Ces dernières années, l’on constate, effaré, une certaine montée de l’indiscipline individuelle et collective au sein de la société malienne, prise sans doute au piège de la problématique question de la normativité sociale destinée à organiser et à pérenniser la vie en groupe.
Certains analystes y sont allés jusqu’à évoquer une crise de l’autorité : crise de l’autorité parentale, crise de l’autorité scolaire, crise de l’autorité politique, bref crise de la discipline individuelle et collective, matrice incontournable de toute vie en société.
Le résultat final, c’est au bout du compte, l’apparition d’une catégorie d’individus incapables d’intégrer dans leur comportement intérieur et extérieur la nécessité qui a présidé à la création des normes sociales dont on exige le respect strict dans bien de cas, et dans la mesure du possible, dans d’autres cas.
Le Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, avait pourtant compté sur le sens des responsabilités de ceux-ci pour la réussite totale de la mise en œuvre des mesures préventives. Et pour cela, le premier magistrat du pays avait presque supplié l’adhésion totale des citoyens à ces normes de comportement individuel et collectif. Hélas, en toutes choses, il existe des brebis galeuses dont on doit souvent souffrir l’irresponsabilité et l’ignorance !
Fort heureusement, leur nombre est risible mais leur dangerosité n’a d’égale que leur capacité de nuisance. Ainsi, leur action pourrait affecter la réussite des mesures préventives en ce qu’elle pourrait renforcer la chaîne de transmission de la maladie.
Mais, la question cruciale que l’on devrait se poser est relative au pourquoi de ce phénomène, sans doute marginal pour le moment, mais quand même inquiétant pour l’avenir, ce refuge dans la désobéissance à la norme sociale de la part d’individus perdus aujourd’hui, sans repères et qui ne peuvent se retrouver et se délecter que dans une expression violente contre l’ordre social institué.
Comme déjà souligné plus haut, la réfraction à l’ordre social, comme l’ont montré plusieurs études en psychosociale, s’explique le plus souvent par la démission, mieux la faillite des institutions traditionnelles chargées de la discipline au sein de la société. Au Mali, l’affaiblissement progressif de l’autorité parentale a contribué grandement à cette tendance, car l’éducation familiale censée inculquer les hautes valeurs sociales a failli dans sa mission pour de multiples raisons que le cadre restreint de cet éditorial ne permet guère d’aborder en profondeur. Ensuite, l’école malienne, la ‘’fabrique des futurs bons citoyens’’, semble, quant à elle, avoir aussi failli dans sa mission première de former à la citoyenneté les pupilles de la République. A ce niveau aussi, la crise de l’autorité du maître en a pris un sérieux coup, et le phénomène est tellement patent que l’on n’a point besoin de s’y attarder. Les grèves sont devenues les cours auxquels les apprenants sont habitués.
Enfin, dans cette descente aux enfers, l’on a pu observer également la crise de l’autorité du politique incapable souvent de définir avec clarté les choix anthropologiques qu’elle attache à l’école : l’absence d’adéquation entre formation et emploi, l’inadaptation des programmes scolaires face aux évolutions sociétales, bref, la réinvention de l’école pour tenir compte des nouvelles réalités du monde dans lequel nous vivons aujourd’hui.
La combinaison de ces trois crises explique, sans doute, aujourd’hui, la confirmation de la tendance à l’indiscipline comme mode d’expression et comme refuge pour ces as sociaux dont la réinsertion sociale passerait nécessairement par la réhabilitation des institutions disciplinaires traditionnelles que sont la famille, l’école et la société. La famille devrait retrouver tout son sens pour préparer et accompagner les membres qui en sont issus en assumant pleinement sa responsabilité dans le développement de la personnalité de ses membres.
Quant à l’école, la vraie, elle devrait retrouver son rôle de former à la citoyenneté les enfants qui lui sont confiés pour redevenir cet ascenseur social qui permet à chacun de trouver sa place au sein de la société selon ses mérites et compétences.
Enfin, pour ce qui est de la société, elle devrait se montrer plus digne de la confiance que chacun a placée pour conduire sa destinée en assumant pleinement son rôle protecteur de l’individu contre les périls qui le menacent.
Le Mali sous IBK est confronté à de sérieux problèmes. Le président Ibrahim Boubacar Kéita a fait le choix de la responsabilité politique, donc il doit se réveiller afin de prendre le pool du pays. Car à l’allure où va le pays les maître-mots restent sans doute la fermeté, la rigueur, la vigilance et surtout la discipline. A bon entendeur salut !
Paul N’GUESSAN
Source: Le Point du Mali