. Après les jeunes de Kayes, Kati ce sont les jeunes de Tombouctou qui réclament leur route. Face à la situation, le gouvernement a animé, le lundi 09 septembre 2019, un point de presse dans la salle de conférence de la Primature. Elle a été co-animée par le ministre de la Communication chargé des relations avec les institutions, porte-parole du gouvernement, Yaya Sangaré ; le ministre des Infrastructures et de l’équipement, Traoré Seynabou Diop assistés par le ministre de l’Agriculture, Baba Moulage et le ministre du Dialogue social, du travail et de la Fonction publique, Oumar Hamadoun Dicko.
A l’introduction, le ministre de la Communication chargé des relations avec les institutions, porte-parole du gouvernement, Yaya Sangaré, a souligné que le Gouvernement a conscience de la souffrance des populations et reconnait la légitimité de ces revendications citoyennes qui sont une façon spécifique de s’exprimer en démocratie. Il a fait savoir que le Gouvernement appelle seulement la jeunesse à plus de retenue dans l’expression de ses revendications citoyennes dont la forme actuelle est fortement préjudiciable aux efforts du gouvernement pour adresser les problèmes du pays dans la situation de crise que nous vivons. Selon lui, l’obligation de recevabilité est une raison d’État à laquelle le Gouvernement Boubou Cissé ne se soustrairait jamais. «Mais dans un contexte de rareté des ressources, le Gouvernement n’a pas les moyens et ne peut pas satisfaire tout et tout de suite», a-t-il déclaré. Le ministre Sangaré a insisté que la réalité du pays est aujourd’hui connue de tous, il est à une étape charnière de son évolution. «Jamais dans l’histoire nous n’avons fait face à une telle situation de crise profonde et multidimensionnelle. Sa résolution défie notre capacité de résilience et appelle du temps et de l’imagination de tous les maliens», a-t-il expliqué. Avant de démentir les propos attribués au Premier ministre Boubou Cissé par les jeunes de Kayes et de Tombouctou.
Le ministre des Infrastructures et de l’équipement, Traoré Seynabou Diop a tout d’abord expliqué l’une des missions de son département dont la construction et l’entretien des routes. Pour pouvoir maitriser le maillage du territoire, le gouvernement à travers son département a adopté des stratégies. Il s’agit du Cadre Stratégique pour la Relance Economique et le Développement Durable du Mali (CREDD). Le ministre Seynabou Diop, a évoqué que certains projets et programmes prioritaires, entamés dans le secteur des infrastructures routières depuis l’année 2015 représentent, à eux seuls un engagement financier de plus de 400 milliards F.CFA pour les Programmes présidentiels d’urgence « Programme d’Aménagement d’Infrastructures Routières Prioritaires (PAIRS) et Projets Routiers Prioritaires 2016-2018 (PRP 2016-2018). Ledit engagement financier est d’un montant de 700 milliards F.CFA en tenant compte des autres Projets et Programmes prioritaires, a-t-elle précisé. « C’est dire tous les efforts consentis par le Gouvernement pour l’atteinte de l’objectif de désenclavement intérieur et extérieur de notre pays dont le ministère des Infrastructures et de l’Equipement est en charge », a dit le ministre Seynabou Diop. Et de faire savoir que sans qu’on se voile la face, le pays traverse une situation conjoncturelle particulièrement difficile et jamais connue depuis son existence, entrainant des tensions récurrentes de trésorerie. Selon elle, cette situation difficile impacte fort négativement sur l’avancement normal de tous les projets routiers à travers le Pays. « Ceci ne signifie cependant aucunement que les financements desdits projets sont mis en cause et tous les Projets et Programmes sur lesquels le Gouvernement est engagé à travers le ministère des Infrastructures et de l’Equipement seront menés à terme », a-t-elle rassuré.
En réponse aux questions des journalistes sur les causes des arrêts de certains projets de constructions des routes, le ministre a répliqué que parfois c’est lié à l’insécurité, donc il faut sécuriser la vie des travailleurs des entreprises, en faisant allusion au cas de Tombouctou. Et parfois c’est lié à l’hivernage. Selon le ministre, l’eau et les routes ne font jamais bon ménage. Pendant l’hivernage il est très difficile de travailler, ce qui fait que les entreprises sont obligées d’arrêter les travaux, cela est pareil pour les entretiens routiers. Elle a indiqué que le projet d’une route passe par trois étapes, d’abord les études du projet, la recherche de financement à travers les bailleurs de fonds et ensuite la phase de la construction par l’entreprise qui aura le marché via un appel d’offre. Une route coûte très chère, seul, le budget national ne pourra pas le contenir donc il faut l’accompagnement des bailleurs de fonds. Elle a précisé que souvent le projet d’études est financé par un partenaire mais il n’est pas dit forcement que ce dernier va financer la construction de la route. Pour la qualité de la route, le ministre a signalé que cela dépend souvent de la fluidité de la route et d’ajouter que l’Uemoa a exigé ainsi une certaine norme que les pays membres sont obligés de respecter. Pour le contrôle d’une route, le ministre Seynabou Diop a dit que l’Etat ne contrôle pas la construction, il recrute un bureau d’étude pour le faire et en cas de problème, le bureau fait face aux conséquences. Toutefois, elle a souligné que c’est la surcharge qui tue la route et que l’entretien de route coûte cher. « Mon département ne doit s’occuper que de la route nationale, que la piste nationale selon les principes de la décentralisation », a-t-elle fait savoir. Néanmoins, son département a certains acteurs pour construire leur route suite à leur demande. Aucun lieu sur le territoire du Mali n’est oublié par le gouvernement mais c’est juste une question de programmations et de financement et de préciser aussi que tout ne pourra pas se faire ensemble.
Les deux autres ministres ont fait savoir que le gouvernement travaille dans le cadre de la planification et que tout ne pourra pas se faire ensemble.
S.B. TRAORE
Source: Le Fondement