L’Azawad entre la révolution ratée, la « religiosité » destructrice, mafia de la drogue et crime de masse de l’armée et ses milices.
Moustapha Ould Dahi
A Mopti ce sont des boucheries humaines à ciel ouvert qui ont poussé à l’exode de villages entiers peulh.
Dans l’Est du pays des crimes de masse ont rayé des campements et village n‘épargnant ni berger, ni voyageur et même les prieurs dans leurs mosquées y sont passés.
A Tombouctou ce sont des charniers dans lesquels des dizaines de corps y ont été enterrés et avec eux on a enterré la sécurité, l’amour, la fraternité et la fidélité qui ont caractérisé cette ville durant des siècles. Seul Dieu sait comment va finir cette tragédie de ce peuple démuni à qui on a retiré même le droit d’espérer.
Le braquage, le vol, l’assassinat individuel ou de petit groupe qu’il soit civile ou militaire ne sont plus considérés comme des problèmes tellement on s’y est habitué. L’exposition par vidéo et photo des corps mutilés, de torture est devenu l’une des distractions qui passent d’un téléphone à l’autre, et ce n’est même plus un problème entre combattant « mâles » mais même les femmes les enfants les vieillards y passent.
Le plus amer et affligeant dans tout ça, c’est le justificatif souvent tout trouvé.
Celui-ci tue mutile, vole, chasse au nom de « Allah » avec des arguments en kit prêts à l’emploi tirés du Coran ou de la Sunna du prophète (PSL) sans comprendre ni le contenu, ni le contexte et ceci sans discussion possible.
Celui-là fait ce qu’il veut sans contrôle sous le prétexte fallacieux de la « guerre contre le terrorisme » ou « l’unité territoriale du Mali ». Il est à la fois juge et avocat. Il s’arroge le droit d’exterminer des communautés entières, soit directement, soit par milices interposées.
L’autre, à côté, fait ce qu’il veut, lui aussi, sous le prétexte non moins fallacieux de la « Révolution de l’Azawad » cette révolution qui a laissé derrière elle, des flots de réfugiés qui s’entassent dans des camps de fortunes gérés par des ONG. Des centaines de veuves contraintes à se livrer parfois à des activités peu louables pour survivre. Des milliers d’orphelins errants dans les rues noyant leurs chagrins et désarrois dans la consommation abusive de méthamphétamine commercialisées parfois par certains des acteurs de cette même « Révolution de l’Azawad »
Pourquoi ce silence ? Pourquoi ne parlons-nous pas de ce qui ne va pas ?
N’est-ce pas les « révolutionnaires » d’hier qui nous ont mené dans ce désastre se précipitent aujourd’hui à Bamako pour littéralement « manger dans la main du Mali », pays qu’ils combattaient en accusant de colonisateur ?
N’est-ce pas les « révolutionnaires » d’hier qui nous ont menés dans ce désastre se bousculent aujourd’hui dans des hôtels au frais de l’Etat et semblent n’avoir pour préoccupation que l’exposition vestimentaires lors des soirées mondaines dans des salons feutrés de Bamako ?
Pourquoi alors nous taire ou répéter comme des perroquets des slogans dont même les initiateurs trouvent obsolète ?
La pièce de théâtre de la « Révolution de l’Azawad » est terminée pour cette saison laissant derrière elle une horde de mafia, de trafiquant de drogue, de trafiquant d’êtres humains, de braqueurs de coupeurs de route, etc etc et chaque « corps de métier » trouve son compte et applique son agenda avec l’aide et la bénédiction des « Révolutionnaires de l’Azawad », des « barrons de la drogue », des « Moudjahidines », de « l’armée malienne et ses milices ».
Méditons un peu la multiplicité de rôles et l’interchangeabilité de fonctions. Aujourd’hui on est combattant Islamiste, demains on est révolutionnaire de l’Azawad, le jour suivant on est simple commerçant etc….
Méditons un peu sur la farce à laquelle nous sommes l’objet. Un jour des acteurs se livrent la guerre tribale dont nous sommes soldats simplement pour faire passer une cargaison de drogue. Ces mêmes acteurs se montrent le jour suivant bras dessus, bras dessous comme si rien n’était, jouant ainsi avec des tribus comme on le fait avec des marionnettes.
Méditons un peu, une « armée républicaine » qui se livre au massacre de ses propres concitoyens innocents ou au mieux pour se dérober des radars fomente ce massacre par milices interposées financée et armées.
Tout ceci se passe et nous ne sommes que des pions sans avis, sans vision et surtout sans perspective. Nos mères et sœurs sont dans les camps de réfugiés. Nos frères sont les chairs à canon pour mafia, ou au mieux milices de l’armée pour faire le sale boulot. Nos adolescents sont ravagés par la méthamphétamine commercialisée par des acteurs sans foi ni loi. Nos enfants sont sans scolarité. Nos terres sans sécurité ni développement. Et pendant ce temps-là chacun de nous regarde son pauvre frère et voisin avec méfiance et parfois se bombe le torse en disant Je suis MNLA ; Je suis CMA, je suis MAA, je suis GATIA etc etc…..Quels idiots nous sommes……
Tamoudre