Le secrétaire général des Nations unies a rendu public son document au moment où notre pays se prépare à entamer une nouvelle page de la Transition. Il recommande le renouvellement du mandat de la Mission onusienne en maintenant les effectifs militaires et de police à leur niveau actuel
Dans son dernier rapport sur la situation du Mali, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, décrit les principaux faits survenus dans notre pays sur le plan politique ces trois derniers mois. Comme faits nouveaux, il évoque les progrès accomplis dans la mise en œuvre de la feuille de route de la Transition, notamment la publication du calendrier électoral et le lancement des préparatifs des prochaines élections.
Antonio Guterres dénonce les bouleversements politiques marqués par l’arrestation du président de la Transition, Bah N’Daw et du Premier ministre, Moctar Ouane, ayant conduit à leur démission. Il déplore aussi la lenteur dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation et l’assassinat, le 13 avril, du président de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA).
Antonio Guterres rappelle également que le 31 mars dernier, le Premier ministre a pris un décret portant création du Comité d’orientation stratégique sur les réformes politiques et institutionnelles. Lequel aura un rôle consultatif en appui aux réformes politiques et institutionnelles engagées, notamment en ce qui concerne la réorganisation territoriale, la révision de la Constitution et les réformes électorales.
PARVENIR À UN CONSENSUS- Le secrétaire général des Nations unies est revenu sur la mission de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), conduite par Goodluck Jonathan dans notre pays du 9 au 12 mai. Mission à l’issue de laquelle, la Cedeao a constaté avec satisfaction que des progrès avaient été réalisés et a noté les préoccupations soulevées par certaines parties prenantes concernant la hiérarchisation des priorités dans les réformes, la nécessité de parvenir d’urgence à un consensus sur le choix de la structure de surveillance des prochaines élections, la réorganisation territoriale, la transparence et l’inclusivité dans le processus de transition.
Antonio Guterres a indiqué que le 14 mai, le Premier ministre a démissionné. Et immédiatement reconduit dans ses fonctions, il a engagé des négociations en vue de former un nouveau gouvernement. Mais bien avant, à l’initiative du président de la Transition, une série de réunions avaient eu lieu avec des représentants des partis politiques et de la société civile dont le M5-RFP qui a demandé la dissolution du gouvernement et la rectification du processus de transition. C’est ainsi que le 24 mai, poursuit le rapport, le président de la Transition a, par décret, annoncé la formation d’un nouveau gouvernement, dans lequel ont été remplacés les ministres de la Défense et de la Sécurité, tous deux membres de l’ex-Comité national pour le salut du peuple (CNSP) qui avait démis l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta de ses fonctions en août 2020.
Le même jour, le président de la Transition, le Premier ministre et plusieurs représentants de l’État ont été arrêtés et conduits dans le camp militaire de Kati, où ils ont été placés en détention, rappelle le rapport. Ajoutant que le 25 mai, la délégation de la Cedeao s’est de nouveau rendue à Bamako pour demander la libération des détenus et faciliter la recherche d’une solution. Après la démission du président de la Transition et du Premier ministre le 26 mai, le 28, la Cour constitutionnelle a confirmé l’ancien vice-président colonel Assimi Goïta comme président de la Transition.
Le 30 mai, les chefs d’État et de gouvernement des pays de la Cedeao ont tenu un sommet extraordinaire à Accra où ils ont décidé de suspendre le Mali de l’organisation conformément aux textes.
Pour le secrétaire général des Nations unies, seul un gouvernement réellement inclusif, dirigé par des civils et auquel les femmes participent pleinement pourra paver la voie d’élections crédibles, favoriser la cohésion sociale et restaurer la confiance de la population envers les institutions publiques.
SITUATION DES DROITS HUMAINS- Sur un tout chapitre, Antonio Guterres indique que la période considérée a été marquée par une forte détérioration de la situation des droits humains qui s’explique principalement par une augmentation de la violence contre les civils, en particulier dans certaines zones du Sud du pays. Selon lui, les attaques perpétrées par les groupes extrémistes violents continuent d’être la cause de nombreuses atteintes, dont des meurtres, de graves dommages corporels et des déplacements forcés de civils.
Par ailleurs, Antonio Guterres a rappelé que le 30 mars, la Minusma a publié un rapport de l’organisation sur les résultats de l’enquête relative aux droits humains menée à la suite d’une frappe aérienne effectuée par la Force Barkhane.
Compte tenu de l’environnement complexe, difficile et dangereux dans lequel la Mission opère, il propose d’adopter des stratégies novatrices, adaptées, souples et axées sur l’être humain. À cet effet, il souhaite que le mandat de la Minusma soit prorogé d’un an, jusqu’au 30 juin 2022, en maintenant les effectifs militaires et de police à leur niveau actuel.
Dieudonné DIAMA