Après la réélection d’Erdoğan à la tête de la Turquie, les présidents africains l’ont félicité et ont vanté la démocratie turque.
En Turquie, Recep Tayyip Erdoğan a, dimanche, été réélu président. Une élection, face à Kemal Kılıçdaroğlu, qui montre le fossé qui existe entre l’Occident et l’Afrique. Car, depuis plusieurs mois, les médias européens, et français en particulier, ont fait de Kılıçdaroğlu le sauveur de la démocratie turque, fustigeant Erdoğan, que d’aucuns, en France, affublent du qualificatif de dictateur.
Mais du côté du continent africain, les dirigeants ont observé de loin ce scrutin. La réélection du président turc sortant est une bonne nouvelle pour ces présidents, qui l’ont vivement félicité dès l’annonce des résultats officiels. Du chef de l’État ivoirien Alassane Ouattara au président algérien Abdelmadjid Tebboune, en passant par le Sénégalais Macky Sall, l’Egyptien Abdel Fattah al-Sissi ou encore Andry Rajoelina, Mohamed Bazoum et Ibrahim Traoré, la plupart des dirigeants ont semblé heureux de voir Erdoğan rempiler.
Il faut dire que, depuis qu’il est au pouvoir en Turquie, Recep Tayyip Erdoğan s’est particulièrement tourné vers l’Afrique. Une politique étrangère qui a été débutée par ses prédécesseurs, Abdullah Gül et Ahmet Necdet Sezer, qui ont développé la diplomatie turque au début des années 2000, faisant d’Ankara un acteur majeur en Afrique.
Un partenaire solide
Diplomatiquement, la Turquie pèse bien plus qu’au début du siècle : le pays dispose désormais de 43 ambassades implantées en Afrique. Soit 31 de plus qu’en 2002. « La réélection d’Erdoğan symbolise la poursuite de cette politique de partenariat Afrique-Turquie. Avec Kılıçdaroğlu, les présidents africains ne savaient pas vraiment à qui ils allaient avoir à faire », affirme un observateur de la vie politique turque.
Mohamed Bazoum, le président du Niger, ne s’y trompe d’ailleurs pas : à la tête de l’État, Erdoğan « contribuera à renforcer davantage les relations si fructueuses entre nos deux pays », a déclaré le chef de l’État qui, par ailleurs, tacle l’Europe en vantant la « belle leçon de démocratie » donnée par le peuple turc. Même sentiment chez Umaro Sissoco Embaló, patron de la Cedeao, qui voit dans la réélection d’Erdoğan « une grande marque de confiance du peuple turc ».
Au-delà de l’aspect diplomatique, c’est également, pour l’Afrique, une politique économique fructueuse qui va se poursuivre. La Turquie s’est imposée en Afrique, le volume des échanges turcs avec l’Afrique s’étant élevé en 2021 à 28,3 milliards de dollars. Ankara espère d’ailleurs doubler son commerce extérieur avec l’Afrique à l’horizon 2026. Plusieurs pays, autrefois très proches de la Chine, commencent à se tourner vers la Turquie : le Ghana et l’Angola, par exemple. Mais également les États proches de la France, comme le Togo, dont le président a également félicité Erdoğan.
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