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Programme d’urgence d’assainissement de Bamako : L’EXPECTATIVE

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Plus d’un an après sa mise en place,  on attend toujours son application

 

Dans toutes les villes modernes au monde, la question de l’assainissement est un débat clos. Le problème a été résolu depuis belles lurettes, par des mesures simples et classiques qui sont encrées dans le quotidien des citoyens. La capitale du Mali, Bamako était autrefois appelée la  « coquette » pour sa propreté légendaire. Elle est aujourd’hui étranglée par les déchets. Les montagnes d’ordures qui culminent çà et là, étouffent leur voisinage. Elles sont la source de toutes les formes de pollution. Les Bamakois riches ou pauvres sont plongés dans un environnement dangereux pour leur santé.

 

Et pourtant, l’Etat a toujours fait des efforts louables. Il a renforcé les services techniques d’assainissement et a élaboré des textes futuristes dans ce sens. Malgré tout, l’assainissement reste encore un casse-tête dans notre pays, et particulièrement à Bamako.

 

 

 

A peine, réinstallé dans ses fonctions, le ministre de l’Environnement et de l ‘Assainissement, Ousmane Ag Rhissa, a relancé le Programme d’urgence de la ville de Bamako dont il avait fait une priorité de son mandat pendant la transition. Une commission de suivi a été créée par la décision n° 2013-027/MEA-SG du 20 février 2013. Ce programme d’urgence a été élaboré pour évacuer 09 dépôts de transit et entretenir la décharge de Doumanzana en commune I et le ravin situé sur la colline de Badalabougou près de la cité universitaire. Le document a été préparé sur la base des propositions faites par les mairies des six communes et la mairie centrale du District de Bamako.

 

Lors de la première réunion du comité de suivi tenue le 28 février 2013, le directeur général adjoint des Services urbains de voirie et d’assainissement (DSUVA), Amadou Konaké, a présenté le Programme d’Urgence  du District de Bamako. Il concerne 9 dépôts prioritaires pour un volume de 299 365m3 d’ordures ménagères à évacuer sur la décharge de Doumazana. Le coût de cette opération a été estimé à environ 900 millions de FCFA.

 

Les réactions des participants, suite à cette présentation,  ont porté prioritairement sur les possibilités de l’utilisation de la décharge de Doumanzana.  Cet espace ne convient pas à cause de la fermeture officielle de cette décharge par la Mairie de la Commune I, ses capacités à contenir les déchets et aussi les problèmes d’entretien qui y sont afférents.  La possibilité d’exploitation du ravin de la colline de Badalabougou, près de l’université, a été posée. Les participants ont échangé  sur les manières idoines de finir les travaux  de la décharge contrôlée compactée de Noumoubougou.

 

Les préoccupations exprimées  ont permis au ministre de faire le point sur  les démarches entreprises auprès du gouvernement pour la recherche de financement du programme d’urgence du District de Bamako et les autres localités du pays. Les discussions autour des différents points ont démontré la nécessité de trouver une solution pérenne pour gérer les déchets  de Bamako et des villes du Mali. Près d’un an après sa conception, le programme est loin d’atteindre son objectif.

 

Manque de fonds. Malgré la volonté affichée du gouvernement, plus de 10 mois après sa mise en place, le programme est confronté à des problèmes de financement et de logistique, selon Gaoussou Sacko, adjoint du directeur national du contrôle des pollutions et des nuisances (DNACPN). Les 900 millions de FCFA promis par le chef du gouvernement ne sont toujours pas tombés. Le chèque de 100 millions  promis par la société Orange-Mali n’a été remis que la semaine dernière. Le montant a été versé sur un compte spécial ouvert à cet effet.

 

Parmi les entreprises retenues pour l’enlèvement, seule la société « Toguna s.a », a pu évacuer les dépôts dont elle est adjudicataire du marché. Elle a préfinancé ce volet initial. Ainsi, se pose le problème de la décharge finale. Celle de Doumanzana ne peut pas contenir les déchets provenant de plus d’un dépôt. Elle est également surveillée par des riverains qui ne veulent plus de son usage inapproprié.

