Dr. Ibrahima Sangho, président de l’Observatoire pour les élections et la bonne gouvernance au Mali et ses compagnons ont animé, mercredi 29 novembre dernier à la Maison de la presse, une conférence de presse. Occasion pour les conférenciers d’inviter les autorités de la transition à poursuivre les réformes en cours, voire à communiquer sur la date de l’élection présidentielle.
Inscrite en droite ligne de la campagne nationale d’éducation civique et de mobilisation sociale pour l’effectivité des réformes politiques, institutionnelles et électorales au Mali, la présente conférence a permis au Dr. Sangho et ses soutiens de se prononcer, encore une fois, sur la tenue des différents scrutins qui s’annoncent au Mali. L’Observatoire pour les élections et la bonne gouvernance au Mali est une plateforme de 36 organisations non gouvernementales (ONG) et associations de la société civile. La structure a su développer une expertise dans le domaine électoral et sur les questions liées à la gouvernance démocratique au Mali depuis 1996. A sa prise de parole, le Dr. Ibrahima Sangho a d’abord rappelé que l’Observatoire a pu réaliser, d’août à nombre 2023, des débats radiophoniques et des conférences publiques en français et dans d’autres langues pour l’effectivité des réformes enclenchées par les autorités de la transition. Lesquelles activités ont été menées à Bafoulabe, Diré, Mopti, Kidal, Ménaka, Bamako, Gao et bien d’autres localités. Parlant des réformes, Ibrahima Sangho tenait à rappeler que les autorités ont annoncé, lundi 25 septembre dernier, le léger report de l’élection présidentielle prévue en février 2024. Ce scrutin est la seule élection dont les autorités envisageaient organiser pour la sortie de la transition. Les membres de l’Observatoire estiment qu’il faut impérativement procéder à des réformes, avant la tenue de la présidentielle, de même que les scrutins législatifs et communaux. « Il s’avère nécessaire pour les autorités de la transition de poursuivre des réformes avant la tenue de la prochaine présidentielle. Il s’agit essentiellement de la relecture de la loi électorale ». « Cette relecture doit être suivie de celle de la loi organique des députés et de celle de la charte des partis politiques », lit-on dans la déclaration. En clair, Ibrahima estime qu’il faut impérativement revoir l’article 152 de la loi électorale en vigueur avant la tenue de la présidentielle. Cet article prévoit que le Président de la République est élu au suffrage universel direct. Ainsi, indique le Dr. Sangho, l’élection a lieu au scrutin uninominal majoritaire à deux tours. Le Président de la République est élu à la majorité absolue des suffrages exprimés. Si celle-ci n’est pas obtenue au premier tour, il est procédé à un second tour, le deuxième dimanche suivant. S’agissant de la tenue des élections législatives et sénatoriales prochaines, l’Observatoire estime que des modifications doivent se faire afin d’être en phase avec les dispositions de la nouvelle constitution. Le président Sangho et ses soutiens mettent l’accent sur les articles 95, 96, 97 et 100 prévus en la matière. « Il faudrait introduire le plafonnement des dépenses et le dispositif de comptabilité des campagnes avec comme objectif d’instaurer la transparence, mais aussi d’améliorer l’équité entre les candidats lors des différents scrutins. Il faudrait aussi introduire l’audit des dépenses de campagne et l’appliquer à toutes les élections », a-t-il dit en évoquant la relecture de la loi N°05-047/ du 18 août 2005, portant charte des partis politiques. Le Dr. Sangho trouve qu’il faudra également supprimer la simple participation de l’article 29 de la charte des partis politiques. « Si nous respectons nos engagements et notre parole donnée, nous devons faire en sorte qu’on puisse organiser l’élection présidentielle en mars 2024, ou au plus tard en juin 2024. Dans tous les cas, il pourrait avoir une légère prolongation de la transition de trois mois. Pour y parvenir, dit-il, il faut un consensus national ». De nos jours, va-t-il arguer, la priorité des priorités doit être la relecture de l’article 152 de la loi électorale pour la tenue de l’élection présidentielle. A notre avis, confie le conférencier Sangho, « on est en train de marcher à pas de caméléon pour faire des réformes. La nouvelle constitution a été promulguée le 22 juillet dernier. Quatre mois après, regrette-t-il, on ne parle pas de réforme ». Aussi, énonce-t-il, la crise sécuritaire ne doit aucunement empêcher la tenue des élections. « Cet argument ne tient pas, puisque le Mali vit dans l’insécurité depuis 2013. L’observatoire invite les autorités de la transition à communiquer sur la date de l’élection présidentielle devant consacrer le retour à l’ordre constitutionnel au Mali », conclut Ibrahima Sangho.
Mamadou Diarra
Source : LE PAYS