Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, l’artiste malien de renommée internationale, Salif Keita, a accusé la France d’être à la base des tueries au nord du pays. Aussi, a-t-il demandé au président de la République de rendre le tablier s’il a « peur de dire » la vérité à ce pays ami du Mali. Sur les réseaux sociaux, les appréciations sont diverses. Quant à l’ambassade de France au Mali, elle a démenti les accusations contre son pays.
Nous proposons de lire la déclaration de Salif Keita que nous avons retranscrite.
« ‘’Kôrô’’ (grand frère), bonjour. C’est ton petit frère. Kôrô, je ne veux pas d’argent, je ne veux pas être président, je ne veux pas être ministre et je ne veux pas être l’ami de qui que ce soit. Je suis Malien et j’aime ma patrie. Grand frère, ce n’est pas parce que je suis contre toi que je parle. Ce n’est pas non plus de la méchanceté encore moins de la jalousie. Mais Kôrô (Grand frère), tu sais bien que c’est la France et le président Macron qui font tuer les Maliens. Il n’y a pas de djihadistes, ce sont eux qui tuent les gens et font de fausses rumeurs pour dire que ce sont des djihadistes. Il n’y a pas de djihadistes au nord, ce sont des gens payés par la France qui tuent les Maliens. ’’Kôrô’’, ce sont des jeunes maliens, recrutés dans l’armée à la fleur de l’âge, qui sont tués. La France est en train de les tuer tous. Et tu le sais très bien.
Malgré tout, tu tends ta main à ce gamin (Macron) , tu fais amitié avec lui parce qu’il garantit ta place. ‘’Ah Kôrô’’, il y a trop de veuves et d’orphelins dans les camps. Mais tu t’entêtes parce que tu es Français, tu as un passeport français. Certains des artistes (je ne citerai pas de nom) avec qui tu es sont des Gambiens. Quand ça va chauffer, ils vont rentrer chez eux. Par contre, nous Maliens, sommes obligés de rester dans ce pays. C’est nous qui vivrons les conséquences. Cela t’enfiche mal. Je sais : tu as peur de dire certaines choses pour que la France ne t’enlève pas de ton poste. Mais sache que tes origines n’ont pas eu peur. Soundjata a été unique. C’était de la démocratie et il a instauré une constitution. C’est un poste que tu occupes, tu n’es pas roi, Kôrô. Si tu as peur, il faut laisser le pouvoir. Celui qui n’a pas peur le prendra. Tes enfants font de l’argent du contribuable ce qu’ils en veulent. Tes services de renseignements fêtent des anniversaires à 100, 300 millions. Tout le monde souffre au Mali. Les Maliens sont fatigués. Pour que tu puisses découvrir la réalité, envoie Bouba et Karim au nord voir. Les Maliens ont beaucoup été tués. Kôrô, il faut partir. On va mettre quelqu’un, celui qui n’a pas peur, à ta place.
Tout le monde, blanc comme noir, sait que c’est la France qui est en train de nous tuer et tu continues de collaborer avec elle. Bon Kôrô, Grand frère, quitter le pouvoir volontairement est préférable que d’être chassé. Je suis ton petit frère, mais je préfère te dire la vérité ».
Le démenti de l’ambassade de France au Mali
L’Ambassade de France au Mali n’a pas gardé le silence suite à la sortie de l’artiste malien. Elle a, à travers un communiqué, dénoncé les accusations de Salif Traoré qu’elle trouve « infondé, diffamatoire et outrancier ». Selon l’équipe de Meyer, de « tels discours font le jeu de ceux qui cherchent à semer la discorde et entretenir le chaos ». «Ils sont également une offense à la mémoire des civils et militaires, maliens, français et internationaux, victimes de la barbarie terroriste au Mali », lit-on dans le communiqué.
Le représentant diplomatique de la France au Mali a, enfin, appelé « à la responsabilité de tous pour contrôler la véracité et la fiabilité des informations et discours circulant sur la place publique ».
Les commentaires des internautes
Sur les réseaux sociaux, les Maliens étaient divisés sur la sortie de l’artiste. Si certains, surtout ceux qui sont contre la politique française au Mali, trouvent que Salif Keita a dit haut ce que beaucoup de Maliens pensent tout bas, d’autres estiment que ses accusations contre la France sont « infondées ». Une autre tendance pense que l’artiste Salif ne devait pas exposer son Kôrô, grand frère, sur les réseaux sociaux. Ceux-ci estiment qu’il pouvait rencontrer le président IBK et lui dire ses 4 vérités en face.
Boureima Guindo