Sortie de son domicile conjugal sans avertir son mari, encore moins ses beaux parents, samedi 12 mai aux environs de 20heures, Mme Maïga Mariam Maïga, pourtant enceinte de 4 mois a été retrouvée le corps sans vie, en état de putréfaction dans une chambrette non habitée , le lundi 14 mai en début de soirée à Banguetaba, ville de Sevaré, région de Mopti. La population est indignée car de forts soupçons pèsent sur un militaire, reconnu comme son amant. Lequel n’est nullement inquiété et vaque à ses affaires comme si de rien n’était. D’ailleurs la police a été dessaisie de l’affaire au profit de la gendarmerie. Est-ce le tribunal a privilégié le statut militaire du présumé auteur ? Ce crime restera-t-il impuni ?
Agée de 25 ans, en état de grossesse de 4mois, mariée à Safiou Maïga, Mariam Maïga était dotée d’une corpulence relativement forte et attirante. Dans son quartier, à Banguetaba dans la ville de Sevaré, elle ne passait pas inaperçue. « Je l’ai marié il y’a deux ans de cela, nous attendions notre premier enfant… » témoigne son époux, la gorge nouée.
Il s’appelle Safiou Maïga, 40 ans, travaille au sein de la société SODIBAF à San. « Après notre mariage à Sevaré, j’ai décidé de vivre avec mon épouse à San. Mais en raison de ses problèmes de santé et compte tenu du fait que nous sommes de la même famille, j’ai accepté qu’elle retourne près de la maman » rappelle Safiou, qui malgré la distance n’a jamais failli à ses devoirs de chef de famille. Il n’a pas coupé le contact avec sa dulcinée, qu’il appelait de temps à autre et la rejoignait à chaque fin de mois. Etant donné que sa femme est aussi sa cousine (fille de son oncle paternel), il a trouvé bien normal que celle là reste près de sa maman ainsi que les autres frères à la maison. Mais en réalité, selon M. Maïga, il s’agissait de la permettre de suivre de bons traitements à l’hôpital de Mopti, qui a un plateau technique plus élevé que celui du cercle de San. « Les traitements ont été concluants car elle a pu trouver une grossesse » soutient M.Maïga. Cette grossesse qui fut un grand bonheur pour toute la famille Maïga était avancée de 4 mois.
En raison de l’arrivée du mois de ramadan, Safiou a décidé de passer voir son épouse afin de la laisser les frais des charges de ce mois béni. Le sieur Maïga avait programmé son arrivée pour le lundi 14 mai, soit la veille du début du mois de ramadan, mais sa surprise fut grande lorsque son grand frère par un coup de fil, lui informa le dimanche que son épouse, sortie du domicile conjugal depuis le samedi n’est pas de retour et reste sans nouvelle.
Tout travail cessant, le même jour Safiou Maïga se rendit à Banguetaba, pour continuer les recherches avec les autres membres de la famille. C’est ainsi qu’il s’est rendu, à la fois à la brigade de gendarmerie et au commissariat de police pour faire une déposition de disparition de conjoint.
Une découverte macabre affligeante !
Dès réception de la déclaration de perte, les services de sécurité ont tout d’un coup enclenché leur machine de recherche. Cela en raison du fait qu’il s’agit d’une femme, de surcroit en état de grossesse, mais aussi de l’insécurité due au terrorisme qui sévisse dans la zone. C’est ainsi que les recherches furent accentuées de part et d’autre deux jours durant. Ce n’est que le lundi, que des riverains alertés par des odeurs, inhabituelles nauséabondes provenant d’une maison abandonnée vers le cimetière ont informé qui de droit. Les éléments du commissariat de police de Sevaré, arrivent sur les lieux pour faire le constat le même jour aux environs de 20 heures. Sans surprise il s’agissait bien du corps de Mariam Maïga, âgée de 25 ans, ménagère, domiciliée à Banguetaba chez son mari. Selon nos sources, elle portait une robe de couleur verte avec des parures, dont un bijou bracelet et des boucles d’oreilles, certaines parties du corps ensanglantées. De même, selon toujours nos sources, il y’avait autour de la victime de nombreuses traces de chaussures. Le commissariat de police après avoir fait son constat, autorise le diagnostic d’un médecin légiste, avant la conduite du corps à la morgue. Le lendemain, mardi le corps a été remis à la famille de la victime pour inhumation.
