Que c’est décevant ! Après l’ancien Premier Ministre Moussa Mara, c’est le tour du Président de la République, Ibrahim Boubacar Keita, apparemment le grand instruit du pays, qui vient d’assener le visage courageux de la presse malienne des coups. Ce énième hématome puant à la face de la presse malienne, un des piliers de la démocratie, ne doit-il pas avoir des traitements ?
En effet, invités le mercredi 08 janvier dernier pour la traditionnelle cérémonie de présentation de vœux de Nouvel An, les responsables des différentes organisations de la presse malienne ont été reconduits par des mots qui resteront tristement gravés dans le registre Presse Malienne. Couac verbal ? En tout cas, le discours tenu par le natif de Koutiala laisse l’interrogation saugrenue. Après avoir traité ceux qui demandent le départ des forces étrangères d’ennemis du Mali, le latiniste a jugé médiocre le niveau de la presse malienne. Que c’est bon de parler alors qu’on a la possibilité d’agir ! En étalant ce jugement qui pourrait justifier la ruée de son régime vers les médias étrangers facturant des articles à des sommes faramineuses, le locataire de Koulouba ne se révèle-t-il pas coupable de cette faille dont il prétend dénoncer ?
Courage à la presse malienne malgré tout
Si les journalistes ont réellement le niveau bas, cela n’est pas tombé du ciel et c’est loin le fait du hasard. Ils sont, d’une part, les produits de cette école malienne dont le niveau est en chute vertigineuse depuis mars 1991. Et, d’autre part, de cette gouvernance infructueuse qui perdure (dont la presse a toujours dénoncée) et qui n’a opté aucune politique solide à des fins de perfectionnement des acteurs du métier. De Alpha Oumar Konaré à Ibrahim Boubacar Keita en passant par Amadou Toumani Touré et Pr Dioncouda Traoré, qui de ces présidents a songé à mettre en place un mécanisme pour la formation académique continue des journalistes ? Quid des bourses d’études ? Étant conscient de ce fait, comment IBK lui-même explique-t-il le montant dérisoire de 330 millions de nos francs soit près de 500.000 euros au titre du fonds d’aide publique à plusieurs centaines d’organes de presse alors que les partis politiques atteints d’une léthargie sans nom empochent des milliards ?
Malheureusement, le dilettantisme est palpable au sommet de l’État. Quand on est à ce niveau de gouvernance, il est incohérent de se plaire toujours à critiquer le niveau de formation de ceux-là qui œuvrent au quotidien dans la précarité et l’insécurité. Incohérent, derechef, d’un régime sous lequel les journalistes sont traités en « pro ou en anti-IBK ».
À bon entendeur, salut !
Seydou Konaté LE COMBAT