Conformément à sa mission de plaidoyer et de lobbying en faveur des entreprises maliennes, le Conseil national du patronat du Mali (CNPM) a organisé, hier mardi, à son siège sis à l’ACI 2000, l’atelier de validation du «Mémorandum du secteur privé pour l’élection présidentielle de 2018» qui sera soumise à tous les candidats, afin qu’ils se l’approprient et s’engagent sur un certain nombre d’actions qu’ils mettront en œuvre, une fois élu, en faveur du secteur privé.
Présidée par Moussa Alassane DIALLO, vice-président du CNPM, la rencontre s’est déroulée en présence de plusieurs présidents d’organisations professionnelles du secteur privé malien.
Selon le président de séance, le Mali abordera dans quelques jours, une échéance électorale majeure, à savoir l’élection présidentielle du 29 juillet prochain. Une occasion d’entamer une nouvelle mandature avec, en toile de fond, la prise en compte des préoccupations de tous les Maliens.
Ainsi, soutient-il, le Conseil national du patronat du Mali est résolu à jouer pleinement toute sa part dans le plaidoyer et le lobbying en faveur des entreprises maliennes, et saisit cette opportunité pour faire entendre la voix du secteur privé.
La rencontre a porté sur 2 grands thèmes, à savoir la poursuite des points d’accord obtenus avec l’actuel gouvernement et la non remise en cause de ces avancées et les préoccupations actuelles dont une réponse diligente est attendue.
Sur le 1erpoint, il s’agit de la réduction de l’ITS (Impôts sur les traitements et salaires) à partir de la loi de finances de 2019 avec un taux maximal souhaité de 25% ; la suppression de la taxe emploi jeune (TEJ) et de la taxe de formation professionnelle (TFP) à partir de la loi de finance rectificative 2018, soit une réductionde charge pour les entreprises de 4% de la masse salariale ; l’accès à la commande publique dans des conditions préférentielles pour les entreprises ou regroupements d’entreprises nationales.
En ce qui concerne le 2è point du Mémorandum, les préoccupations ont été regroupées en 4 grosses thématiques, à savoir l’environnement des affaires et fiscalité ; le financement des entreprises, les relations avec les Banques et les PTF ; la sécurisation de l’activité économique et enfin l’emploi, la formation et les ressources humaines.
De façon détaillée, en matière de l’environnement des affaires et fiscalité, le CNPM demande la mise en œuvre d’une véritable réforme fiscale en vue de la promotion de l’investissement national, caractérisé par, entre autres, une réduction des taux voire une suppression de certains impôts et taxes, tels que IS (Impôt sur les sociétés), IMF (Impôt minimum forfaitaire) ; la transformation de certaines taxes telle que la Taxe sur les activités financières en la rendant déductible à l’image de la TVA (Taxe sur la valeur ajoutée) ; l’adoption, à l’instar de certains pays de l’UEMOA, d’un texte règlementaire relatif au Bénéfice industriel et commercial (BIC) ; la promotion de crédit d’impôts pour accélérer les investissements.
Pour le CNPM, il faudrait procéder à la relecture de plusieurs textes, dont les Codes d’investissements et minier, afin de les rendre plus facilement applicables et plus incitatifs pour les entreprises exerçant au Mali, ainsi qu’à la mise en œuvre diligente de mesures d’accompagnement de la formalisation des PME informelles.
A cela, s’ajoutent l’apurement de la dette intérieure et l’indemnisation rapide des victimes de la crise sécuritaire de 2012, l’instauration d’une fiscalité applicable aux banques et opérations bancaires dans les parties à fort risque sécuritaire afin de garantir l’activité économique sur l’ensemble du territoire, etc.
Le président de séance a profité de l’occasion pour faire savoir à l’assistance du passage, le samedi dernier, du Président sortant, Ibrahim Boubacar KEITA, dans cette même salle, pour expliquer de vive voix aux «capitaines d’entreprises», «majors de l’économie malienne», ce qu’il compte faire pour le secteur privé malien dans les 5 prochaines années.
Par ailleurs, a-t-il rappelé, sur la base des 20 mesures proposées par le secteur privé en vue de la relance économique, le Comité a retenu 17 mesures dont 4 ont effectivement connu un début de mise en œuvre, 13 en cours de réalisation et 3 mesures n’ont pas été retenues, à savoir la réduction de la charge patronale de 18% à 2% notamment dans les structures de sécurité sociale, la mise en place d’une autorité nationale indépendante qui pourrait gérer les contentieux relatifs à la fiscalité ; la fusion des taxes sur les salaires et le logement.
A l’issue de cet atelier, la synthèse des préoccupations du secteur privé sera soumise à tous les candidats, afin qu’ils se l’approprient et, une fois élu s’engagent concrètement sur un certain nombre d’actions qu’ils mettront en œuvre en faveur du secteur privé. Ce qui est loin de là une caution de soutien, apprend-on.
En tout cas, Moussa Alassane DIALLO a été clair: « Le CNPM ne donnera pas de consignes de vote ; le CNPM n’a pas de candidat». En réaction, a déclaré un participant qui estimait qu’il s’agissait de soutenir le candidat qui allait donner plus de gage d’engagement pour la mise en œuvre de ce mémorandum, « La rencontre n’a aucun sens».
Par Sékou CAMARA
Info-matin