Alors qu’une bonne partie de l’opinion nationale tente de faire le distinguo entre le Gatia et la CMA, des indices concordants prouvent le contraire. Les deux entités sont liées par des pactes dont le contenu échappe à l’opinion et à l’Etat du Mali.
Faits inédits ! Des rencontres très importantes entre des responsables du Gatia et de la CMA ont été organisées sans le consentement de la Médiation. Quelques jours avant le début des hostilités pour le contrôle de la localité stratégique d’Anéfis, des réunions et conciliables ont regroupé des responsables de deux principaux mouvements du Nord, mais le contenu de celles-ci reste à élucider.
Si à Bamako les discussions ont eu lieu dans les différents hôtels de la place et aux domiciles de certains cadres du Gatia, d’autres rencontres plus secrètes se sont déroulées dans la région de Kidal.
Pour ce qui est de la rencontre de la capitale, elle a été encouragée par les plus hautes autorités dans le but, dit-on, de rapprocher les frères ennemis. Ce qui n’est pas le cas sur le terrain ou l’ordre du jour a été camouflé au pouvoir.
Dans cette aventure jugée obscure, qui a vu les rapprochements spectaculaires des deux principaux camps (CMA et Gatia), des décisions importantes ont été prises sans que l’Etat soit associé, notamment les arrangements entre les deux belligérants pour une libre circulation de combattants dans les zones occupées par chaque camp.
Pendant que le gouvernement s’active à trouver un terrain d’entente pour la mise en place du comité de suivi de l’accord, la CMA et le Gatia se fréquentent et ficèlent au mieux des projets flous. Puis, en misant sur le Gatia, le pouvoir ne savait pas qu’il allait renforcer sans le savoir l’ennemi, car, au même moment, des rencontres importantes se peaufinaient à Niamey par le Premier ministre de ce pays frère, Brigi Rafini.
Officiellement, il s’agissait de réconcilier les Touaregs maliens. Mal perçu sur le terrain, ce projet a été écourté par les événements d’Anéfis où la branche militaire de la CMA qui contrôlait la zone a décidé de se rallier au Gatia. Sa conclusion : le Gatia fait bien le jeu de la Coordination des mouvements de l’Azawad et qu’il ne sert à rien de le combattre.
Une confusion entretenue
En visite à Niamey, Ibrahim Boubacar Kéita a pu comprendre les vrais enjeux de la bataille d’Anéfis. Malgré ses consignes juges fermes pour que la Gatia renonce à Anéfis, IBK n’a pas été écouté. Egalement, ses déclarations de Niamey n’ont pas ébranlé le Gatia. Finalement, le chef de l’Etat ne pouvait que constater les dégâts, car il n’a pas personne sur laquelle compter pour le déloger de force.
A la différence de Tabankort ou de Ménaka, à Anéfis, ce sont des barons de la drogue qui sont dans le jeu. Dans cette guerre, la réalité est que le Gatia a été simplement mis au-devant. Plutôt, ce sont les Arabes alliés qui tirent les ficèles.
Ce jeu trouble a été vite compris par les autres groupes de la Plateforme qui ont jugé utile de se mettre à l’écart d’un complot. Le fait que tout au long de cette nouvelle crise, c’est le nom du Gatia qui a été le plus entendu, au détriment de la Plateforme, est un signe qui ne trompe pas.
Une certitude : du début des affrontements à Tabankort, Ménaka et récemment à Anéfis, ce sont plusieurs éléments de la CMA qui ont rallié sans conditions le Gatia. Normal, car il s’agit d’un groupe d’autodéfense touareg, Imgad et alliés qui est ouvert à la communauté. Chaque fois, ce sont des combattants du MNLA et du HCUA qui sont reculés par le Gatia dans la plus grande confusion. Il y a bien des pactes secrets qu’ignorent le régime et qui continuent de l’affaiblir sur le terrain.
En clair, il n’y a pas de différence entre la CMA et le Gatia, les deux plaident en faveur de la communauté touarègue. Justement, c’est ce qu’IBK a finalement compris, en réaffirmant que seules les FAMa ont droit au titre de forces républicaines.
Alpha Mahamane Cissé
source : L’Indicateur du Renouveau