Le 18 juin 2023, les maliens se prononceront sur la nouvelle constitution proposée par le gouvernement de la transition, à travers un référendum dont le scrutin se passera sur toute l’étendue du territoire national. C’est ce qui a été décidé lors du conseil de Ministre extraordinaire tenu le vendredi le 05 mai 2023, sous la présidence du Président de la transition. Selon certains observateurs politiques et ceux de la société civile, cette nouvelle constitution n’est pas la priorité du moment, vu les différents défis que notre pays traverse depuis des années. Madame DIAWARA Aissata Lady TOURE, Présidente du Bureau national des femmes du RPM fait partie de ceux qui pensent que le Mali a d’autres priorités.
A travers un entretien qu’elle a bien voulu nous accorder, hier mardi, au siège de son parti, la présidente du BPN/UF/ RPM s’est prononcée sur la tenue d’un référendum, dans le contexte actuel de notre pays, qu’elle trouve difficile.
Selon elle, une révision constitutionnelle ou une nouvelle constitution n’était pas la priorité du moment.
« À mon humble avis, la transition dans sa mission régalienne devait se concentrer davantage sur la sécurité, en premier lieu. En d’autres termes, bouter les terroristes hors de toute l’étendue de notre pays. Ensuite, œuvrer pour la paix et la cohésion sociale entre les fils du pays. Si vous remarquez, ces derniers temps, les Maliens sont plus que jamais divisés. Une frange qui se croit pro-transition charge les autres maliens d’apatrides. Alors que ceux-là qui contestent certaines dérives qui entachent le processus de la transition sont dans leur rôle d’alerter. Et, même s’il le faut hausser le ton pour appeler les plus hautes autorités à lorgner vers les contestations, pour bien analyser la situation du pays », a-t-elle martelé.
Mme Lady TOURÉ trouve à cet effet qu’une transition n’a pas d’opposants, mais des conseillers de tout bord.
«Moi je peux sincèrement dire que la transition n’a même pas d’opposition. Une transition est pour tout le monde et tout le monde a le devoir de veiller à son bon déroulement pour qu’elle arrive à bon port. Ceux qui sont considérés comme des opposants, sont par contre des conseillers. Car ils dénoncent certes, mais ils donnent aussi des pistes de solutions pour que notre pays sorte de la transition d’une manière participative et honorifique pour tous les maliens », a-t-elle tenu à préciser.
Elle a, par ailleurs, rappelé que la paix et le développement sont les véritables gages d’un pays stable où il faut penser à organiser un référendum.
« Il n’y a pas de développement sans paix. Toutes ces réformes se retrouvent dans le développement. C’est difficile qu’on y arrive. A cette division des maliens s’ajoute l’épineuse question de la vie chère. Le malien lambda souffre de la flambée des prix et de cette pauvreté grandissante », a-t-elle déploré.
Pour elle, il fallait rassembler les maliens d’abord avant d’organiser un référendum.
« S’ils arrivaient à rassembler les Maliens, et avoir une réponse durable à la cherté de la vie, tout le monde allait adhérer à leur proposition. C’est vrai que la constitution de 1992 doit être adaptée aux nouvelles exigences du moment, mais je trouve que ce n’était pas le moment, à mon humble avis », s’est-elle montrée perplexe.
Pour finir, Mme Diawara a insisté sur la cohésion sociale dans un contexte difficile que notre pays traverse.
« Ces derniers temps, nous constatons que notre société prend des coups de toute part. L’on a l’impression que nous avons réinventé une nouvelle société. Que de crimes passionnels ! Que de violences ! Que d’attaques personnelles mal placées ! Que d’injures ! Sommes-nous dans des familles ? Sommes-nous dans le même pays ? Il faut que ça change. Nous devons être un seul bloc contre l’ennemi commun, qui est le terrorisme » a-t-elle conseillé, avant de rappeler le rôle de la femme pour une paix durable dans un pays en proie de plusieurs défis comme le nôtre.
« Le rôle de la femme n’est pas méconnu au Mali. Comme le dit l’adage, derrière chaque grand homme se cache une femme. Nous n’avons pas besoin de revendiquer ce rôle, nous l’incarnons. Tout notre parcours de femme est marqué du sceau de ce rôle de la société Donc chaque femme doit être un soldat de la paix et surtout de la justice sociale », a-t-elle dit.
PAR CHRISTELLE KONE
Source : Info Matin