Sur les réseaux sociaux, au sein de l’Administration publique et des regroupements socio-politiques, c’est le ‘’OUI’’ qui remporte avant même le scrutin. Oui, tout semble être mis en place pour que ce projet de Constitution passe. En plus des médias, des dignitaires religieux et traditionnels et mêmes des opérateurs téléphoniques ont été tous mobilisés et mis à contribution pour le ‘’OUI’’ massif ce 18 juin. Donc théoriquement, la victoire est garantie pour le camp du Oui.
Pour autant, l’on ne doit pas se cacher la face. L’essentiel, ce n’est pas que le projet passe. Mais, qu’il soit plébiscité, puisqu’il s’agit d’une Constitution. Le principe est clair, une Constitution adoptée avec moins de 60% des Maliens, est aussi une Constitution contestée par 40% d’autres Maliens. Si cela arrivait, alors l’on serait obligé d’approfondir les réflexions sur ce que vaudra une telle Constitution pour un pays qui traverse déjà une crise multidimensionnelle. D’autant plus que l’on sait que la Constitution de 1974 a été adoptée avec plus de 99 % des suffrages exprimés et celle de 1992, avec précisément 99, 76 %.
L’autre réalité, c’est surtout le taux de participation. Si le référendum du 12 janvier 1992 a concerné environ cinq millions d’électeurs avec 43, 58% comme taux de participation, celle du 18 juin 2023 impliquera plus de 8 500 000 électeurs et le taux de participation, l’on l’imagine plus élevé que celui de 1992 compte tenu du contexte actuel du pays.
Certes en 1992, le Mali sortait d’une crise socio-politique ayant entraîné un coup d’État militaire, le 26 mars 1991, mais l’intégrité du territoire était sous contrôle. Cette fois-ci, c’est tout à fait le contraire. Le pays a failli disparaître et comme solution ultime, le peuple malien, dans sa majorité, a jugé nécessaire l’élaboration d’une nouvelle Constitution tout en donnant un quitus aux autorités de la transition de proposer un projet qui prend en compte toutes les aspirations et les sensibilités du peuple dans sa diversité culturelle et en lien avec les réalités actuelles du pays.
Contrairement à feu Ibrahim Boubacar Keïta, dont le projet de révision constitutionnelle a été contesté en 2017 et finalement abandonné sous la pression de la plateforme An tè a banna ! (Touche pas à ma Constitution !), les autorités de la transition n’ont rencontré aucune opposition visant à bloquer le projet de la nouvelle Constitution. Sauf que le plus difficile arrive. Il s’agit de faire en sorte que ce projet soit plébiscité le 18 juin prochain. C’est le seul moyen pour le Col. Assimi Goïta et son Gouvernement de confirmer ou de réaffirmer leur légitimité auprès du peuple malien.
Ousmane BALLO
Source : Ziré