Une date, le mardi 14 novembre 2023. Ce jour là les forces gouvernementales reprenaient pied dans la ville de Kidal après 11 ans d’absence entretenue par une certaine communauté internationale. Comme une répétition du drame de la rébellion touarègue des années 1960 et 1990, le 17 janvier 2012, des séparatistes regroupés au sein d’un pseudo-mouvement indépendantiste appelé Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) alliés à des groupes terroristes s’en prenaient à l’armée malienne à Aguelhok en exécutant en violation de la convention de Genève, le capitaine Sékou Traore alias « Bad » et de plus de cent soldats maliens à court de munition.
Cette tragédie a laissé un goût amer chez le peuple malien qui n’avait d’autre choix que de prendre son mal en patience. Il a fallu attendre 11 bonnes années pour que les FAMas galvanisées par quatre meneurs d’hommes, le président de la transition chef de l’Etat colonel Assimi Goita, son Premier ministre Docteur Choguel Kokalla Maiga, le ministre de la défense et des anciens combattants colonel Sadio Camara et le chef d’état major général des armées Oumar Diarra puissent atteindre cet objectif. Rappelons que malgré les assurances données par le Colonel Assimi Goita sur la détermination de l’armée malienne à occuper toutes les emprises cédées par la Mission multidimensionnelle intégrée des nations unies pour la stabilisation du Mali (MINUSMA) lors du discours qu’il a tenu à l’occasion du 63 eme anniversaire de l’indépendance certains n’ont pas cru sous l’effet de la manipulation . Il faut le dire le peuple malien est devenu sceptique suite aux événements du 6 avril 2012 qui ont vu les pseudo-séparatistes proclamés solennellement l’indépendance de la fantomatique république de l’Azawad sous le regard impuissant des forces armées maliennes et des forces vives de la nation. Il a fallu que les forces internationales à commencer par la force française Barkhane, le G5 Sahel, la task force européenne Takuba et la MINUSMA évacuent le Mali pour que les FAMas reprennent l’initiative stratégique sur le terrain après une série de repli stratégique. Chacun avec son caractère jouera sa partition pour redonner confiance aux troupes gouvernementales. Bien avant ce coup de poing, le Mali a pris soin de renouer avec la grande Russie qui a entretenu des relations fraternelles avec le Mali du temps de l’empire soviétique. En effet le président russe Vladimir Poutine qui suivait de prêt le comportement hypocrite de la France envers le Mali n’a pas fait le dos rond lorsque les autorités de la transition issues de la rectification ont sollicité son appui pour rééquiper l’armée malienne avec de puissants moyens aériens et terrestres. Cette oreille attentive prêtée par Vladimir Poutine a failli prendre un coup à cause d’une certaine presse occidentale qui promettait l’apocalypse si l’armée malienne mettait la main sur la ville de Kidal. Le retour du drapeau malien à Kidal a été plutôt accueilli dans la ferveur populaire. Cet habitant très enthousiaste n’a pu retenir ses larmes : « depuis 11 ans nous attendions ce moment » a-t-il fait savoir. Et de poursuivre le visage plein d’espoir : « Kidal respirera le Mali jusqu’au jour du jugement dernier ». Comme si le retour des forces gouvernementales dans la capitale de l’Adrar des Ifoghas est un crime des medias occidentaux à la solde d’une certaine chancellerie occidentale n’ont pas manqué de signaler à tort des cas de viols. Ces medias qui excellent dans l’art de la manipulation devaient prendre soin de dire aussi que les officiels maliens ont donné toutes les assurances à la population civile présente à Kidal et à ceux qui ont quitté la ville pour aller grossir le lot des refugiés. Le Mali a repris confiance quand le Premier ministre Docteur Choguel Kokalla Maiga a marché sur langue du président de la transition en disant que nous allons prendre Kidal. Cette assurance du premier responsable de l’administration malienne a été corroborée par l’ultimatum qu’il a adressé à Iyad Aghaly et Amadou Kouffa en leur intimant l’ordre de déposer les armes. A sa suite le ministre de la défense le Colonel Sadio Camara dira que si les groupes armés refusaient de déposer les armes, ils seront poursuivis jusque dans les grottes. Un peuple vit d’espoir c’est pourquoi le 11 janvier 2013 quand la France a lancé l’opération « Serval », le peuple malien enthousiaste avait pardonné à la France son intervention maladroite en Libye avec le soutien des autres pays membres de l’OTAN. Suite a une offensive éclaire de deux semaines les armées françaises et maliennes mettaient en déroute les groupes terroristes. A la veille de cette intervention le président français François Hollande lançait cette phrase : « c’est l’existence même de ce pays ami qui est en péril la France répond favorablement à la demande du Professeur Dioncounda Traore ». Extasié par les propos de François Hollande, le président de la transition Professeur Dioncounda lâchera cette phrase : « chaque malien est soldat, le Mali est un leg eternel que chaque génération se doit de transmettre intact ». Certains sont allés jusqu’à comparer cette intervention française au débarquement de Normandie le 6 juin 1944 appelé communément le jour le plus long. Le président Hollande qui a fait escale à Tombouctou pour constater de visu les dommages causés par l’occupation djihadistes sur les mausolées de Tombouctou avant de gagner Bamako tiendra un discours qui va le rattraper plus tard. Au boulevard de l’indépendance, le même président Hollande dira que c’est le plus grand jour de sa carrière politique que la France est venue rembourser une dette parce que les africains sont morts pour la France pendant les deux guerres mondiales. Mais les propos de Hollande cachaient mal l’autre image de la France qui est la trahison. En son temps l’ambassadeur de la France qui était en poste au Mali Christian Rouyer avait alerté Hollande sur les risques d’une collaboration avec le Mouvement national de libération de l’Azawad. Le peuple malien ne comprendrait pas cela car il considère le MNLA comme le diable en personne. En janvier 2013 quand, la France intervenait au Mali, elle a gagné la guerre de la communication en faisant croire que si les groupes djihadistes avaient pu prendre le contrôle de l’aéroport Ambodedio de Sevare (Mopti), ils seraient à 3 heures d’Ouagadougou à 4 heures de Bamako. Ils étaient nombreux ceux qui pensaient au déluge après le départ des forces internationales. Mais un pays c’est les hommes et le Mali a eu ces conducteurs d’hommes qui nous ont conduits à la victoire finale et qui ont ouvert les yeux du continent africain. Le Mali a été la locomotive qui a tiré les wagons Burkina Faso, Guinée et Niger. Avec l’entrée des troupes maliennes dans la ville de Kidal, la machine de la libération de l’Afrique a commencé et elle ne s’arrêtera plus.
Badou S. Koba
Le Triomphe