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Que sont ils devenus… Dramane Dembélé dit Dra Djan : L’immense libéro du DAC et des Aigles du Mali des années 80

Dramane Dembélé, ancien international de l’AS Commune II et du Djoliba AC est notre héros de la semaine, pour enrichir les belles pages de la rubrique “Que sont-ils devenus ?” Il est un des acteurs principaux du retour des Aigles sur la scène internationale, c’est-à-dire les éliminatoires de la Can de Tunis-1994. Depuis sa retraite footballistique en 2001 au terme d’une aventure de sept ans de professionnalisme dans le Golfe, il se fait discret. L’homme  a entrepris autres choses. Lesquelles ? Nous en parlons ! Capitaine de l’AS Commune II, capitaine de l’équipe nationale universitaire du Mali, capitaine du Djoliba AC, capitaine des Aigles durant des années. Simple coïncidence ou facteurs de circonstance ? Dramane Dembélé a de la peine à expliquer comment tout cela s’est produit. Mais, pour notre part, nous attribuons cela à son sérieux, le respect de soi et des autres. L’immense défenseur a manifesté sa disponibilité pour un entretien à bâtons rompus. Nous avons surtout été surpris par son niveau intellectuel et sa maitrise du français qu’il parle avec aisance. Il nous apprend avoir décroché la deuxième partie du baccalauréat en 1988, série sciences exactes pour ensuite continuer à l’Ecole nationale des postes et télécommunications (ENPT). Cela s’appelle la “vieille école”.

Surnommé dans le quartier “Commune II Tjè Djan”, au Djoliba il se fait étiqueter “Dra Djan”. Faut-il noter qu’il mesure 2 m avec à l’époque un physique adapté. Dramane Dembélé évoluait au poste de libéro, et quelques rares fois il jouait comme milieu défensif. Voilà un défenseur qui avait des qualités rassurantes : jeu de tête, marquage stricte, relances longues. Mieux, il se faisait le plaisir d’abandonner sa tanière, pour s’aventurer dans des remontées latérales, ponctuées de petits gris-gris pour faire des passes lumineuses. Et en grandes enjambées, il regagnait sa zone. Une scène qui provoquait des rires dans les gradins. Et pour cause !!!

Technicien supérieur télécom, major de sa promotion à l’ENPT, Dra Djan passe son adolescence et sa jeunesse entre Médina Coura et Missira, deux quartiers reconnus pour leur notoriété sportive. Naturellement sa morphologie l’a prédestiné pour le basket-ball. Mais après quelques semaines dans cette discipline, il opte pour le football et joue au FC Tonnerre de Missira.

S’était-il trompé ? Non !!! C’est de là que son destin sera tracé. Un destin qui lui ouvre les portes du monde à travers ses nombreux voyages avec le Djoliba, l’équipe nationale et ses deux clubs au Koweït.

Les dirigeants de la Commune  II  lui proposent un transfert, et prennent ainsi les devants sur les propositions de l’AS Réal de Bamako. Il passe cinq saisons avec à la clef deux carrés d’as du championnat national. En 1989, après avoir signé une licence au Stade malien de Bamako, Dra Djan s’est vite rendu compte que ce transfert risque d’être un échec.

Parce que la même année les Blancs ont enregistré l’arrivée d’un nombre important de joueurs, notamment la vague du Sigui de Kayes et certains juniors internationaux de la génération de 1988. Il en conclut que ses chances sont minimes pour se frayer un chemin sans obstacle.

Il demande humblement à Yacouba Traoré dit Yacouba Djan de ne pas tenir compte de sa licence. Surtout qu’il n’était pas une cible du Stade malien. L’année suivante, il transfère au Djoliba AC, contre des promesses qui ne seront jamais honorées. Comment ?

