Des enlèvements à répétition et des violations de la liberté de manifestation, c’est ce qui caractérise le pays le plus peuplé d’Afrique. Dans un collège scientifique du nord du Nigéria, jeudi 10 juin 2021, au moins un étudiant a été tué et plusieurs autres personnes enlevées au cours d’une attaque dans la soirée. Uzaifa Bello Abdulhadi, le délégué des étudiants, précise : « Les kidnappeurs ont pris huit de nos étudiants, un a été tué et deux de nos professeurs manquent toujours à l’appel ».
« Tous les étudiants ont quitté l’école »
Ces descentes nocturnes d’hommes armés, qui enlèvent la plupart des écoliers, dans les établissements scolaires, sont assez fréquentes au Nigéria. En décembre 2020, 344 lycéens a
ont été enlevés à Katsina. Ils seront libérés une semaine plus tard. Au mois de février 2021, un écolier a été tué au cours d’une attaque perpétrée par des hommes armés. Un incident au cours de laquelle 27 autres écoliers, 3 professeurs, et 12 autres habitants ont été faits prisonniers. Au total, 42 personnes ont été kidnappées au cours de cette attaque dans le centre-ouest du Nigéria.
En février, ces enlèvements à répétition avaient donné lieu à des soulèvements populaires pour demander aux autorités en place plus de sécurité pour les enfants.
Cette insécurité prenant généralement pour cible des écoliers a toujours entraîné des fermetures d’école. Pour Mohammed Jalinge, porte-parole de la Police de Kaduna, suite à cet enlèvement du jeudi dernier, « tous les étudiants ont quitté l’école en attendant une décision de la direction quant à la suite, et notamment si elle va appeler les étudiants à revenir à l’école. »
« L’insécurité s’est déplacée »
Alors que les citoyens se trouvent sous le choc après cette situation, samedi 12 juin 2021, plusieurs rassemblements ont eu lieu dans plusieurs villes du Nigéria, à l’occasion de la « Journée de la démocratie ». Des manifestations de protestation contre l’insécurité grandissante, la mauvaise gouvernance et la suspension de Twitter dans le pays depuis plus d’une semaine. Sur les banderoles tenues par les manifestants, on pouvait lire : « 12 Juin » et « Buhari must go » (« Buhari doit partir »). Une manifestation qui sera finalement dispersée par la police à coup de gaz lacrymogène.
Pourtant, le président de la République nigériane, Muhammadou Buhari reconnait que l’insécurité « s’est déplacée en dehors du nord-est » du pays et s’est étendue, depuis son élection en 2015.
Bakary Fomba
Source: Sahel Tribune