Dr. Moussa Coulibaly affirme qu’avec la libération de Kidal, la fibre patriotique vibre en chaque Malien, l’espoir renaît malgré la crise énergétique. Il pense que le colonel Assimi Goïta n’a plus le choix car, dit-il, les Maliens dans leur grande majorité s’attendent à ce qu’il soit candidat.
De l’avis du sociologue, la majorité des Maliens s’attendent à la candidature du colonel Assimi Goïta pour une raison simple : consolider les acquis de la pacification du territoire, renforcer la sécurité et assainir les finances publiques.
“Les Maliens attendent de lui qu’il traduise en actes concrets les projets annoncés surtout en rapport avec la coopération bilatérale avec la Russie et c’est l’occasion ou jamais de les concrétiser”, explique-t-il.
A l’entendre, le colonel Assimi Goïta semble être cet homme providentiel derrière lequel les Maliens ont toujours couru pour remettre le pays sur les rails (au propre comme au figuré) parce que les hommes politiques ont échoué à susciter l’espoir et à revaloriser la parole et l’action politique.
Dr. Moussa Coulibaly, rappellera que depuis le début de l’ère démocratique qui a conduit à l’élection du président Alpha Oumar Konaré, soutenu par l’un des plus grands partis politiques d’Afrique, l’Adéma, les élections présidentielles ont vu la victoire de candidats dont le charisme dépassait la vigueur des formations politiques et autres associations qui soutenaient leur candidature.
“Ainsi on est en droit de soutenir que plus que les partis politiques, les hommes providentiels ont dominé les élections au Mali c’est pourquoi leur formation politique tombe en disgrâce quand ils ne sont plus là ou quand ils rencontrent personnellement des difficultés”, dit-il.
Le sociologue poursuit qu’en 2002, quand le président Amadou Toumani Touré était élu président de la République, “cet homme providentiel” n’appartenait pas à une formation politique. Il a été élu sur la base de l’espoir que ses actions ont suscité quand il dirigeait la Transition.
Une majorité de maliens “étaient prêts à mourir pour lui”, selon une chansonnette que fredonnaient les nostalgiques de ses actions quand il dirigeait la Transition et quand il faisait la promotion du kokadjè avec son virevoltant Premier ministre Soumana Sako. Il a ravi la vedette à l’Adéma et autres formations politiques pourtant bien installées à l’intérieur du pays.
Le régime démocratique venait d’enregistrer ses premiers fonctionnaires milliardaires et la piste ATT devenait de plus en plus une alternative crédible pour rectifier le tir. Après environ dix ans de magistrature suprême, un coup d’Etat l’écartait du pouvoir et ce même coup d’Etat ouvrait un boulevard à un autre “homme providentiel”, Ibrahim Boubacar Kéita qui avait perdu entre temps son fauteuil de président de l’Assemblée et qui n’était plus qu’un député comme les autres, élu en Commune IV, où des associations pouvaient “tutoyer” son influence.
Pis, son parti, le RPM n’avait pas plus de 6 députés à l’Assemblée quand les présidentielles qu’il a remportées se tenaient. Il avait réussi à se “débarrasser” entre-temps de son manteau d’homme politique en le troquant contre l’image de cet homme providentiel qui s’était donné les moyens de rendre aux Maliens leur honneur et leur dignité perdus. Paradoxalement, il a été élu sur fond de rejet des partis politiques en 2013 par 77,6 % contre 22,4 %.
Pour une grande majorité des Maliens à l’époque, il était le candidat idéal sur qui le Mali pouvait compter. C’est d’ailleurs pourquoi certains lieux de culte s’étaient transformés en quartiers généraux de campagne en sa faveur. Le candidat devenu président n’a pas manqué de le reconnaître en déclarant plus tard qu’il doit sa victoire au peuple et non à sa formation politique.
Dr. Coulibaly demeure convaincu que le Mali, en 2023, reste toujours fidèle à cet homme providentiel et que le dynamisme des partis politiques qui ont remplacé les dictatures et autres pouvoirs autocratiques des années 1990 disparaît progressivement. “Cette fois-ci, le colonel Assimi Goïta semble être cet homme providentiel derrière lequel les Maliens ont toujours couru pour remettre le pays sur les rails (au propre comme au figuré) parce que les hommes politiques ont échoué à susciter l’espoir et à revaloriser la parole et l’action politique”, conclut le sociologue.
Ibrahima Ndiaye
Mali Tribune