La prostitution ne se limite plus aux professionnelles de sexes. Des femmes mariées en profitent dans une très grande discrétion. Pourtant, certaines d’entre elles vivent dans des conditions plus ou moins acceptables. Pire, elles vendent leur charme. Nous avons fait connaissance avec certaines d’entre elles. Elles ont voulu nous donner des informations moyennant l’argent. C’est dans un quartier de la cité aux trois caïmans, où des femmes mariées se prostituent en pleine journée, à la recherche de la pitance familiale. La plupart de ces femmes sont des vendeuses ambulantes.
Grosse, belle et séduisante, AY affirme qu’elle est la seconde épouse de son mari qui est vendeur de tôles et de ciments en haute banlieue de la capitale, pour un opérateur économique. Elle est mère de deux enfants. Cette femme qui se livre à la prostitution diurne explique: « Comme le font mes collègues, je fais aussi ce métier pendant la journée. Car, c’est à ce moment que nous pouvons tout faire avant le retour de nos maris. Je viens ici si ce n’est pas mon tour de préparer le repas familial. Le jour de mon tour, je ne viens pas. A moins que je reçoive un appel d’un client et je compte avoir certainement avoir de l’argent. Quant à nos clients, ils savent que nous sommes mariées et se sentent obligés de nous respecter. Aussi, ils nous traitent mieux que les prostituées célibataires ». Notre interlocutrice a bien voulu nous indiquer les bars resto qu’elle fréquente.
Une autre qui a refusé de nous donner son nom parle sans complexe : « Mon mari est un ouvrier, un maçon. Dans ces derniers temps, il ne gagne pas de marché. Il y a deux ans, notre mode de vie a basculé. C’est-à-dire, manger presqu’une seule fois par jour. Et ces repas laissent à désirer. Pire, à un moment, j’étais malade. Je n’avais pas de moyens pour aller à l’hôpital. Il était hors de question pour moi d’aller demander quoi que ce soit à ma famille ou autre personne. Mon mari passe ses journées entre les chantiers, à la recherche du travail. C’est à des rares fois qu’il apporte de l’argent… Vous voyez comment je me suis retrouvée sur ce marché ? Une copine m’a parlé de ce métier, j’ai accepté. Mon mari rentre chaque jour entre 21 heures et 23 heures très soûl. Des fois, je peux avoir 35 000 ou 40 000 Fcfa par mois. Ceux-ci peuvent subvenir à mes besoins, sans déranger mon mari.
A la question de savoir si son mari sait ce qu’elle fait, elle rigole: « Quelle homme voudrait que sa femme se livre dans les bras d’un autre homme, à plus forte raison dans ceux des hommes inconnus ? Il ne l’a jamais su. Je lui ai dit que je vends des fruits. Effectivement, je vends. Nous quittons le matin en se souhaitant bonne chance pour la journée. Et chacun de nous va de son côté. Je fais tout pour qu’il ne sache pas ce que je fais. Car, je rejoins ma place avant 16 heures. Mon mari est certes pauvre, mais honnête. Je suis sûre qu’il ne me trompe pas. Je fais ce métier juste pour un bout de temps. Mon mari va décrocher un grand marché et je dis adieu à ces boulots. Seulement, c’est un grand soûlard », nous dit-t-elle. Plus intriguant, notre grande dame est mère de trois garçons.
Malgré notre respect pour elle, nous n’avons pas pu nous empêcher de lui demander si son mari était le vrai père de ses enfants:
« Oui, car je ne couche jamais avec un homme sans protection. Je protège mon mari contre les infections et maladies sexuellement transmissibles. Nous avons aussi approchés le tenancier de cet hôtel avec qui nous avons pris langue ».
Ses clients savent-ils que vous êtes mariées ?
« Détrompez-vous ! Ils en sont informés. Cette situation les arrange. Certains hommes épris de cette vie veulent avoir à faire avec des femmes mariées. Car les femmes mariées ne harcèlent pas au téléphone comme le font les célibataires. Certaines filles de joie veulent souvent être des copines titulaires à cause des bonnes relations que la plupart de leurs clients entretiennent avec elles. Quant aux femmes mariées, elles n’ont pas envie d’être dérangées. »
SOGOBA OUMAR
Source: malicouramedia