Le dernier rapport trimestriel de l’ONU sur la situation sécuritaire du Mali, sur la période de juillet à septembre, est disponible. Quatre ans après la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, et malgré la présence de plusieurs milliers de forces onusiennes et des unités antiterroristes de Barkhane aux côtés des FAMA, la situation sécuritaire reste très préoccupante. La restauration de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national est également peu reluisante.
Selon le rapport de l’ONU, le pourcentage d’administrateurs civils présents dans leur lieu d’affectation au nord et au centre du Mali est passé de 31% à 27% (67 % pour les gouverneurs, 53% pour les préfets et 17% pour les sous-préfets), essentiellement du fait de l’insécurité. Aussi, le rapport stipule que le transfert de fonds aux autorités locales reste un défi majeur, à cause de l’absence de services bancaires et financiers dans le nord du Mali.
Au 28 juin, 21% du budget de l’État avait été alloué aux collectivités locales, alors que, d’après l’Accord, elles auraient dû recevoir 30% des recettes de l’État avant décembre 2018. Le Gouvernement s’est efforcé de s’acquitter de ses obligations en allouant 3,5 millions de dollars aux 21 administrations provisoires de district, mais les fonds n’ont pas encore été versés. Les extrémistes ont mené 62 attaques asymétriques contre 59 pour la période précédente.
Situation sécuritaire au Centre et au Nord
La situation en matière de sécurité est restée complexe dans le nord et le centre du Mali. Les attaques perpétrées par des groupes terroristes, principalement dans le nord du Mali, ont continué de viser les FAMa, la MINUSMA et les forces internationales au moyen d’engins explosifs improvisés, de tirs de roquettes et de mortiers et de tirs d’armes légères. Les combats entre les groupes armés et leurs communautés respectives ont conduit à de violents affrontements dans les régions de Gao, Ménaka et Tombouctou. Des tensions ont persisté entre la Coordination des Mouvements de l’Azawad et des membres de la communauté Daoussak affiliée au Mouvement pour le salut de l’Azawad, dans les régions de Gao et Ménaka.
Dans le centre du Mali, les conflits intercommunautaires exacerbés par la présence de groupes extrémistes ont continué de faire de nombreuses victimes civiles et de détruire les moyens de subsistance pendant la période considérée, les cercles de Bandiagara, Bankass, Douentza et Koro (région de Mopti) étant les plus touchés. Les visites du Premier ministre, conjuguées à l’intensification de mesures politiques ou liées à la sécurité et d’efforts de réconciliation entrepris par le Gouvernement, avec l’appui des partenaires locaux et internationaux, ont permis de réduire légèrement la violence et semblent avoir contribué à une diminution des attaques à grande échelle.
Toutefois, le massacre du village de Sobane Da, le 9 juin dernier, a coûté la vie à plus de 35 civils parmi les Dogons, pour la plupart des enfants. Des attaques de moindre envergure, y compris des actes de représailles, continuent d’être signalées presque quotidiennement.
Attaques asymétriques et autres
Les extrémistes ont mené 62 attaques asymétriques, le nord du Mali enregistrant la majorité avec 67 % des attaques [à Tombouctou (15 attaques), Gao (14), Kidal (10) et Ménaka (3)] suivi de 31% dans les régions de Mopti (17 attaques) et de Ségou (2), et une attaque dans la région de Kayes. Ce chiffre est relativement similaire à celui de la période précédente, au cours de laquelle 59 attaques avaient été perpétrées, principalement dans les régions du Nord (58% des attaques). Bien que la région de Mopti ait enregistré le plus grand nombre d’attaques au cours de la période considérée, le nombre total d’attaques a diminué par rapport à la période précédente.
La MINUSMA a continué d’intensifier ses efforts pour atténuer les conséquences des attaques asymétriques, notamment dans le cadre des opérations Flow et Flint. La MINUSMA, les forces de défense et de sécurité nationales et les forces internationales ont continué d’être la cible d’attaques asymétriques. Il y en a eu 20 contre la MINUSMA, dans les régions de Kidal (6), Tombouctou (5), Gao (4), Mopti (3) et Ménaka (2), qui ont causé la mort d’un entrepreneur et fait des blessés parmi les soldats de la paix (25), les civils (3) et les entrepreneurs (4). Au cours de la période précédente, 12 attaques contre la MINUSMA ont fait 4 morts et 12 blessés parmi les soldats de la paix.
