Après dix ans de combats au Niger, la France va retirer ses troupes d’ici la fin de l’année. Une décision qui n’est pas sans conséquence, tant la situation dans le pays est explosive. Beaucoup craignent que de nombreuses villes ne retombent dans les mains de djihadistes.
L’armée française va quitter le Niger d’ici la fin de l’année. La France rappelle également son ambassadeur à Niamey. Des décisions annoncées dimanche soir par Emmanuel Macron. Ce retrait est historique parce que c’est tout simplement, pour la France, la fin d’une guerre de plus de dix ans, qui a commencé le 11 janvier 2013, lorsque François Hollande a donné l’ordre à l’armée française d’engager le combat et de stopper une colonne de djihadistes au Mali qui roulait en direction de la capitale Bamako.
L’armée française a ensuite libéré les grandes villes maliennes qui étaient aux mains des islamistes, les opérations Serval et Barkhane se sont enchaînées et inscrites dans la durée. Jusqu’à 5.000 militaires français ont été déployés. Près de 60 d’entre eux ont trouvé la mort dans le Sahara en combattant les groupes terroristes liés à Daesh et à Al Qaïda. Cette opération prendra fin dans quelques semaines lorsque le dernier soldat français quittera la base de l’aéroport de Niamey.
Et si on se retire aujourd’hui, c’est parce que l’on est poussé dehors. Un putsch militaire a eu lieu au Niger le 26 juillet dernier. Le président élu est depuis prisonnier dans sa résidence. Les putschistes encerclent également l’ambassade de France, où les diplomates n’ont plus grand-chose à manger. Les militaires français, qui sont environ 1.500, ne sortent plus de leurs bases. Ils jouent aux cartes en attendant que cela se passe.
Emmanuel Macron a tenté la fermeté face aux putschistes, que la France ne reconnaît pas. La France a espéré une intervention militaire des pays africains voisins, mais cette intervention n’a pas eu lieu, et la position française est devenue intenable. On ne peut pas garder une présence militaire dans un pays qui n’en veut pas. Il n’y avait pas d’autre solution que de s’en aller. La France va donc quitter le Niger après avoir déjà été chassée de la Centrafrique, du Mali et du Burkina Faso.
UN SUCCÈS OU UN ÉCHEC?
Dimanche soir, à la télévision, Emmanuel Macron a parlé de cette opération comme d’un succès. L’objectif de ces missions était d’éradiquer le terrorisme et de stabiliser les pays. Aucun de ces objectifs n’a été atteint, les terroristes sont toujours là et contrôlent de larges parties du désert. Des massacres épouvantables ont lieu régulièrement. C’est donc difficile de qualifier ce départ de “succès”.
Emmanuel Macron affirme que sans cette intervention française, des régions entières seraient devenues des califats islamistes. C’est vrai, et si la France quitte le Sahel sans avoir vaincu le terrorisme, cela ne veut pas dire qu’elle n’a pas obtenu de résultats. Environ 3.000 combattants islamistes ont été tués en 10 ans, dont les chefs les plus importants. Mais à chaque fois, ils ont été remplacés.
Prenons un seul exemple, la ville de Tombouctou. Elle était effectivement devenue un petit califat, où l’on appliquait la charia et où l’on coupait la main des voleurs. Cette ville a été libérée par l’armée française. C’est là que François Hollande avait été accueilli comme un héros et qu’il avait parlé du plus beau jour de sa vie politique. Dix ans plus tard? Les Français ne sont plus là, Tombouctou est encerclée par les islamistes, placée sous blocus. Un ferry qui tentait d’amener de la nourriture a été attaqué la semaine dernière. Et Tombouctou a de bonnes chances de redevenir un petit califat.
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