Le glissement du calendrier électoral en raison des contraintes certes techniques évoquées par le ministre porte-parole du gouvernement, mais également des contraintes constitutionnelles et légales auront forcément un impact sur le calendrier électoral. Le léger report pourrait aller d’une semaine à quelques mois. Juste le temps d’apurer le solde (le prétexte) avec la société française. Si c’est vraiment une question d’argent ou encore d’instruction venant de l’Elysée…
Ce lundi 25 septembre, le Ministre d’Etat, ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maiga a annoncé un léger report de l’élection présidentielle initialement prévues pour le dimanche 4 février 2024 (premier tour) et le dimanche 18 février 2024 (second tour). Le ministre évoque plusieurs raisons pour justifier cette décision.
Au nombre de ces raisons, il a cité notamment de deux contraintes constitutionnelle et légale d’une part et d’une technique majeure liées à des représailles de la junte française contre notre pays dans l’exercice de ses choix souverains :
Contrainte constitutionnelle
L’incorporation d’une nouvelle disposition constitutionnelle dans la loi électorale, allongeant le délai entre les deux tours de l’élections présidentielle. L’article 48 de la Constitution 2023 du 22 juillet dit que «le Président de la République est élu à la majorité absolue des suffrages exprimés. Si celle-ci n’est pas obtenue au premier tour, il est procédé à l’organisation d’un second tour le troisième dimanche qui suit la proclamation des résultats du premier tour par la Cour constitutionnelle».
A moins de demander aux autorités de transition de fermer les yeux sur les dispositions constitutionnelles et d’organiser des élections à la va vite pour transmettre sous la dictée de la CEDEAO et de la Communauté internationale le pouvoir à celui qu’elles auront désigné, le glissement du calendrier électoral est obligatoire. L’ancienne Constitution dit, deux semaines, le nouveau trois. Donc il faut consentir ce léger report ne serait que d’une semaine.
Contrainte légale
L’intégration des résultats de la révision annuelle des listes électorales du 1er octobre au 31 décembre 2023 dans le fichier électoral à partir de janvier 2024, visant à assurer une large participation des Maliens aux prochaines élections. L’article 52 de la loi électorale du 24 juin 2022 dit que «les listes électorales font l’objet d’une révision annuelle du 1er octobre au 31 décembre de chaque année. Durant toute l’année qui suit la clôture de la liste électorale, les élections sont faites suivant la liste révisée et arrêtée au 31 décembre ».
Le vote est non seulement un devoir mais un droit constitutionnel. On ne peut priver les nouveaux majeurs d’un vote sous prétexte de respect d’un chronogramme qui du reste n’est pas parole d’évangile. Sinon Zelensky a repoussé la date de sa présidentielle sans que cela ne donne lieu à redire ; et il bénéficie toujours de soutiens chiffrés à des milliards d’euros par mois.
Contrainte technique
La ‘’prise en otage’’de la base de données du recensement administratif à vocation d’État civil par le prestataire Idemia, une société française, ce qui a entraîné des complications.
En effet, la société française Idemia a refusé de coopérer avec le gouvernement du Malien en invoquant des questions contractuelles liées à de sordides questions d’argent. Selon elle, le Mali lui doit encore plus de 5 milliards de FCFA pour honorer le contrat signé en 2018. Cette situation de blocage a eu des conséquences graves, notamment l’incapacité d’enrôler de nouveaux électeurs et de mettre à jour les informations du fichier électoral.
Le ministère de l’administration territoriale et de la décentralisation a pris des mesures urgentes, telles que la mise en place d’un système de génération de numéros temporaires et la saisine du vérificateur général pour un audit du contrat avec Idemia. Cet audit a révélé des irrégularités, notamment le contournement des procédures d’autorisation du Premier ministre et des ententes directes irrégulières.
La France à travers cette société Idemia va-t-elle être responsable du report de nos élections et subséquemment de notre transition ? Tout semble l’indiquer. Or, dans le contexte géopolitique actuel, notre pays ne souhaite de confrontation avec personne et ne souhaite devenir un théâtre d’aucune confrontation ou compétition des intérêts géopolitiques de puissances étrangères, notamment de la France. Le Mali est disposée à coopérer avec tous les pays respectueux de notre souveraineté, de nos choix et des intérêts stratégiques et souverains. La France ne fait pas exception à la règle.
Toutefois, notre pays dénonce avec légitimité les ingérences d’une certaine France qui continue d’armer et de soutenir les groupes armés terroristes contre lui et contre les Etats Burkinabè et Nigérien.
En dépit du retrait de ses troupes de notre pays, la France continue en toute impunité ses agissements et manœuvres de déstabilisation, ses actes d’hostilité et d’agression contre le Mali. L’exemple concret est celui donné par notre ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale ce samedi 2 » septembre à la tribune de l’ONU : «la récente libération de terroristes dans la zone des trois frontières du Burkina, du Mali et du Niger, en dehors de tout cadre judiciaire et à l’insu des Etats concernés, pour perpétrer plus d’actions terroristes contre nos populations civiles et nos Forces de défense et de sécurité».
Selon le chef de notre diplomatie, «les actes hostiles de la France s’illustrent également par ses interventions intempestives et illégales pour retarder voire empêcher le traitement de nos demandes de financement dans plusieurs Institutions financières sous- régionales, régionales et internationales. Dans le même ordre d’idées, il est regrettable que le même pays tente, et parfois parvienne malheureusement à instrumentaliser des organisations sous régionales africaines, opposant des pays frères les uns aux autres, uniquement pour ses intérêts géopolitiques, dans une démarche néocoloniale et paternaliste».
Donc la France de Macron fasse pression sur une société française afin de mettre les bâtons dans les roues du Mali souverains, ce n’est malheureusement que logique. Un pays qui n’a pas hésité à couper le visa aux enfants qui vont juste étudier en France, n’aura aucun scrupule à confisquer notre base de données électorales et l’utiliser à d’autres fins.
Affaire à suivre
PAR SIKOU BAH
Info Matin