 

La décharge de Noumoubougou n’est pas achevée. L’entreprise Chinoise en charge des travaux réclame des arriérés de payement à l’Etat pour des travaux préfinancés. La DNACPN est obligée de dénicher des ravins et autres anciennes carrières pour en faire des décharges. Cette solution n’est pas sans conséquences graves. Ces endroits sont toujours proches des zones d’habitation et des propriétés et font l’objet de plainte de la part des riverains.

 

Par ailleurs, entre le temps où le programme a été conçu et le début des opérations (11 mois), le volume des déchets sur les dépôts a presque doublé. Cela fausse les données en terme de coût, indique Gaoussou Sacko. Ainsi le milliard de FCFA prévus pour éradiquer « les montagnes d’ordures » de la capitale malienne devient insuffisant. Les riverains des dépôts évacués ne veulent plus que l’on dépose les déchets sur les endroits dégagés de crainte d’être à nouveau victimes de leur engorgement. Ils se sont organisés pour empêcher les GIE de ramassage des de déposer les ordures.

 

Dès lors, c’est un véritable problème social qu’engendre l’opération spéciale en cours. De l’avis de Joseph Marie Diarra, ancien directeur du service urbain de voirie et d’assainissement (DSUVA), père des Groupements d’intérêt économique (GIE) d’assainissement,  il faut faire très attention aux plans d’urgence. Souvent, c’est comme de l’argent jeté par la fenêtre. Un plan d’urgence doit toujours être accompagné  d’un programme d’exécution déjà prêt. Sans ce plan technique, s’il n’ y a aucune mesure d’accompagnement, on revient toujours en arrière.       En 2005, par exemple, un plan d’urgence avait été déclenché par le ministère de l’équipement.

 

En 2013 son déroulement sur le terrain n’est pas encore achevé. Le plan d’urgence est bon pour gérer des problèmes ponctuels. C’est une opération « coup de poing ». Les autorités du district ont  laissé  faire. Et les déchets se sont accumulés un peu partout. L’Etat a décidé d’évacuer. C’est une bonne chose. Mais il faut évacuer vers quelle destination ? Cette question n’a pas encore de réponse selon  Joseph Marie Diarra.

 

Si nous évacuons sans prendre des dispositions pour l’après évacuation, on revient toujours à la case de départ. Par exemple, le dépôt du CFP en face du stade Modibo Keïta a été évacué au moins trois fois en 04 mois. Mais il est toujours engorgé. La solution est la mise en place d’une stratégie et la mise à disposition des moyens de collecte des déchets. Il faut aller vers la mise en œuvre d’une stratégie de gestion des déchets solides.

 

L’expert Joseph Marie Diarra, estime que la gestion des déchets a été une action réelle au Mali à partir des années 1982. A cette époque la Banque Mondiale et le projet d’assainissement de la ville de Bamako, se sont attelés à trouver  une solution au problème de voirie de manière générale et de déchets solides,  de manière particulière. Un grand volet de ce projet a été consacré à l’organisation institutionnelle de la voirie. Les bases du démarrage étaient créées. Après la décentralisation des points de collecte des déchets suivra en impliquant d’avantage les municipalités.  « Au Mali, il y a des cadres valables qui peuvent nous sortir de ce problème là », est persuadé M. Diarra.

 

Il faut leur faire confiance. « Chaque  problème a une solution. C’est pourquoi la mort n’est pas un problème. Parce qu’elle n’a pas de solution », déclare M. Diarra. « Dans tous les pays du monde, on joue ce jeu.

 

Tous les autres pays ont trouvé la solution. Pourquoi pas nous ? ». Il y a bien une solution au problème des déchets. Les acteurs compétents sont disponibles pour gérer cette affaire. Il faut leur donner les moyens et les rendre responsables de leur gestion. C’est la clé pour tracer la voie vers le salut en matière d’assainissement dans notre pays.