Une enquête fut ouverte par le commissariat de Sevaré pour rechercher, arrêter et mettre à la disposition de la justice l’auteur ou les auteurs de ce crime abominable commis à l’encontre d’une femme mariée, de surcroit enceinte de 4 mois.
Qui a assassiné cette femme mariée ?
La question est passée au crible par les officiers de police judiciaire du commissariat de Sevaré, qui ont fouillé partout et diagnostiqué le moindre détail du quotidien de la victime afin d’établir les liens, les circonstances et les hypothèses de ce crime.
« Samedi, c’est après avoir fait ses toilettes, porter une belle robe verte que Mariam a quitté le domicile conjugal aux environs de 20 heures, sans informer personne sur sa destination » convergent tous les témoignages reçus des membres de la même cour qu’elle. Avait-elle un lieu de fréquentation habituelle ? Sortait-elle avec un ami ? Selon toujours nos sources, les réponses données sont identiques : « elle vivait avec un militaire qui habitait dans la même cour ».
L.N, un soldat de 2ème classe, en location dans la famille Maïga, selon plusieurs sources cachait mal sa relation passionnelle avec Mme Maïga, à son entourage. Comment celui-ci a pu intégrer cette famille ?
« Lui comme trois autres militaires sont en location dans notre cour. La familiarité a été tellement forte que ma mère considérait ce jeune comme son propre fils. Mais dès qu’il a commis de nombreuses bêtises, rapportées dans la famille, ma mère a pris ses distances avec lui » rapporte le mari de la défunte, qui soutient que le militaire en question faisait du maraboutage et avait des fétiches qu’il pratiquait comme son second travail. Cependant, Safiou ne doutait point de la fidélité de son épouse à son égard, jusqu’à cet événement tragique. « En réalité je n’ai jamais douté de ma femme. Mais tout le monde affirme qu’elle vivait avec le soldat L.N, même ses collègues militaires. Certains confirment même de les avoir vu ensemble à l’hôtel » affirme le veuf inconsolé. Mieux, selon plusieurs témoignages, le militaire en question disait même qu’il est l’auteur de la grossesse de la défunte.
La police dessaisie du dossier !
« Après une première plainte au niveau de la police, la justice nous a demandé d’aller devant la gendarmerie pour faire nos auditions » nous a confié Soufia Maïga. Selon nos sources, après le constat du médecin légiste et la déposition du procès verbal préliminaire des enquêtes de la police du commissariat de Sevaré, le Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance de Mopti a dessaisi la police du dossier au profit de la Brigade de la Gendarmerie. Pourquoi ?
Nous n’avons pas pu entrer en contact avec le magistrat en question, mais deux raisons sont plausibles et font l’objet de polémique à travers la ville de Sevaré. La première est relative au statut militaire du présumé coupable de ce crime et la seconde relèverait d’une manœuvre à vouloir étouffer vite cette affaire, étant donné que le conjoint de la victime qui travaille dans une autre localité n’aura pas le courage de suivre le lièvre jusqu’au bout.
Par rapport à la première raison, cela est courant devant les juridictions de notre pays, à savoir dessaisir la police de toute affaire impliquant un militaire. Même si en réalité selon certains juristes, aucun texte n’exige cela. Dans le cas précis, le tribunal de Mopti a-t-il compris que la culpabilité du militaire cité ne fait l’objet d’aucun doute ?
Quant à la deuxième probabilité, à savoir, vouloir étouffer l’affaire en confiant le dossier à la gendarmerie pendant que la police avait déjà fait des enquêtes préliminaires. Histoire de tirer d’affaire, d’une manière ou autre le soldat 2ème classe L.N. Cela n’est pas sans conséquence, car la population déjà écœurée par la non arrestation du présumé auteur et les conditions dans lesquelles le corps de cette femme mariée enceinte a été retrouvée (on parle d’un assassinat suite à un viol en bande) n’entend pas rester les bras croisés.
Déjà des services des droits de l’homme de la Minusma, de la FPU et de l’UNPOL s’intéressent de plus près au dossier. Et tous les regards sont braqués sur le résultat du diagnostic du médecin légiste.
« Même si c’est dix ans je ne lâcherai jamais cette affaire, il faut que la justice soit rendue » clame Safiou Maïga, le cœur meurtri.
Affaire à suivre.
Par Mimi Sanogo
Le Sursaut