“Je suis venu au Djoliba quelques jours après la finale de la Coupe Ufoa contre l’Asec d’Abidjan. Je n’ai passé que 24 h dans l’équipe fanion, où j’avais été directement affecté dès mon arrivée. Le Djoliba devrait jouer en fin de semaine un match amical contre l’Asec, à la faveur de la signature du contrat de feu Moussa Koné. Ce même dimanche, Fanyeri Diarra était le témoin du mariage d’un de ses amis. Donc out pour le voyage d’Abidjan. Kéké demande au coach de l’équipe B d’envoyer un défenseur, et ce choix se porta sur moi. Toute ma carrière découle de cette opportunité. Les dirigeants du club décident de me payer une moto, et de meubler ma chambre. J’ai dit non, en exigeant plutôt un emploi à la Sotelma. A l’époque la crème de l’administration de cette structure était composée de dirigeants du Djoliba. Mais hélas ! Rien n’en fit et j’ai continué à rouler sur ma moto de marque CT. Une situation que l’opinion et mon entourage ne comprenaient pas du tout. Mais l’homme suit son destin. En tant que musulman, il faut savoir se résigner et le bon dieu saura donner une récompense à la mesure de ta résignation. Cela a été mon cas. Dieu merci !!!”.

Résigné

Au Djoliba, Dramane Dembélé remporte un seul titre de champion (1992) et une Coupe du Mali (1993).

Son aventure en équipe nationale débute en 1987 quand il évoluait à l’AS Commune II. L’entraîneur national Kidian Diallo l’avait présélectionné pour les éliminatoires de la Can de Maroc-1988 et le tournoi Amilcar Cabral. Malheureusement, il n’a pas été retenu. Son transfert au Djoliba (saison 1990-1991) précipite sa sélection et son ascension en équipe nationale où il porte le brassard de capitaine jusqu’à l’arrivée du coach feu Mamadou Kéita dit Capi. Lequel dès sa prise de fonction le libère au profit du stoppeur du Sigui de Kayes et du Stade malien de Bamako, Alassane Coulibaly dit Georges.

Ce qui fait que Dra Djan n’a pas joué les deux derniers matches qualificatifs des Aigles contre le Malawi et l’Egypte. Au retour du tournoi Cabral où Capi avait décidé de tester son lot de joueurs expatriés, il est rappelé en équipe nationale, pour ne la quitter qu’en 1994, date de son départ pour le Golfe.

Quelle explication au fait qu’il n’a pas joué un seul match à la Can de Tunis malgré sa forme et ses qualités à l’époque ? Dra Djan opte pour le silence sur ce sujet. Mais il nous rassure que des acteurs me diront dans cette même rubrique ce qui s’est réellement passé, pour qu’il soit déclassé par l’encadrement technique.

Après cette Can à l’issue de deux rencontres amicales des Aigles en Egypte, il signe un contrat de quatre ans (1994-1998) avec Fahaheel Club du Koweït et le FC Djahara (1998-2001). Il raccroche les crampons à ce niveau et rejoint Bamako. L’heure est venue pour valoriser son diplôme de technicien supérieur en télécommunication.

Dra Djan est recruté à la Sotelma jusqu’à la réforme de cette structure. Par la suite, il devient chef d’équipe des agents commerciaux de la zone du Grand marché. En 2014, il décide de quitter pour se consacrer aux travaux champêtres, et surtout sa ferme avicole. Aujourd’hui, ces deux activités lui assurent l’indépendance. D’autant plus que sa carrière footballistique lui a permis de construire une villa au quartier Banconi Razel.

Quel est ce joueur qui l’a défié durant son parcours ? “En ma qualité de libéro, j’intervenais en dernier ressort pour sauver la maison. C’est-à-dire je n’étais pas en contact direct et permanent avec un joueur. Donc je ne me rappelle pas qu’un adversaire m’est défié”, soutient-il.

Comme bons souvenirs, il retient le titre de champion du Djoliba en 1992, la finale de la coupe du Mali (1993) et sa sélection pour la phase finale de la Can de Tunis 1994.

L’élimination des Aigles en demie finale face à la Zambie et la défaite du Djoliba contre le Stade malien de Bamako à la veille de son départ pour le Golf sont ses mauvais souvenirs.

Dramane Dembélé est marié et père de plusieurs enfants, dont l’épouse de l’international Alou Dieng. Cette dernière du nom de Wassa Dembélé, basketteuse de son état est double championne d’Afrique des catégories U16 et U19.

Dans la vie il aime le sport, l’élevage et la franchise. Il déteste l’hypocrisie, le mensonge, la trahison.

O. Roger Sissoko

 

Source: Aujourd’hui-Mali

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