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Protection du patrimoine culturel en zones de conflits: les experts se penchent sur le cas du Mali

Notre pays abrite depuis hier mardi, avec le soutien de l’UNESCO, une conférence internationale de deux jours sur les enjeux et défis liés à la protection du patrimoine culturel en zones de conflits. L’ouverture des travaux était présidée hier, au Centre Maeva Palace, à l’ACI 2000, par le ministre de la Culture, N’DIAYE Ramatoulaye DIALLO.

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Cette conférence internationale sur les enjeux et défis liés à la protection du patrimoine culturel en zones de conflit est l’occasion pour les experts de se pencher sur le bilan des quatre années de mobilisation pour reconstruire, restaurer, réhabiliter et revaloriser le patrimoine matériel et immatériel de notre pays.
La cérémonie d’ouverture a enregistré la présence du ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Mme Assétou Founé SAMAKE Migan ; du représentant du coordonnateur résident du Système des Nations Unies au Mali, Mme Fatima SEID ; du chef de la délégation de l’Union européenne, Alain HOLLEVILLE ; de la Directrice de la Coopération suisse au Mali, Béatrice MEYER ; du directeur adjoint de la division du Patrimoine de l’UNESCO, Lazard Eloundou Assomo ; de l’imam de la Grande mosquée de Tombouctou, Abdramane Ben ESSAYOUTI ; du représentant de la MINUSMA, Samba TALL. Plus de 15 pays, à travers le monde, participent à ce rendez-vous culturel de Bamako avec comme objectif de mesurer le chemin parcouru sur la réhabilitation et la restauration du patrimoine culturel matériel et immatériel de notre pays qui a subi les affres de l’occupation djihadiste en 2012. Aussi, s’agit-il d’une opportunité pour les partenaires techniques et financiers de renouveler leur confiance au Mali, à travers des engagements concrets en faveur du patrimoine culturel en péril.

Le patrimoine culturel, reflet la vie des communautés
Dans son allocution, le directeur adjoint de la division du Patrimoine de l’UNESCO, Lazard Eloudou ASSOMO, a affirmé que le patrimoine culturel reflète la vie des communautés, son histoire et représente un trait d’union entre son passé, son présent et son futur. Selon lui, le patrimoine culturel constitue l’élément de liaison le plus important entre les communautés.
« Les mausolées de Saints de Tombouctou, dont les plus anciens datent du 13e siècle, constituent pour elles un rempart psychologique de protection de la cité. Ces mausolées occupent une place prépondérante dans l’identité culturelle et les croyances culturelles des communautés locales. Ils gardent aux yeux des Tombouctiens leurs sens de lieux de pèlerinage pour les fidèles qui viennent », a souligné Lazard Eloundou ASSOMO.
Il a déploré que les destructions causées au patrimoine culturel de Tombouctou, les dégradations subies faute d’entretien régulier à Gao, ont porté atteinte à la préservation de l’histoire, de l’identité et de la riche culture malienne. Cela, dit-il, en provoquant des troubles sociaux et moraux caractérisés par la peur, l’humiliation, le traumatisme et le désespoir.
Pour la protection du patrimoine culturel au Mali, M. ASSOMO a indiqué que l’UNESCO avait mobilisé le système des Nations Unies et que le conseil de sécurité a pris une série de résolutions reconnaissant la valeur de ce patrimoine culturel pour le Mali et l’humanité, en donnant mandat à la MINUSMA de le sauvegarder en collaboration avec l’UNESCO.
Il a soutenu que les résultats atteints sont très appréciables même s’il reste encore beaucoup à faire parce que les clôtures des cimetières abritant les mausolées de Saints n’ont pu être encore construites et sécurisées. De même que plusieurs mosquées qui ont besoin de travaux supplémentaires pour consolider leurs toitures, favoriser le drainage de l’eau et freiner l’ensablement.

