Dans son rapport intitulé « Services publics ou fortunes privées? » publié le lundi 21 janvier 2019, l’ONG Oxfam fait l’état de la situation des inégalités dans le monde au cours de l’année 2018 qui vient de s’écouler. Une année qui a vu la concentration des richesses entre les mains des plus riches du monde au détriment de la population la plus pauvre qui a vu sa richesse chuter. Une situation qui a favorisé des phénomènes comme la déscolarisation des enfants, les problèmes de santé, etc. Oxfam formule des recommandations pour éradiquer cette situation.
« Services publics ou fortunes privées ? » Ce rapport lève le voile sur les inégalités dans le monde. À lire ce document d’Oxfam, 2018 mérite d’être appelé l’année des inégalités dans le monde. Durant cette année, les milliardaires du monde ont vu leur fortune augmentée de 800 milliards de Dollars soit 2,5 milliards de Dollars par jour. Or, en Afrique subsaharienne, l’extrême pauvreté s’est beaucoup plus accentuée. Celle-ci touche 3,4 milliards de personnes, note-t-on dans ce rapport qui précise que moins de la moitié de la population vit avec moins de 5,50 dollars par jour. Les 50% des richesses mondiales sont détenus par les hommes, indique-t-on dans ce document. « Le fossé entre les riches et les pauvres nous sépare. Il nous empêche d’éradiquer la pauvreté et de tendre vers l’égalité entre les femmes et les hommes », lit-on dans ce rapport.
À travers ce document, il est possible de comprendre que les services publics de base notamment l’éducation et la santé ne sont pas disponibles de façon équitable pour tous les citoyens.
Selon l’ONG Oxfam, le coût humain de ces inégalités s’évalue à 262 millions d’enfants non scolarisés, au décès de près de 10 000 personnes pour faute de soins sanitaire, à l’exécution de 16,4 milliards d’heures de travail non rémunéré effectuées dans la majeure partie des cas par des femmes pauvres. Pendant que cette majorité croupit sous le poids de la pauvreté, la fortune des milliardaires s’accroit pour atteindre 900 milliards de Dollars en 2018 soit 2,5 milliards de Dollars par jour, indique le rapport qui précise que la richesse de la moitié la plus pauvre au sein de la population mondiale a chuté de 11%.
Comme cause de cette inégalité depuis la crise financière de 2008 : « … Les élites fortunées et les grandes entreprises bénéficient des taux d’imposition les plus bas de ces dernières décennies. »
« Entre 2017 et 2018, on dénombrait un nouveau milliardaire tous les deux jours », indique Oxfam pour expliquer ensuite que le propriétaire d’Amazon, Jeff Bezos, qualifié d’être l’homme le plus riche du monde, a vu sa fortune atteindre 112 milliards de Dollars en 2018.
« …Les citoyen-ne-s ordinaires qui participent à la prospérité de l’économie s’appauvrissent au profit de l’enrichissement des comptes bancaires des milliardaires », déplore dans ce rapport Nick Hanauer, entrepreneur et investisseur en capital-risque avant de préciser : « Cette société exclusive et hautement inégalitaire qui se construit autour de l’extrême richesse d’une minorité peut paraître solide et inébranlable à l’heure actuelle, mais elle finira par s’effondrer. Les fourches finiront par sortir et le chaos qui s’en suivra n’épargnera personne, ni les riches comme moi ni les plus pauvres qui sont déjà laissés-pour-compte. » De son côté, Nellie Kumambala, enseignante dans le secondaire au Malawi donne également ces impressions sur cette situation dans dans ce rapport : « Ce rapport d’Oxfam m’a fait découvrir l’ampleur du fossé entre les riches et les pauvres dans ce monde, combien de richesses sont détenues par une poignée d’élite, alors que la grande majorité se partage si peu. Comment Dieu peut-il tolérer une telle injustice ? Je paie des impôts chaque mois sur mon maigre salaire. Je ne comprends pas pourquoi celles et ceux qui ont tout manquent à leurs obligations fiscales alors qu’elles sont censées participer au financement du développement ».
Comme rien n’est irrévocablement sans solution, pour une réduction drastique de ces inégalités dans le monde, Oxfam propose. C’est dans ce cadre que Gro Harlem Brundtland, membre fondateur de The Elders, directrice générale de l’Organisation mondiale de la Santé entre 1998 et 2003, première femme au poste de Premier ministre de Norvège explique : « La lutte contre les inégalités reste l’une des problématiques les plus éprouvantes du monde. L’accès aux services publics universels est une solution avérée pour y parvenir. Nous devons désormais prendre des mesures contre les inégalités extrêmes afin de façonner un monde plus juste, plus sain et plus harmonieux pour toutes et tous, et pas seulement pour une minorité. »
À travers ce rapport, Oxfam propose entre autres comme recommandations de : fournir des soins de santé, une éducation et d’autres services gratuits et universels à tous ; décharger les femmes des millions d’heures de travail non rémunérées qu’elles consacrent chaque jour au soin de leur famille et de leur foyer ; mettre un terme au nivellement par le bas de l’imposition des entreprises et des individus fortunés en taxant la richesse et le capital à des niveaux équitables.
Ces mesures permettront de scolariser les 262 millions d’enfants non scolarisés dans le monde, note le rapport qui indique également qu’elles permettront de proposer des soins de santé pouvant conduire à sauver la vie de 3,3 millions de personnes.
Fousseni TOGOLA
Source: Le Pays