Député élu en commune V du district de Bamako, après l’arrêt de la Cour constitutionnelle, l’honorable Moussa Timbiné du RPM a été élu lundi dernier président de l’Assemblée nationale du Mali pour les cinq prochaines années. Cette élection a eu lieu lors de la session inaugurale de la 6e législature au CICB.
A l’ouverture des travaux, trois candidatures ont été officiellement présentées pour le perchoir. Il s’agit de celles des honorables Mamadou Diarrassouba et Moussa Timbiné, tous deux du RPM, et Moussa Mara de Yèlèma. Mais, après une suspension de séance et les tractations avant le vote, les travaux ont repris avec l’annonce du retrait de la candidature de Mamadou Diarrassouba. Après le retrait de ce dernier, tous les partis politiques de la majorité présidentielle ont soutenu la candidature de Moussa Timbiné qui a été finalement élu au perchoir.
Avec 134 voix contre 8 voix pour l’ancien Premier ministre Moussa Mara (trois bulletins nuls et deux absents). Son élection est un véritable coup de théâtre car, jusqu’au lundi matin, l’honorable Mamadou Diarrassouba était le grand favori compte tenu de son parcours parlementaire et surtout qu’il était le candidat désigné par le Bureau politique national du Rassemblement pour le Mali (RPM), le parti au pouvoir, lors d’un vote à l’interne organisé le vendredi 8 mai 2020.
Et tous les autres partis de la majorité présidentielle s’étaient aussi engagés, dit-on, à voter pour le candidat désigné par le RPM qui est le chef de file de cette mouvance avec 51 sièges au parlement. Qu’est-ce qui s’est entretemps passé dans les coulisses pour que tout bascule en faveur de Moussa Timbiné ?
Difficile de répondre à cette question pour le moment. Sauf que, « nous savions tous que Timbiné a les faveurs du président de la République même si ce dernier s’était officiellement engagé à respecter le choix du Bureau politique national de son parti. C’est pourquoi le désistement de Mamadou Diarassouba ne doit pas surprendre », a confié à Xinhua un député de la majorité qui a requis l’anonymat.
La main mise du président de la République sur l’Assemblée nationale
Pour nombre d’observateurs, l’élection de Moussa Timbiné démontre à suffisance la mainmise du président de la République sur les parlementaires. Car, Ibrahim Boubacar Kéita aurait prévenu le bureau politique national du RPM de son intention de hisser le jeune Moussa Timbiné au perchoir. En le faisant le président IBK voulait non seulement avoir un proche au perchoir mais aussi respecter son engagement électoral qui est, de mettre la jeunesse au cœur de son action.
Et cette fois ci même l’opposition semble jouer le jeu du président. On peut peut-être comprendre qu’en l’absence de Soumaïla Cissé toujours détenu en otage par ses ravisseurs, l’URD (chef de file de l’opposition) n’ait pas présenté de candidat au perchoir. Ce fut pourtant le cas car en analysant les résultats du vote, tous les députés URD ont visiblement voté pour le candidat du RPM.
Ce qui fait naturellement dire au jeune député de Yèlèma, Assane Sidibé, que « cette histoire de majorité et d’opposition n’est que pure mascarade ». Ceux qui en doutaient encore sont maintenant convaincus. Et en réalité, il n’y a rien de surprenant dans ce soutien car c’est un scénario que les alliances contre nature présageaient déjà. Ces vieux partis ne se lâcheront jamais quand il s’agit d’empêcher le renouvellement de la classe politique par l’émergence de jeunes formations ou de jeunes loups conscients de ce que doit être la politique.
Hamady Tamba