Le 15 juin 2021, la salle des banquets Fanta Damba du Centre international de conférence de Bamako () a abrité les travaux de restitution nationale de la mission ACE-Mali Conseil dans les régions de Gao et de Tombouctou. Dénommée restitution nationale des « arbres à palabre », quand les femmes du Mali prennent la parole pour prévenir et résoudre les conflits par le développement, elle a été présidée par la représentante du Ministre de la Refondation de l’État, chargé des Relations avec les Institutions, Mme Fatoumata Touré, accompagnée par la coordinatrice du programme «les arbres à palabre », Mme Coumba Traoré, Mme Cathy Renée Andela, chef unité genre de la Minusma au Mali, les présidentes des CAFO (Coordination d’associations et ONG féminines du Mali) de Gao et de Tombouctou, respectivement Mme Lala et Mme Niamoye Alidji Maïga, la représentante du CSA (Comité de suivi de l’accord d’Alger), Mme Maïga Sina Damba. Y étaient aussi présents, l’ancien premier ministre Modibo Sidibé, les représentantes des ministères de la promotion de la femme, de la réconciliation nationale, du Conseil national de la transition, le représentant de la communauté arabe, les fortes délégations des femmes venues de Gao et de Tombouctou, etc.
Le Projet « les arbres à palabre », a été financé par la Minusma pour trois mois dans les régions de Gao et de Tombouctou, deux zones très impactées par la crise de 2012 et ses séquelles. Avec comme objectifs de placer les femmes au cœur des stratégies de sortie de crise, de réconciliation et du développement local dans le contexte de la transition au Mali, le programme a concerné 10 localités de la région Gao et 11 de la région de Tombouctou. Il a touché environ 1000 femmes. Après les missions, les femmes ont dressé un résultat sans complaisance de la situation actuelle du Mali, notamment de Gao et de Tombouctou. L’on note l’absence de l’administration et des Famas (Forces de défense et de sécurité maliennes) dans de nombreuses localités des deux régions ; un fort sentiment d’abandon des régions du Nord Mali. «Nous sommes au Mali quand les élections approchent. On a besoin de nos votes pour être le président du Mali. Après on se détourne de nous au nord» ; «l’Etat nation s’arrête à Bamako», « le Mali c’est de Bamako à Mopti », sont entre autres maux de détresse dressés par elles. Avant d’ajouter autres maux plus graves qui rongent le Mali jusqu’au mollet comme le manque de justice, la grande criminalité, l’impunité, la corruption, la mauvaise gouvernance, l’anarchie. «Ici personne ne veille sur nous, seule la providence divine nous protège», ont-elles confessé avec mécontentement à la délégation du projet «les arbres à palabre». Malgré leurs colères, les femmes de Gao et de Tombouctou n’ont pas manqué de faire des propositions de solutions et de recommandations pour un Mali de paix. Elles ont proposé de redéployer l’administration et les Famas sur l’ensemble du territoire national ; de rétablir les liens entre le sud et le Nord par la construction des infrastructures routières ; garantir la justice, l’éducation, l’emploi, la santé ; lutter contre le trafic des stupéfiants. Elles ont aussi demandé que les militaires et civils doivent s’accorder sur l’essentiel: l’intérêt supérieur de la nation malienne; rompre le sentiment d’abandon des populations et établir un pont entre Bamako et le Nord du Mali. Elles ont également exigé de relire et appliquer avec discernement les accords de paix issus du processus d’Alger ; intégrer les femmes dans le processus de paix et dans la transition aux côtés de l’Etat, avec la collaboration de la communauté internationale ; renforcer la cohésion et l’unité nationale par le bannissement de toutes les formes de discrimination sexuelle et d’idéologie de suprématie d’une race, d’une ethnie ou d’une communauté sur les autres en utilisant des moyens d’oppression ; accélérer la création de deux universités au Nord du Mali (à Gao et Tombouctou). Les femmes de Gao et de Tombouctou ont enfin demandé de construire deux hôpitaux de référence nationale dans les deux régions avec toutes les commodités pour éviter les évacuations au Niger, Mopti et Bamako ; promouvoir l’emploi, la formation des jeunes et femmes par un appui conséquent des ONG et de la Minusma; résoudre le problème épineux d’accès à l’eau dans toutes les localités par le système de forage.
Pour conclure, les participantes aux « arbres à palabre » exigent le retour de la paix, le désarmement de tous les groupes armés sans délai, la lutte contre les VBG, la corruption, le mensonge ; la constitution d’une véritable armée nationale répondant aux besoins réels du Mali ; l’évacuation de toutes les armées étrangères du territoire malien. L’idée de «les arbres à palabre» a été fortement saluée par les participants qui ont invité aussi les initiateurs, notamment la Minusma et ACE-Mali conseil à étendre le projet dans toutes les régions Mali.
Hadama B. Fofana
Source: Le Républicain- Mali