Le Collectif des associations de Jeunes du « Pays Dogon » (Cajpd), en connivence avec les élus de ladite contrée, a animé une conférence de presse ce lundi 6 mai 2019 dans la grande salle de conférence de la Maison de la presse. L’objectif était d’évoquer la situation humaine précaire au « pays dogon » et les résolutions prises par le collectif pour décanter cette situation. C’était sous la tutelle d’Adaman Diongo, président dudit collectif, en présence de plusieurs personnalités.
En prenant la parole, Adaman Diongo, président du Cajpd, a fait un petit rappel des faits qui ont contribué à la dégradation de la situation humanitaire de 64 communes dans les régions de Mopti et Ségou, notamment les « tensions intercommunautaires exacerbées par l’interférence de groupes radiaux. » Il déplore également la perturbation consécutive de trois hivernages dans 42 communes du « pays dogon ». À l’en croire, ces perturbations fréquentes font craindre aujourd’hui une catastrophe alimentaire dans plusieurs cercles dont Bandiagara, Bankass, Douentza … et l’État ne fait pas assez d’effort pour trouver une « solution viable », car, selon lui, « les mots et les discours autour des milliers de tonnes » ne règleront rien sans la concrétisation.
Aux dires du président du Cajpd, le ministère de la Solidarité a relevé dans la région de Mopti plus de 65 000 déplacés, 528 écoles fermées, 150 000 élèves privés d’écoles, et 860 points d’eau non fonctionnels dans les cercles de Bandiagara, Bankass, Douentza et Koro. Et face à toutes ces menaces, le collectif estime que la solidarité est nécessaire envers les populations victimes de la crise. « Pour prévenir ce désastre humanitaire, le CAJPD tire la sonnette d’alarme pour alerter l’opinion nationale et internationale afin qu’un élan de solidarité puisse rapidement se construire et soutenir ces populations qui manquent de tout », dit-il dans son discours. Selon Diongo, des centaines de déplacés fuyant les tensions ont trouvé refuge dans les villages, communes et cercles voisins. « Le collectif des associations de jeunes du ‘’pays dogon’’ a pu comptabiliser plus de 54 000 personnes en risque de famine», révèle-t-il, avant d’indiquer qu’il y a 35 844 déplacés, 3 893 ménages d’accueil et 14 625 personnes assiégées. Concernant les déplacés qui sont carrément sortis de la région de Mopti et se sont installés ailleurs, le collectif a dénombré à Bamako (Niamana) 175 personnes, Bamako (Faladié) 1011 personnes, Ouélessébougou (Tinkélé) 202 personnes, Sélingué (Siramana) 367 personnes, Sikasso (Kléla) 320 personnes, Koutiala 280 personnes, Yorosso (Koury) 300 personnes.
Selon le Collectif, « plus de 40 villages et 70 hameaux » n’ont pas pu cultiver dans les 4 cercles du « pays dogon » durant ces trois années. Cet état de fait place « 14 625 personnes » en risque de famine dans quelques mois. Pour cause, le collectif évoque l’encerclement des villages entiers par des mines anti-personnelles, rendant totalement impossible toute activité agro-silvo-pastorale.
Face à ces problèmes récurrents, Adaman Diongo a indiqué que les localités touchées par la famine doivent être soutenues jusqu’à la récolte prochaine avec l’apport de « 4 000 tonnes », nécessitant plus « d’un milliard de francs CFA. » C’est pourquoi, selon lui, son collectif envisage, entre autres, de lancer une campagne de collecte de fonds pour financer un programme de 328 000 000 destiné à soutenir pendant 6 mois 54 000 personnes ; d’acquérir des parcelles agricoles de maraichage dans la périphérie de Bamako afin de les mettre en œuvre au profit des femmes déplacées ; d’aménager et exploiter 40 hectares mis à la disposition par un opérateur économique .
Cheickna Coulibaly
Le Démocrate