 

C.A.DIA

 

 

 

UNE VERITABLE FILIERE

 
Joseph Marie Diarra, ancien directeur de la voirie de Bamako, est l’initiateur des GIE d’assainissement dans notre pays

 

Une filière de déchet comprend plusieurs éléments, explique Joseph Marie Diarra. Le premier est le conditionnement des déchets. Ce sont les populations qui sont concernées par cette étape. A ce niveau il faut s’assurer que toutes les familles ont une poubelle tenue dans les bonnes conditions. Au niveau de  la pré collecte, la responsabilité revient aux GIE. Ces derniers doivent s’organiser pour faire une bonne collecte et acheminer les déchets sur les lieux indiqués par les mairies, les dépôts de transit.  La collecte est une affaire du district de Bamako. Après le dépôt des ordures sur les dépôts de transit, il appartient à la mairie du district de les évacuer sur les décharges finales. Mais à ce niveau, un autre problème se pose dans la hiérarchisation des municipalités. « Au Mali, nous avons le statut du district le plus compliqué  de l’organisation institutionnelle des municipalités », regrette M. Joseph Marie Diarra.  Les maires des communes ne dépendent pas hiérarchiquement du maire du district.  Ils relèvent du gouverneur du district. Tandis que le maire du district répond du ministre de l’administration territoriale. Tant que les maires des communes ne dépendront pas du maire du district, il sera très difficile de faire une gestion cohérente des déchets solides, souligne-t-il.   Si la commune III transporte ses déchets vers la décharge de Noumoubougou, ses camions sont obligés de passer par les communes I et II. Et si ces dernières imposent des taxes pour dépôt de débris sur leur territoire au passage des camions, ce qui est de leur droit, on ne s’en sortira pas. S’agissait du financement de la gestion des déchets, on relève deux niveau.  Le premier est la pré collecte. A travers la redevance des familles au GIE pour l’enlève des poubelles, on  finance déjà ce niveau. Pour la collecte, un document de stratégie de gestion des déchets solides à Bamako existe et règle ce problème.  La stratégie propose que le conditionnement des déchets soit fait par la poursuite de l’action commencée par les GIE. Il s’agit de demander à chaque famille d’avoir une poubelle tenue dans les règles de l’art, bien installée et fermée. Au niveau de la pré collecte, le Mali jouit de l’acquit que sont les GIE. Il faut les renforcer. Des échéances avaient même été fixées pour remplacer les charrettes par des tracteurs ou des véhicules légers pour le transport des déchets. A l’époque, c’étaient le communes V et VI qui avaient été les dernières autorisées à utiliser les charrettes.   Mais, jusqu’à nos jours ce sont les mêmes charrettes qui constituent les moyens de transport des déchets.  Ensuite, la stratégie préconise la professionnalisation de la filière.

 

Il faut créer de véritables entreprises de collecte qui permettent aux acteurs de vivre de leur travail. Pour le financement de la collecte, en plus de la subvention de l’Etat qui doit être substantielle, la stratégie a dégagé une taxe de voirie et d’enlèvement des ordures ménagères (TVE0M).

 

Mais la collecte de cette taxe qui est confiée à la mairie du district n’a jamais atteint les 5% de recouvrement, rappelle Joseph Marie Diarra. En 1997, il y a eu une caractérisation des déchets de Bamako.

 

Cette donnée scientifique aide à optimiser la création d’une usine d’incinération. Mais cette étude a révélé que 51% des déchets de Bamako étaient constitués d’inerte.  C’est -à –dire, du sable, de la cendre, etc. Ce résultat d’étude remonte à plus de 10 ans. Pour revenir à la méthode d’incinération, une nouvelle étude est nécessaire. « Car, en ma connaissance, aucune étude n’a été faite pour déterminer cela », précise Joseph Marie Diarra.

 

Si ce n’est pas fait faut le faire, pour arriver à des solutions pérennes. Par exemple, pour trouver les moyens de collecter les déchets plastics, il y a eu la création d’une taxe de production et d’interdiction des sachets plastics. En plus de ça, il faut valoriser les déchets plastics.

 

C.A.D

 

 

 

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