Le 26 juillet, un véhicule blindé de transport de troupes de la MINUSMA escortant un convoi logistique a heurté un engin explosif à environ 78 kilomètres au sud-est de Tombouctou, sur l’axe Bambara-Maoudé (région de Tombouctou), faisant six blessés parmi les soldats de la paix. Le 16 août, un véhicule loué par la MINUSMA faisant partie d’un convoi logistique a heurté un engin explosif à environ 35 kilomètres à l’est d’Indelimane, district de Ménaka, sur l’axe Ansongo-Ménaka. Un entrepreneur civil a été tué et deux autres blessés.
Le 20 août, un véhicule de la MINUSMA protégé contre les mines a heurté un engin explosif à environ 2 kilomètres au nord-est du camp de la MINUSMA à Kidal. Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans a revendiqué l’attentat qui a fait sept blessés parmi les soldats de la paix, dont un grave. Le 22 juillet, un véhicule piégé destiné à des attentats-suicides a explosé à l’entrée du camp des forces internationales à Gao, blessant 30 personnes, dont 2 entrepreneurs de la MINUSMA. Il s’agit de la seule attaque de ce type contre les forces internationales au cours de la période considérée. Au cours de la période, il y a eu 32 attaques contre les forces de défense et de sécurité nationales, qui ont fait 42 morts et 33 blessés, contre 35 attaques ayant fait 67 morts et 51 blessés au cours de la période précédente.
Les groupes signataires, pour leur part, ont été la cible de 10 attaques d’éléments extrémistes dans les régions de Gao (7), Tombouctou (2) et Kidal (1). Cinq éléments de la Coordination des mouvements de l’Azawad et quatre de la Plateforme ont été tués.
Au cours de la période couverte par le précédent rapport, les groupes armés signataires ont subi 11 attaques, qui ont fait 43 morts et 17 blessés. Le centre du Mali a continué d’être le plus touché par les incidents liés aux engins explosifs improvisés, 69% des attentats ayant eu lieu au premier semestre de 2019 ayant été commis dans cette région contre 51% à la même période en 2018. Les civils continuent d’être les principales victimes, avec 110 au premier semestre 2019, contre 112 au cours de la même période en 2018.
Défense et de sécurité
Sur ce plan également, la Minusma estime que des progrès ont été enregistrés dans le processus accéléré de désarmement, démobilisation et réintégration. Ainsi, à la date du 9 septembre, la MINUSMA a transporté 1 448 anciens combattants relevant du Mécanisme opérationnel de coordination vers des centres de formation des forces armées nationales. À l’issue d’une formation militaire de base, le 2 septembre, dans les centres de formation des forces armées maliennes dans les régions de Ségou et de Koulikoro, ils ont reçu leurs numéros d’immatriculation et d’identification marquant leur intégration formelle dans les forces armées.
Au total, 668 anciens déserteurs qui ont rejoint des groupes armés en 2012 ont réintégré les forces armées nationales et ont été redéployés dans leurs anciennes unités en conservant leur grade, conformément aux dispositions de l’Accord. Le 25 juin, la Commission nationale de désarmement, démobilisation et réinsertion et le Conseil national pour la réforme du secteur de la sécurité ont achevé le projet de décret sur l’intégration des combattants relevant du Mécanisme opérationnel de coordination dans les forces de défense et de sécurité nationales.
Le 3 septembre, le Conseil national a adopté un plan d’action concernant une stratégie nationale de réforme du secteur de la sécurité ainsi que le projet de décret sur les modalités d’octroi des grades, le commandement, et la reclassification des ex-combattants des mouvements signataires dans les structures étatiques compétentes, notamment la fonction publique et les forces de défense et de sécurité nationale.
La Commission technique de sécurité s’est réunie quatre fois au cours de la période considérée. Les sessions ont porté sur le transport des combattants relevant du Mécanisme opérationnel de coordination, les modifications éventuelles apportées aux mesures de contrôle existantes concernant les convois et les armes lourdes et les résultats de l’enquête des équipes mixtes d’observation et de vérification concernant Talataye (région de Gao).
Par sidi DAO
Source: Info Matin