La fête de Ramadan a été ensanglantée par une série d’attentats, en amont et en aval. De Nara à Sevaré, en passant par Farabougou et Bamako, les populations ont été meurtries par des scènes de désolation. Des embuscades à la pelle et des attentats kamikazes se sont ajoutés au tragique crash d’un hélicoptère qui a coûté la vie aux trois occupants, et occasionné des blessées au sol. Ce cortège de morts et de blessés n’a pas apparemment pas endeuillé ‘’les yéyés’’ de Bamako et autres grandes villes du Mali qui ont pris d’assaut les grands palaces pour une bombasse digne d’un pays qui bénéficie de toute sa quiétude.

Quatre morts suite à une embuscade perpétrée par des terroristes sur l’axe Nara-Guiré contre un convoi de la mission des œuvres sociales du Président de la République le 18 avril 2023 ; 10 morts et 61 blessés le 22 avril 2023 dans les attentats de Sevaré, et trois morts dans un crash d’avion le même jour. Voilà de quoi endeuillé toute une nation.

Malheureusement, dans les grandes villes du Mali, une frange de la population nous a montré son indifférence totale face à ce drame que le Mali subit ces derniers jours.
Malgré une fête endeuillée par la tuerie des maliens civils et militaires, des griots et artistes du Mali ont décidé d’enflammer les podions du stade du 26 mars, du CICB, du Cinéma MAGIC Babemba, du palais de la Culture de Bamako et autres lieux de spectacles pour des fêtes inédites, en piétinant ces martyrs militaires et civils qui ont péri sous les feux des terroristes.
Une attitude décriée par toutes les personnes animées de patriotisme et de compassion pour notre cher pays meurtri par cette guerre des obscurantistes qui nous endeuillent depuis plus d’une décennie.
A l’indifférence de ces artistes et promoteurs de spectacles, s’ajoutent le laxisme de l’État, qui, jusque-là n’arrive pas à prendre une décision pour stopper toutes ces fêtes dans un pays en guerre.
Le 22 avril, nous nous attendions à une décision des plus hautes autorités pour mettre les drapeaux en berne. Malheureusement rien n’est fait pour montrer la compassion de l’État à l’endroit des familles frappées par ces douleurs béantes de perte de leurs proches dans des circonstances aussi tragiques.
Pire, dans une vidéo qui fait le tour des réseaux sociaux, nous voyons une des cinq colonels qui, très décontracté avec un large sourire aux lèvres rassure ses ‘’fans’’, comme quoi il est en vie, contrairement aux rumeurs selon lesquelles il ferait partie des victimes du crash d’hélicoptère survenu à Missabougou. Une vidéo qui a une fois de plus écœuré les maliens. La sortie de ce ministre démontre à suffisance l’indifférence notoire de certaines autorités qui doivent être des exemples pour les compatriotes. En tout cas, les jeunes qui ont perdu la vie sont aussi des Maliens. Au lieu de compatire au drame de leurs familles, notre ministre se montre fièrement dans une vidéo. Comme pour dire que contrairement aux rumeurs, il est en vie et puis il y a ‘’foye’’.
Signalons que le 17 de ce mois d’avril, un convoi de ravitaillement des populations de Farabougou en vivres et en non vivres est aussi tombé dans une embuscade, occasionnant des morts dans les rangs des Famas.
Du coup, les observateurs ont qualifié ce mois comme un avril noir avec son cortège de morts dans les rangs des forces armées et de sécurités et aussi des populations civiles.
Malgré tout, les artistes et promoteurs de spectacles ont maintenu leurs séries de concerts à Bamako et dans les grandes villes du pays. Comme pour monter à l’opinion nationale et internationale que le terrorisme est le problème de quelques parties du Mali.
En tout état de cause, ces spectacles devraient être annulés ou reportés pour la simple raison que le pays est sous haute tension terroriste depuis le début du mois de Ramadan à nos jours.
A défaut du sens de patriotisme des artistes et de leurs ménagers, l’État devrait impérativement prendre des dispositions pour renforcer la vigilance des populations face au danger terroriste.

PAR CHRISTELLE KONE

Source : Info Matin