Nombreux sont des villages dans le cercle de Bankass, surtout dans les communes de Ouenkoro, Baye, Diallassagou, Koulogo, Tori …qui ont signé des accords de « non-agression » ou de « soumission » aux djihadistes pour survivre. Ces villageois qui ont pratiquement tout perdu et qui ne souhaitent que de vivre sont contraints d’accepter les dictats des djihadistes, car l’État est quasiment absent. Dans leur accord nous informe une source locale, les djihadistes imposent aux populations des dictats suivants : combattre la présence des signes de l’État (aucun représentant de l’État ne doit être accepté) ; la fermeture des écoles ; les femmes seront voilées ; les chasseurs déposeront les armes…
Ces djihadistes basés, selon nos sources, dans des forêts des communes de Baye, Sokoura et Ouenkoro reçoivent, en longueur de journée des villageois qui, en l’absence de l’État, n’ont d’autres choix que d’accepter leurs dictats pour pouvoir survivre. Dans ces villages, ce sont les djihadistes qui les maîtres des lieux. Tout le monde est obligé de se soumettre à eux. Et dans le cercle de Bankass, seules les communes de Bankass, Kani Bonzon, Dimbal et Segué (actuellement menacée) sont, pour le moment, à l’abri de ces pratiques. Mais là aussi, les menaces sont réelles et graves.
La résistance de Segué
Segué, chef-lieu de la commune rurale de Ségué, est situé sur le plateau, à 45 kilomètres de la ville de Bankass. Village déjà très peuplé, il a accueilli, avec cette crise sécuritaire, plusieurs déplacés des communes de Ouenkoro, Sokoura, Tory, Baye. Le plan des djihadistes d’occuper toute la localité de Bankass avec leurs accords de « soumission » imposés aux populations, n’a pas marché à Ségué. La population a dit niet à toute signature d’accord sans le gouvernement et les chasseurs. C’est en tout cas ce que nous a rapportés un habitant de la localité. « Ségué a refusé d’aller signer l’accord avec les djihadistes. Les villageois ont, au cours d’une réunion tenue ce samedi matin, écarté cette option. Ils ont décidé de ne signer aucun accord avec les djihadistes », nous informe un habitant de Ségué. Mais selon ce dernier, ce refus a valu aux populations de Segué de menaces permanentes d’attaques terroristes.
En effet, la semaine dernière, les djihadistes ont attaqué le village de Don situé à moins d’une dizaine de kilomètres de Ségué. Depuis cette attaque, la menace plane sur Segué. Les forces du mal, selon notre interlocuteur, se regroupent, depuis le vendredi dernier à une trentaine de kilomètres pour diriger une attaque contre Segué. « Le village de Segué est sous menace d’attaque, car il a refusé de signer l’accord d’allégeance avec les terroristes qui, quelques jours durant, se regroupent à quelques kilomètres du village. Il faut donc vite prévenir », alerte un habitant du village de Segué.
Eh oui, il faut, à tout moyen, empêcher l’attaque de ce village. En plus de la nécessité de repousser les djihadistes basés dans la localité, il faut forcément sécuriser le village, car Ségué a une spécificité : en plus d’être un village peuplé, il est composé majoritairement de chrétiens alors que c’est la charia que les djihadistes imposent aux citoyens. Donc, les autorités doivent multiplier les actions afin que ces paisibles populations puissent être sauvées et continuer leurs activités quotidiennes.
Les FAMa alertées
Les autorités maliennes ont-elles été alertées de cette menace ? Oui, nous informe un habitant du village de Ségué qui a bien voulu garder l’anonymat. « Les FAMa ont été alertées à Bankass, Bandiagara et Koro », nous apprend notre source qui ajoute qu’elles n’étaient pas arrivées sur le lieu au moment où nous mettions cette information sous presse. Mais joint par nos soins, un officier supérieur présent dans la région de Mopti a rassuré que des initiatives militaires sont en cours pour protéger les populations et leurs biens.
Boureima Guindo