Panser les plaies béantes laissées par le conflit
Le représentant de l’Union européenne, Alain HOLLEVILLE, a affirmé que leur organisation avait fortement participé à la sauvegarde et à la restauration du patrimoine culturel dans notre pays. Pour lui, sauver le patrimoine culturel malien, c’est panser une partie des plaies laissées béantes par le conflit. C’est aussi, ajoute-t-il, œuvrer à restaurer et à consolider certains éléments fondamentaux de la démocratie et de nos valeurs partagées.
« Protéger le patrimoine culturel, c’est favoriser la tolérance, le dialogue entre les communautés et entre les cultures ainsi que la remise en question des idées préconçues », a-t-il déclaré.
M. HOLLEVILLE a informé qu’en plus de ses contributions antérieures, s’élevant à 450 millions de FCFA, l’Union européenne a décidé d’accorder un financement supplémentaire de 330 millions de FCFA à l’UNESCO pour poursuivre les travaux de réparation de la mosquée Sidi Yahia ; réhabiliter les mosquées de Sankoré et de Djigarey-Ber ; réhabiliter trois musées : le musée principal de Tombouctou, le musée Al Mansour Koyrey et le musée du Sahel de Gao ; fabriquer 10 000 boîtes de conservation de manuscrits qui permettront de protéger 80 000 manuscrits supplémentaires.
La représentante du coordonnateur résident du Système des Nations unies, Mme Fatima SEID, dira que cette conférence est l’occasion de faire la restitution des résultats du programme de réhabilitation du Patrimoine culturel et de sauvegarde des manuscrits anciens du Mali. Selon elle, la culture est un élément de réponse appropriée au défi de restauration d’une paix durable.
Pour Fatima SIED, le patrimoine culturel du Mali qui a été restauré par l’UNESCO a contribué à une meilleure connaissance des biens culturels dans le nord du pays. Un travail qui, note-t-elle, constitue un jalon important dans la mobilisation de la communauté internationale pour soutenir les efforts du gouvernement du Mali dans la reconstruction des édifices endommagés pendant la crise.

La paix c’est aussi le droit de vivre son identité culturelle
Le représentant de la MINUSMA, Samba FALL, a rappelé que le Conseil de sécurité des Nations unies a créé la MINUSMA avec pour particularité d’avoir dans son mandat une mission d’appui des autorités à la protection des sites culturels et historiques en collaboration avec l’UNESCO.
« Après plus de trois ans de mobilisation en faveur de la protection du patrimoine culturel, les premiers fruits des graines plantés sont visibles. La bonne synergie entre la MINUSMA, l’UNESCO, le ministère de la Culture, l’Union européenne et tous les partenaires techniques et financiers a permis la formation de plus de 3 000 personnels civils, militaires et policiers aux questions de protection du patrimoine culturel », a salué le représentant de la MINUSMA.
Il a indiqué que ce partenariat a permis la reconstruction des mausolées détruits et la réhabilitation des mosquées et des bibliothèques. Tout en informant que la MINUSMA mène un projet de financement à impact rapide sur la culture pour des actions d’urgences dans le cadre de la protection des sites. Cela, dit-il, à travers l’installation des lampadaires à Tombouctou afin de maintenir la sécurité autour des mausolées.
La directrice du développement et de la coopération suisse, Béatrice MEYER, a reconnu que notre pays possède un patrimoine culturel très riche et reconnu au niveau international. Selon elle, la destruction violente du patrimoine dans le monde interpelle tout le monde, si bien que cela constitue une attaque contre les valeurs universelles que l’humanité partage ensemble et doit défendre ensemble. Elle a soutenu que la paix, c’est aussi le droit de vivre son identité culturelle.
Aux dires de Béatrice MEYER, la contribution de la Suisse au programme de réhabilitation du patrimoine culturel et de sauvegarde des manuscrits anciens du Mali s’élève à 646 millions de FCFA. Pour elle, après quatre ans de collaboration, le moment est venu de faire le bilan, montrer les résultats, capitaliser les expériences et réfléchir ensemble sur une meilleure protection du patrimoine en zone de conflit.

Toucher à la culture, c’est toucher à l’âme du monde
À l’entame de ses propos, le ministre de la Culture, N’DIAYE Ramatoulaye DIALLO, a affirmé que toucher à la culture, c’est toucher à l’âme du monde. Selon elle, en s’attaquant aux ressources précieuses de la culture dans les régions nord du Mali, les groupes armés ont cherché à porter atteinte à l’identité culturelle et aux valeurs sociétales fondamentales des populations.
« En détruisant leur patrimoine et en étouffant les expressions culturelles diverses, ils ont créé un choc et un traumatisme important qui a affecté les valeurs essentielles de coexistence pacifique et de cohésion sociale au sein des communautés locales toutes choses qui ont fragilisé la société et créé la méfiance entre les communautés », a-t-elle déploré.
Elle a salué les résultats engrangés dans la première phase du projet, tout en mentionnant que ces résultats ne sauraient occulter les difficultés qui en ont jalonné les sillons. Comme difficulté, la ministre de la Culture a souligné la faible et lente mobilisation du budget ainsi que les questions d’accessibilité aux chantiers.
Selon N’DIAYE Ramatoulaye DIALLO, avec la détermination de l’UNESCO, du gouvernement du Mali et de l’ensemble des partenaires, ce projet est en passe de devenir un cas d’écoles dans le monde et dans le contexte de reconstruction des sites et monuments détruits dans le cadre d’une guerre.
Elle a informé que la première phase du projet a vu 14 mausolées reconstruits, des bibliothèques privées réhabilitées, des structures de l’État en charge de la culture, équipées et enfin le tissu socioéconomique à nouveau dynamique.

PAR MODIBO KONE
ET MEMADJILEM NADJILAR EVELYNE
(STAGIAIRE)

 

Source: info-matin

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